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Haut conseil de la coopération agricole

Quels leviers pour une meilleure gouvernance coopérative demain ?


TNC le 06/07/2021 à 11:24
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Si le modèle coopératif possède de nombreuses qualités, la question de la gouvernance est devenue, ces dernières années, un point d’achoppement entre les agriculteurs-coopérateurs et leur conseil d’administration. Pour autant, le fonctionnement coopératif reste d’actualité, mais un travail est à mener pour entretenir le lien et redonner à la pertinence du modèle une lisibilité face aux enjeux actuels.

Dans le cadre de ses missions renforcées par la loi Égalim, le Haut Conseil à la coopération agricole (HCCA) a rédigé un guide de gouvernance destiné à favoriser les bonnes pratiques au sein des coopératives. Car si le modèle fait l’objet de critiques, les trois quarts des agriculteurs restent aujourd’hui adhérents d’une coopérative agricole. L’un des premiers enjeux, aujourd’hui, apparaît donc de renforcer le lien entre les coops et leurs adhérents.

Maintenir la proximité

« Je ne pense pas que le processus se délite, mais notre rôle doit être d’adapter notre coopérative aux conditions sociales et économiques de notre époque. L’organisation et la gouvernance vont donc évoluer par rapport aux nouvelles attentes et demandes », explique ainsi Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, qui intervenait lors d’un débat organisé le 30 juin par le HCCA.

Si la taille des coopératives agricoles est parfois critiquée, il ne faut pas oublier que les structures ont grossi « pour répondre aux enjeux de marché », rappelle Gilles Bars, membre du comité directeur du HCCA. Néanmoins, la taille rajoute de la complexité. « Les coopératives existent pour répondre aux besoins des coopérateurs, il faut donc connaître ces besoins, ce qui passe par le maintien de la proximité », estime de son côté Evelyne Guilhem, présidente d’une Cuma dans l’Aude. Pour elle, il est indispensable de créer des lieux d’échange pour recueillir les besoins des associés coopérateurs et maintenir l’animation territoriale.

« Il faut créer des sections territoriales, pour prendre en compte les spécificités, mais aussi aller dans les territoires pour porter l’information, dire quel marché est là, prégnant pour la coopérative », ajoute Gilles Bars. « La section territoriale, c’est l’endroit où on est en contact direct avec l’adhérent, on y parle des spécificités de l’agriculteur, du quotidien », ajoute-t-il.

Nouveaux services

Cependant, les nouvelles générations attendent aujourd’hui autre chose de leur coopérative, conviennent les participants. « Le second enjeu, c’est celui des services proposés à nos adhérents. Le niveau de formation des agriculteurs est de plus en plus élevé, les exigences sont donc de plus en plus importantes en matière de compétence », explique Evelyne Guilhem. Pour elle, la formation est un véritable atout pour améliorer la relation avec les associés coopérateurs, et notamment les nouveaux adhérents qui n’ont pas nécessairement la connaissance du fonctionnement d’une coopérative agricole et de sa gouvernance.

« Il faut ré-intéresser le jeune à cette logique, affirme Dominique Chargé : nous sommes dans un dispositif collégial, participatif, ce n’est pas la volonté d’un seul homme. » La coopérative reste le prolongement de l’exploitation, « on y investit, on est maître de la destinée de notre production », rappelle-t-il.

Vers un « destin collectif de territoire »

Le rôle de la coopérative agricole consiste, ensuite, à « accompagner les agriculteurs dans une production plus en phase, en quantité et qualité, avec les nouvelles attentes des marchés », ajoute Dominique Chargé. Néanmoins, si l’individualisation des projets est caractéristique des attentes actuelles, il ne faut pas oublier que la coopération établit également une « solidarité entre plusieurs productions dans un territoire, ce qui permet de passer les moments difficiles, mais aussi une solidarité transgénérationnelle : la coopérative est un outil collectif qui doit continuer à assurer l’activité agricole et économique de son territoire », rappelle Dominique Chargé. Pour aller plus loin dans cet objectif, le président de la Coopération agricole suggère de s’investir davantage dans l’activité locale, par exemple « en mettant à disposition nos locaux pour d’autres associations », afin d’être «  beaucoup plus acteurs d’un destin collectif de territoire ».