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Témoignage et avis d'experts

21,1 % des agriculteurs sèment de l’orge de printemps à l’automne


TNC le 10/11/2020 à 18:03
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Un récent sondage publié sur Terre-net montre que 21,1 % des agriculteurs sèment de l'orge de printemps à l'automne. Si cette pratique s'envisage sous quelques conditions, elle présente aussi plusieurs atouts. Agriculteur dans l'Aube, Eddy Bollaert la teste depuis une dizaine d'années avec le changement climatique et l'arrivée de variétés plus tolérantes aux maladies. Retrouvez son témoignage et les conseils d'experts sur le sujet.

Selon Arvalis, cette pratique doit essentiellement être développée dans les milieux pédoclimatiques pouvant en tirer profit : sols superficiels ou parcelles non irriguées et où le risque de gel hivernal est limité ». (©Eddy Bollaert)

Comme le rappelle Arvalis-Institut du végétal, semer une orge de printemps à l’automne semble présenter plusieurs atouts :

  • « Atteindre la maturité plus précocement et éviter les sécheresses et échaudage de fin de cycle »
  • « Exprimer pleinement la capacité de tallage et profiter du cycle entier (sans « coup de chaud ») pour atteindre ainsi un meilleur rendement (+ 15-20 %) et une qualité maximale ».

Agriculteur à Charmoy dans l’Aube, Eddy Bollart fait notamment partie des 21,1 % d’agriculteurs semant de l’orge de printemps à l’automne, selon un sondage publié sur Terre-net entre le 3 et le 10 novembre 2020.

Et il observe ces bénéfices depuis une dizaine d’années. Pour la campagne 2019/2020 par exemple, « le rendement moyen pour les orges de printemps semées à l’automne était de 85 q/ha, contre 73 q/ha pour celles semées au 9/02 et autour de 50-60 q/ha pour celles semées en mars ».

Quelques infos sur l’exploitation d’Eddy Bollaert :
– SAU : 275 ha
– Assolement 2020-2021 : 130 ha de blé tendre, 22 ha d’orge d’hiver, 13 ha d’orge de printemps semés à l’automne, 45 ha de betteraves sucrières, 15 ha de tournesol, 35 ha de luzerne, 5 ha de légumineuses pour les couverts (féveroles, fénugrec, vesce) et 10 ha d’œillette pharmaceutique.

« Une pratique à réserver aux situations les plus adaptées »

Attention toutefois : « Implanter de l’orge de printemps à l’automne n’est pas sans risque. C’est une pratique à réserver aux situations les plus adaptées et à ne pas généraliser, ne serait-ce que pour ne pas déstabiliser l’équilibre entre les marchés 6 rangs hiver brassicoles et 2 rangs printemps brassicoles et éviter un effet de ciseau sur les prix », avertit Arvalis. « Elle doit être essentiellement développée dans les milieux pédoclimatiques pouvant en tirer profit : sols superficiels ou parcelles non irriguées (les limons battants hydromorphes sont à éviter) et où le risque de gel hivernal est limité ».

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Selon Agriconomie, « les régions adaptées sont principalement les régions Centre, Bourgogne, Ile-de-France et Sud-Picardie ». Dans le secteur d’Eddy Bollaert, cette pratique se développe notamment avec le changement climatique : « auparavant, le risque de gel était présent une année sur deux, désormais on est plutôt à une année sur cinq », explique l’agriculteur.

Attention à l’implantation

Eddy Bollaert a semé ses orges en début de semaine précédente sous un couvert biomax : « j’ai effectué un passage de glyphosate surtout pour détruire les repousses de blé et le couvert continuera de se dégrader avec le froid », précise l’agriculteur. Il note alors l’importance de la date de semis : « pas trop tôt pour éviter le risque de gel d’épis, mais pas trop tard non plus, pour que la culture soit suffisamment avancée pour bien passer l’hiver et bénéficier des avantages d’un semis d’automne ». D’après Agriconomie, « la réussite de cette technique réside également beaucoup sur la qualité de l’implantation du grain. Il est absolument nécessaire d’effectuer ces semis sur un sol finement préparé et bien ressuyé. En fonction des conditions de semis, la densité peut être à adapter. Le cycle végétatif en semis d’hiver étant plus long qu’en semis de printemps, en cas de très bonnes conditions de semis, la densité pourra être réduite à 300 gr/m². En condition moyenne ou mauvaise, il sera intéressant de semer plus densément (400 gr/m² en bonnes terres de plaines et vallées et 450 gr/m² sur des sols argilo-calcaires plus ou moins caillouteux) afin de passer l’hiver sereinement ».

Des variétés plus tolérantes aux maladies

Attention aussi à choisir une parcelle non inféodée par la mosaïque et propre en graminées adventices. En effet, « peu de solutions sont disponibles à l’automne et il y a un risque de résistance pour les produits de sortie d’hiver », ajoutent les experts Arvalis. Eddy Bollaert évite, lui, de passer à l’automne « pour ne pas stresser l’orge » et préfère le faire au printemps « en fonction de la flore présente ». La vigilance est aussi de mise face aux pucerons, si le début d’hiver est doux.

Concernant les maladies, l’agriculteur a adapté son itinéraire technique au fil des années et remarque que « les variétés sont plus tolérantes désormais ». Il utilise notamment RGT Planet et KWS Fantex. L’institut technique prévient toutefois : « les orges de printemps sont nettement plus exposées aux risques maladies en sortie d’hiver qu’en semis de printemps. La rynchosporiose peut apparaître très précocément (dès le stade épi 1 cm). Il convient donc d’être très vigilant en sortie d’hiver ».

Côté fertilisation, il est recommandé de gérer comme pour une orge d’hiver : « méthode du bilan azoté, fractionnement en deux apports à partir de la sortie de l’hiver puis mise en œuvre de la méthode HNT Max, développée par Arvalis et Yara, pour piloter un éventuel apport supplémentaire afin de ne pas « louper » l’année favorable à la production tout en maintenant une teneur en protéines compatible avec le débouché brassicole. »