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Élevage et société

Bien-être animal : éviter les écueils de l’anthropomorphisme


TNC le 10/06/2021 à 10:01
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Plus qu’une question d’élevage, le bien-être animal est devenu un thème sociétal. Face à la pression de plus en plus forte des associations, il est important de ne pas confondre aspirations des consommateurs, et besoins réels des animaux.

D’après Le bien-être des animaux d’élevage, un ouvrage de l’Inrae, près de 90 % des français estiment que les animaux d’élevage devraient être mieux protégés, preuve en est que les attentes des consommateurs sont grandes en terme de bien-être animal. 68 % d’entre eux se disent d’ailleurs prêts à payer plus pour le bien-être animal. Cependant, entre attentes du grand public et besoins physiologiques des animaux, il y a parfois un monde.

L’animal de compagnie est la nouvelle référence pour le grand public

L’animal de compagnie constitue aujourd’hui la principale référence du grand public. Des livres pour enfants aux dessins animés, le rapport homme – animal est bien souvent idéalisée, lorsqu’il n’est pas complètement anthropomorphisé. La modification de notre rapport à l’animal semble être le fruit d’un profond changement de l’organisation de la société française. Au début du XXème siècle, près de 60 % de la population vivait dans un monde rural, où la relation à l’animal était avant tout utilitariste et pragmatique : si l’homme s’occupe des animaux, c’est pour en tirer une contrepartie. À l’heure où 85 % de la population française est urbaine, l’animal est de moins en moins perçu comme un moyen mais comme une fin en soi, alors que les contacts avec les animaux d’élevage se font de plus en plus rares.

Comprendre les besoins des animaux pour mieux y répondre

Outre les aspirations des consommateurs, la reconnaissance de la sensibilité animale par la communauté scientifique pousse plus que jamais les éleveurs à prendre en compte le bien-être animal. L’enjeu est alors de répondre aux besoins véritables des animaux, sans tomber dans les écueils de l’anthropomorphisme. Respecter le bien-être animal, ça n’est pas transposer à l’animal ce qui nous semble agréable, mais prendre en compte ses spécificités physiologiques ou sensorielles pour lui proposer un environnement adéquat. S’étonner de voir des vaches paître l’hiver, c’est oublier que la vache est un ruminant qui s’accommode bien des températures basses.

Les bovins disposent par exemple d’un spectre auditif deux fois plus important que celui de l’homme. Ils ont également une perception visuelle différente de la nôtre, la position latérale des yeux leur conférant une vision à 330°, qui leur permet de voir ce qui se passe autour d’eux sans avoir à tourner la tête. Il est donc important de connaître l’univers sensoriel de chaque espèce pour comprendre la manière dont l’animal interprète son environnement.

Pour évaluer le bien-être animal, il faut prendre en compte les besoins des animaux et vérifier si les infrastructures permettent d’exprimer les comportements propres à l’espèce.