Accéder au contenu principal
Guerre en Ukraine

Les céréales ukrainiennes vont manquer à la Chine


TNC le 12/04/2022 à 09:30
fiches_AdobeStock_97929901

Sur la campagne de commercialisation 2020/21, l'Ukraine a exporté en Chine 12,3 Mt de céréales et 1,26 Mt d’huile. (©AdobeStock)

Le conflit russo-ukrainien va peser sur la Chine, qui est particulièrement dépendante des imports ukrainiens, notamment en céréales fourragères. L’Empire du soleil levant s'apprête à réorienter ses achats et à produire davantage.

L’Empire du milieu a de fait produit 134,3 Mt de blé en 2020/21 pour une consommation de 146 Mt, selon le Conseil international des céréales (CIC). Pour 2021/22, l’organisation estime la production chinoise à 137,1 Mt et la consommation à 142 Mt.

Stocks, importations, production et consommation de blé en Chine depuis 2012/13 (©CIC)

La Chine ne produit que 80 à 85 % des céréales qu’elle consomme

Même constat en riz et en maïs. La consommation de maïs dépasse la production depuis la campagne 2017/18, selon le CIC. Le différentiel s’est particulièrement creusé en 2020/21, avec une production estimée à 260,7 Mt et une consommation qui s’élèverait à 287,9 Mt.

Stocks, importations, production et consommation de maïs en Chine depuis 2012/13 (©CIC)

« En 2013, la consommation de viande atteignait 63 kg/an/habitant, soit un besoin de 210 Mt de céréales pour tout le pays, chiffre l’expert. En 2021, la consommation est passée à 70-71 kg/an/habitant, ce qui représente un besoin de 352 Mt de céréales ».

La Chine ne produit donc actuellement que 80 à 85 % des céréales qu’elle consomme, ce qui la rend plus dépendante aux importations qu’il y a quelques années.

L’Ukraine pèse lourd dans les céréales importées en Chine

Ses importations de grains ont bondi à 62 Mt en 2020/21, contre 25,6 Mt la campagne précédente. Pour 2021/22, le CIC s’attendait mi-mars à ce qu’elle en importe 49,2 Mt.

Et l’Ukraine est d’ordinaire un fournisseur majeur de la Chine : premier pourvoyeur d’huile de tournesol, 2 e de maïs et 3 e d’orge, elle y a expédié sur la dernière campagne 12,3 Mt de céréales et 1,26 Mt d’huile. Cela représente virtuellement « 5,3 millions d’hectares, soit 4,4 % de la surface arable chinoise ».

La Chine « a importé 6,8 Mt d’orges toutes qualités confondues entre juillet et décembre 2021, dont 2,6 Mt d’Ukraine, détaille Li Zhao Yu. Le pays attendait encore 150 000 tonnes d’orges ukrainiennes d’ici à juin 2022.

Côté maïs, les importations chinoises atteignaient 13 Mt sur le premier semestre 2021/22, dont 11 Mt depuis les USA et 1,9 Mt depuis l’Ukraine, qui aurait dû en expédier encore 6 Mt sur le second semestre.

La Chine se tourne vers d’autres origines et incite à la production

Mais la guerre rebat les cartes et pose « un gros point d’interrogation » sur les imports. Quelques bateaux chargés de maïs seraient partis d’Ukraine pour la Chine, « avec des efforts pour les dédouaner », mais sans aucune certitude pour l’instant sur les quantités.

Et à l’avenir, « qui suppléera l’Ukraine en matières feed ? », interroge l’expert. La Chine pourrait bien réorienter ses approvisionnements vers l’origine russe, scellant encore davantage les rapprochements qui s’opèrent depuis quelques mois entre les deux pays en matière d’échanges agricoles.

Autre fournisseur potentiel pour pallier l’absence des grains ukrainiens : les États-Unis. La Chine vient d’ailleurs de leur acheter 1,084 Mt de maïs, a déclaré le gouvernement américain le 4 avril. Il s’agit du plus gros contrat entre les deux pays depuis mai 2021 pour des grains.

L’État chinois a, de son côté, mis en place des politiques incitatives pour stimuler son potentiel de production. Le gouvernement vise rapidement l’autosuffisance en céréales pour l’alimentation humaine (blé et riz) et entend atteindre à long terme 80 % d’autonomie tous grains confondus.

Malgré ces ambitions, « la Chine restera toujours importatrice de céréales, notamment fourragères », présage Li Zhao Yu. La cause majeure de cette dépendance au marché international dans les années qui viennent ? « La hausse de l’urbanisation et l’élévation du niveau de vie limitent de plus en plus les surfaces arables et la quantité d’eau douce en Chine », alerte-t-il.