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Marchés agricoles

Les cours des produits agricoles ont repris, le mors aux dents


AFP le 13/04/2022 à 17:34
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« Le secteur de l'agriculture capture l'attention du monde entier », alors que les cours des céréales sont aiguillonnés par ceux du pétrole, selon Jason Roose, du courtier américain US Commodities. (©Pixabay)

Les cours des produits agricoles ont repris le mors aux dents cette semaine, particulièrement le blé et le maïs, proches de leurs plus hauts historiques, alors que le conflit en Ukraine s'enlise et que les stocks mondiaux de blé sont annoncés en baisse.

« On a des marchés qui sont revenus, tous produits, sur des niveaux proches des plus hauts connus. La situation en Ukraine ne s’améliore pas, et c’est d’autant plus important qu’on se rapproche de périodes cruciales pour les semis de printemps », alerte Gautier le Molgat, analyste d’Agritel.

Avant la guerre, l’Ukraine, jadis baptisée « le grenier à blé de l’Europe », exportait 12 % du blé, 15 % du maïs et 50 % de l’huile de tournesol au niveau mondial. « L’enlisement du conflit repousse désormais la capacité de l’Ukraine à revenir sur le marché, prorogeant le moment où les ports seront en capacité d’exporter », avertit Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux et associés.

La capacité d’exportation ukrainienne stagne autour de 10 %, uniquement par voie routière et ferrée, alors que les ports voisins de la mer Noire (Bulgarie, Roumanie) sont engorgés. « Il est clair qu’ils ont planté leur blé, mais vont-ils pouvoir le récolter et ensuite l’exporter, telle est la question » qui taraude les marchés et fait grimper les cours, affirme Jason Roose, du courtier américain US Commodities. Même les conditions de semis restent difficiles, selon Edward de Saint-Denis : « d’après ce que l’on constate avec nos clients là-bas, un gros problème vient du (manque de) fioul pour alimenter les machines et permettre les semis ».

Inflation

« Ce marché continue d’accumuler les primes de risque chaque jour : prime d’inflation, prime pour la guerre, prime pour le climat », résume Jason Roose. « Le secteur de l’agriculture capture l’attention du monde entier », ajoute-t-il alors que les cours des céréales sont aiguillonnés par ceux du pétrole. La hausse du brut entraîne notamment celle des oléagineux, utilisés dans la production de gasoil (colza, soja) ou d’éthanol (maïs) aux Etats-Unis.

Aux États-Unis, l’état des cultures de blé d’hiver reste médiocre et les semis de maïs démarrent lentement, selon un rapport du ministère de l’Agriculture (USDA). Le temps froid et humide dans le midwest, sec dans les grandes plaines du sud, « n’est pas idéal pour le début des plantations, pas ce que les producteurs aimeraient voir », ce qui soutenait encore les cours, a indiqué Jason Roose.

Le maïs, dont le cours à Chicago est au plus haut depuis plus de 10 ans, a aussi profité de méga-achats de Pékin, ces dernières semaines. « La Chine a été un très gros acheteur de maïs américain au cours des deux dernières semaines, car elle a besoin d’aliments pour animaux et l’Ukraine ne peut actuellement offrir aucun approvisionnement », a indiqué Jack Scoville de Price Futures Group. La Chine a commandé deux cargaisons d’un million de tonnes de maïs chacune. Mais Jason Roose d’US Commodities se demande si Pékin « va avoir le pouvoir d’achat d’en commander davantage avec des prix à ce niveau ».

La hausse des cours du soja, qui naviguent aussi à des plus hauts historiques, a été mise en sourdine quelques séances à cause « des inquiétudes concernant la demande chinoise en raison des confinements liés au Covid-19 Covid là-bas », a indiqué Jack Scoville. « La Chine n’a pas été mentionnée comme acheteur de soja dans les rapports de vente quotidiens de l’USDA au cours des deux dernières semaines », a ajouté l’analyste soulignant toutefois que l’offre disponible à l’exportation à partir d’Amérique du Sud restait limitée.

Dans le bassin méditerranéen la demande de blé restait forte « avec la sécheresse au Maghreb, en particulier au Maroc, où l’on parle de 50 % de baisse de la production attendue », souligne Edward de Saint-Denis.

« De manière générale les opérateurs sont très tendus, et l’industrie est contrainte de faire face à une inflation galopante des matières premières et de ses coûts de production », conclut le courtier de Plantureux et associés. Rare point positif : la grosse vague de froid en France n’a quasiment causé aucun dégât sur les céréales.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.