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De la cantine au restaurant

L’origine des viandes obligatoire en France à partir de mars


AFP le 27/01/2022 à 10:12

La mention de l'origine de toutes les viandes servies en France hors domicile, de la cantine scolaire aux restaurants, devient obligatoire à compter du 1er mars, selon un décret paru jeudi au Journal officiel.

Annoncé depuis de longs mois par le gouvernement et souhaité par les filières, cet étiquetage s’imposera désormais à la viande de volaille, d’ovin, de porc et non plus au seul bœuf.

Actuellement, et depuis 2002, seule l’origine de la viande bovine doit être mentionnée dans la restauration, héritage de la crise de la vache folle notamment. L’étiquetage devra mentionner le pays d’origine et celui d’élevage. Il s’applique aux viandes achetées crues par les restaurateurs et non aux viandes achetées déjà préparées ou cuisinées.

Cette obligation concerne toute la restauration hors domicile, c’est-à-dire les cantines scolaires, des entreprises ou hôpitaux, comme les restaurants commerciaux.

Le ministre avait indiqué en septembre qu’il laisserait quelques semaines aux professionnels pour s’adapter à cette nouvelle réglementation, ce qui explique une entrée en vigueur au mois de mars.

Julien Denormandie affirmait répondre à une demande légitime des citoyens pour une meilleure traçabilité de la viande et à « une prise de conscience que la nutrition a un impact très fort sur la santé ».

Militant pour la souveraineté alimentaire du pays, le ministre a récemment réaffirmé sa conviction que cette obligation d’étiquetage allait affecter le comportement des consommateurs.

En visite à l’Ecole nationale supérieure des métiers de la viande, à Paris, les ministres Julien Denormandie (Agriculture et alimentation) et Jean-Baptiste Lemoyne (tourisme et PME) se sont félicités d’une avancée majeure pour la traçabilité, demande légitime des citoyens, de nature à sensibiliser davantage à la qualité de la nutrition et à renforcer les circuits courts.

« Un poulet brésilien ou ukrainien n’a rien à voir avec un poulet français, ce qui est valable pour toutes les viandes d’élevage », a déclaré Julien Denormandie, rappelant qu’actuellement, « plus de 50 % de la viande dans les cantines est de la volaille importée ».

Prochaine étape, les nuggets ?

« Nous sommes pionniers », a renchéri M. Lemoyne, espérant « ouvrir la voie pour que demain l’Europe soit à l’unisson avec la France ».

L’obligation n’est pour le moment applicable que jusqu’au 29 février 2024, pendant une phase d’expérimentation négociée avec la Commission européenne.

Cette dernière travaille sur une révision de la réglementation au niveau européen, qui n’impose pas systématiquement la mention de l’origine des denrées alimentaires, a-t-on précisé au ministère.

Les filières se réjouissent d’une décision qui va permettre de « mettre en avant la viande française et de lutter contre les importations », affirme Anne Richard, à un moment où la filière du porc traverse une crise aiguë contraignant les éleveurs à vendre à perte du fait de la hausse des coûts de production depuis un an.

La volaille, qui a mieux résisté et a profité de la période des fêtes, fait aussi face à une très rude concurrence.

« En France, un poulet sur deux est importé et dans la restauration cela s’élève à 60 %, et pratiquement à 80 % en comptant les produits transformés », a rappelé Yann Nédélec.

Des arguments entendus par le ministre de l’agriculture, qui milite pour la souveraineté alimentaire du pays au sein d’une Europe qu’il veut voir adopter des mesures protectrices d’un certain standard de qualité contre des produits moins chers mais moins-disants du point de vue nutritionnel comme environnemental.

« Dans les pays d’Amérique du Sud, ils continuent à utiliser des antibiotiques de croissance, donc l’apport nutritionnel est différent et cela concerne directement le consommateur », a-t-il expliqué. Ce « combat pour la qualité » est à la fois « économique et gastronomique », souligne-t-il. Et ce n’est qu’une première étape, assure le gouvernement.

« Un prochain décret concernera les produits transformés, comme les nuggets », a promis Julien Denormandie, sans donner de date.

Et au-delà de la viande, a affirmé M. Lemoyne, la « dynamique va s’amplifier avec un décret similaire d’ici quelques mois qui concerne le brassage des bières ».