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Industries alimentaires

Pour l’Ania, pas de relance sans loyauté dans les relations commerciales


TNC le 29/09/2020 à 15:47
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Si la crise actuelle impacte globalement moins les entreprises de l’agroalimentaire que les autres secteurs économiques, l’Ania alerte sur l’importance de relations commerciales loyales pour que le plan de relance soit un réel levier pour développer la souveraineté alimentaire et répondre aux attentes des consommateurs français.

Lancé au début de la crise sanitaire, l’appel d’Emmanuel Macron à « reprendre le contrôle » sur notre alimentation a été entendu par l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) : « nous allons y répondre », a ainsi réaffirmé Richard Girardot, son président, lors d’une conférence de presse le 29 septembre.

Les entreprises de l’agroalimentaire, qui « ont tenu » et « ont délivré » pendant le confinement, sont globalement moins en difficulté que d’autres secteurs économiques, en dehors des fournisseurs des restaurateurs et bars. « On retrouve une position de croissance face au non alimentaire qui est en chute libre », explique Richard Girardot. Néanmoins, l’apport du plan de relance, annoncé début septembre, sera essentiel pour maintenir une dynamique.

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Compétitivité et loyauté des relations commerciales

Et pour l’Ania, deux conditions sont nécessaires pour une mise en œuvre pleine et entière de ce plan. D’une part, la compétitivité, qui regroupe plusieurs éléments : les investissements productifs (qui reculent entre 3 et 5 % cette année, contre 11 % dans l’industrie en général), l’innovation, la digitalisation (avec, en particulier, l’outil NumAlim qui permettra d’assurer la traçabilité, l’information et la transparence), le développement durable, et les ressources humaines.

D’autre part, « il n’y aura pas de relance s’il n’y a pas une loyauté dans les relations commerciales », rappelle le président de l’Ania, qui met en avant la « chute pharamineuse » des marges du secteur depuis la mise en œuvre de la guerre des prix en 2013 par les enseignes de la grande distribution. Ainsi, les industries agroalimentaires ont perdu 8 points de marge en 10 ans, et 7 milliards d’euros de valeur ont été détruits en sept ans. « Les industriels n’étaient pas prêts à assumer cette chute brutale », déplore Richard Girardot, qui relève que la courbe est moins rude depuis la mise en place de la loi Egalim. « Peut-être est-ce l’effet des 800 M€ du seuil de revente à perte qui n’ont pas ruisselé », suggère-t-il.  

Si les relations commerciales sont, aujourd’hui encore, difficiles, « je ne pense pas que ce soit une guerre des prix, poursuit Richard Girardot. C’est tout simplement une guerre de parts de marché violente entre les enseignes, dont les industriels font les frais. Celui qui sort vainqueur de la loi Egalim, c’est clairement Leclerc ».

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Répondre aux attentes des consommateurs

Permettre aux industriels de retrouver des marges est d’autant plus important que les consommateurs expriment des attentes de plus en plus fortes vis-à-vis de leur alimentation, sans pour autant être prêts à augmenter démesurément leur budget consacré à l’alimentaire. Ainsi, pour 95 % des Français, le prix des produits est une dimension importante, et même essentielle pour 54 %, explique Jean-Daniel Lévy, directeur département politique et opinion chez Harris Interactive.

L’institut de sondage a réalisé une enquête juste avant et après le confinement sur les attentes des consommateurs français en matière d’alimentation, confirmant notamment l’évolution des pratiques vers des achats plus responsables. L’impact des ingrédients sur la santé reste le premier sujet de préoccupation (43 % des répondants), avant la rémunération des agriculteurs (25 %). La caractéristique « absence de pesticides » est le premier critère de choix (47 %), avant l’origine française des produits (42 %).

À noter que 87 % des Français ont un niveau de préoccupation élevé vis-à-vis des conditions de vie des agriculteurs. Pour 87 % de nos concitoyens, les agriculteurs « sont mobilisés pour moderniser les filières de production », ils sont « de plus en plus engagés envers les consommateurs » pour 86 %, et « investis en faveur de la transition agroécologique de leur production » pour 81 %.