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Campagne 2022

« Des résultats historiquement bas » pour la production de maïs semences


TNC le 24/10/2022 à 09:32
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La FNPSMS dresse le bilan de la récolte 2022 de maïs semences. (©Kabat Frédéric/Twitter)

Entre le manque d'eau dès la levée et les vagues de chaleur qui ont impacté les fécondations notamment, la production de maïs semences n'a pas été épargnée cette année. La Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho (FNPSMS) alerte sur le besoin accru de production pour la prochaine campagne.

« Ce n’est pas la récolte du siècle », pour François Arnoux, producteur dans le sud de la Vendée. « Une année à oublier » même pour Frédéric Kabac, dans les Bouches-du-Rhône. Installé dans le Maine-et-Loire, Denis Laizé témoigne également d’une année très compliquée pour le maïs semences « entre le manque d’eau dès la levée et les vagues de chaleur qui ont impacté la fécondation… » Pour sa première année en agriculture biologique, l’agriculteur est à « 50 % de l’objectif de rendement attendu ». 

« Entre 70 et 75 % des objectifs »

Et les différents bassins de production de maïs semences sont concernés. Si la sole française est restée quasiment stable en 2022 (84 570 ha de semences de maïs hybrides semées et 3 520 ha de semences de bases), « le résultat devrait se situer entre 70 et 75 % des objectifs de production initiaux », a indiqué Pierre Pagès, président de la FNPSMS, lors du bilan de campagne maïs 2022, organisé par l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) le 6 octobre dernier.  « Ce chiffre est un résultat inédit en France. […] Il pourrait s’agir du plus faible résultat technique historique du réseau français (en % d’atteinte technique des objectifs de production). 

En cause les conditions climatiques de la campagne… : « les semis se sont déroulés dans des conditions globalement bonnes bien que sèches, de telle sorte que des irrigations précoces ont été ponctuellement nécessaires pour permettre les semis et les levées, explique la FNPSMS. En début de cycle, des épisodes de grêle survenus courant juin ont aussi entraîné la destruction de près de 1 500 ha, notamment dans le Sud-Ouest. Enfin les pics de chaleur successifs de fin juin à fin août ont fortement impacté les développements des organes reproducteurs et les fécondations. En effet, en production de semences de maïs, un pic de chaleur à plus de 35 °C pendant 2 jours consécutifs dans la période dite de méiose (qui précède la fécondation) ou en période de floraison entraîne des effets délétères sur les organes reproducteurs. Cela peut altérer la viabilité du pollen et générer des avortements des grains ».

« Or dans le courant du mois de juillet, certaines zones de production ont enregistré jusqu’à 24 jours à plus de 35 °C avec des pics à plus de 40 ° C. Le pic de chaleur du 10 au 18 juillet est notamment intervenu en pleine période de floraison dans la plupart des zones de production. Ajouté à cela : la sécheresse et les restrictions d’eau (survenus dès la seconde quinzaine de mai dans certains secteurs) voire les interdictions totales dans certains cas à partir de fin août. Les irrigations n’ont pas toujours pu soutenir les ETP allant jusqu’à 10 mm/jour, pénalisant ainsi le développement des maïs et le remplissage des épis. »

« Un besoin accru de production pour la prochaine campagne »

70 à 75 % des objectifs de production atteints en 2022 : autrement dit, « il va manquer 25 % de la production française cette année », précise Pierre Pagès. Et les stocks sont très bas, « estimés à environ 20 % d’avance ». « La situation est similaire, voire « plus dégradée » dans d’autres pays de l’Union européenne, notamment en Hongrie et en Roumanie ». Il va falloir « utiliser le stock pour approvisionner le marché. On arrivera à assurer les semis 2023, soutient Pierre Pagès, mais avec des tensions et des ruptures pour certaines variétés ou certains segments ». La FNPSMS souligne « la forte mobilisation de tous les opérateurs semenciers pour proposer des alternatives ».

Cette situation entraîne donc « un besoin accru de production pour la prochaine campagne ». Face à cet enjeu, le président de la FNPSMS a rappelé « l’importance de l’irrigation » et a aussi insisté sur la « forte hausse des coûts de production en maïs semences ». « On avait déjà des problèmes en matière de rémunération… Entre le coût de l’azote et celui de l’énergie, cette année difficile met l’accent sur la nécessité de répercuter la hausse des charges sur toute la filière. C’est indispensable pour limiter les abandons de production au profit d’autres cultures, pour sécuriser le réseau de producteurs dans le temps et pour assurer la production l’an prochain. »

« Comment préserver le réseau de multiplicateurs pour assurer la souveraineté de l’Union européenne ? » Le sujet sera notamment abordé lors du congrès du maïs, organisé les 23 et 24 novembre prochains à Pau (Pyrénées-Atlantique).