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Marché du maïs

Les prix du maïs risquent de se tasser, explique l’AGPM


TNC le 06/10/2022 à 17:28
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L'AGPM s'inquiète de la baisse probable des prix du maïs et du niveau élevé des charges de production dans les mois à venir (©Pixabay)

Particulièrement élevés et volatils, les cours du maïs devraient s'orienter à la baisse dans les mois qui viennent, d’après l’Association générale des producteurs de maïs. En cause : le manque de compétitivité des maïs français, la baisse de la consommation des ménages et les difficultés rencontrées par les industries de première transformation. Les coûts de production sont de leur côté toujours à la hausse, ce qui fait craindre un effet ciseau pour les agriculteurs.

Il faut s’attendre à un tassement des prix du maïs dans les mois qui viennent. C’est ce qu’a expliqué Arthur Boy, chargé de mission du service économique et syndical de l’AGPM, lors du point presse annuel que l’association spécialisée a organisé le 5 octobre.

« Sur les marchés à terme Euronext comme sur les marchés physiques, on reste sur des prix historiquement élevés », rappelle-t-il, évoquant une dynamique de hausse initiée fin 2020 avec l’arrivée de la Chine aux achats, prolongée en 2021 avec la reprise post-Covid et aiguisée au printemps 2022 avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Évolution des cours du maïs depuis fin 2019. (©TNC)

Et dans un marché mondial très concentré – quatre pays font l’essentiel des exportations et quatre zones géographiques importent l’essentiel du maïs mondial, « toute défaillance d’un exportateur a des répercussions » et déstabilise le marché. La guerre en Ukraine et la sécheresse aux USA, notamment, provoquent une forte volatilité des prix.

Hauts et volatils, les prix du maïs devraient néanmoins se trouver bientôt sous pression, selon l’AGPM. Le contexte économique risque de provoquer un repli de la demande en céréales et notamment en maïs : l’inflation affecte la demande des ménages et les dépenses alimentaires risquent de figurer en première ligne.

Les industries de première transformation (amidonnerie, semoulerie, éthanol) subissent de leur côté de plein fouet la hausse des prix de l’énergie : « les factures sont élevées, certains pourraient réduire voire arrêter la production », alerte Arthur Boy.

Autre élément baissier : la demande en céréales du secteur de l’alimentation animale est attendue en baisse à cause de l’influenza aviaire et des difficultés économiques rencontrées par la plupart des filières d’élevage, qui mènent à une décapitalisation.

Le maïs français est par ailleurs peu compétitif en alimentation animale sur le marché intérieur, par rapport à l’orge ou au blé. Ce manque de compétitivité s’observe aussi à l’export : d’ordinaire exporté à plus de 98 % vers l’Europe géographique (UE-27, Suisse, Royaume-Uni), le maïs grain français ne fait actuellement pas le poids face à la concurrence de l’Ukraine et du Brésil.

Une hausse de 20 % des coûts de production en 2022

Une baisse des cours se profile donc, et avec elle des inquiétudes sur les coûts de production. Ceux-ci ont grimpé en 2022 par rapport à 2021 : en maïs irrigué comme en non irrigué, l’AGPM estime à 20 % la hausse des coûts de production complets (prenant en compte la rémunération de tous les facteurs de production et permettant aux agriculteurs de se rémunérer et de réinvestir dans l’exploitation) par rapport à 2021, et à 25 % par rapport à 2020.

Cette hausse s’explique par le renchérissement des charges opérationnelles liées à l’énergie : « gazole non routier, électricité pour les irrigants, engrais, carburant… les exploitants prennent la hausse de plein fouet », souligne Arthur Boy. Notons que les coûts de séchage, bien qu’en augmentation à cause des prix du gaz, devraient être limités par des récoltes à faible taux d’humidité.

« Cela peut changer en fonction de la demande chinoise et de la pérennité du corridor d’export ukrainien, mais nous estimons à 270 €/t le prix moyen de vente du maïs pour la campagne », ajoute le spécialiste.

À ce prix, quelles perspectives en matière de rémunération ? « En maïs irrigué, les gens avec de très bons rendements, 14 ou 15 t/ha, devraient la plupart du temps se rémunérer correctement et réinvestir. À 9 t/ha, ils ne couvriront que les charges de trésorerie ».

Quant aux maïs non irrigués, « le prix de vente devrait permettre de couvrir les coûts complets quand les rendements sont bons, à 8,5 t/ha. Mais ça ne sera pas le cas quand le rendement a fortement décroché, ce qui a été fréquent cette campagne ».

Vu les marchés de l’énergie, les coûts pourraient se maintenir à haut niveau, « voire encore augmenter », note Arthur Boy. Une situation qui, associée au tassement des prix de vente, fait craindre à l’AGPM « un risque assez net d’effet ciseau » sur la prochaine campagne.