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Mal-être des agriculteurs

Le gouvernement dévoile son plan d’action face au suicide


TNC le 23/11/2021 à 15:22
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Le renforcement du système de sentinelles est prévu dans le plan d'action du gouvernement face au suicide. (©Pixabay)

Face à l’importance du mal-être en milieu agricole, les pouvoirs publics ont élaboré une « feuille de route » pour mieux accompagner les agriculteurs en difficulté. À partir des recommandations du député Damaisin, et de celles des parlementaires qui se sont saisis du sujet, ces mesures doivent permettre d’identifier plus rapidement les situations de détresse, de coordonner davantage les dispositifs d’accompagnement, et d'accentuer la prévention, avec des moyens financiers renforcés.

D’après les derniers chiffres de la MSA, on dénombrait, en 2016, 529 suicides parmi les assurés du régime agricole. Difficultés économiques, isolement, épuisement… Les facteurs qui expliquent cette surmortalité par suicide des agriculteurs sont connus, et les pouvoirs publics ont pris le sujet à bras le corps. Si cette question du mal-être en milieu agricole est longtemps restée taboue, les enjeux sont désormais mieux identifiés, mis en avant entre autres dans le film d’Edouard Bergeon, Au nom de la terre. Par ailleurs, les problématiques de santé mentale sont aussi revenues sur le devant de la scène ces derniers mois, en lien avec la crise sanitaire.

Le 23 novembre, les ministres de l’agriculture, de la santé, et le secrétaire d’État chargé des retraites et de la santé au travail ont ainsi présenté une feuille de route pour mieux accompagner les agriculteurs en difficulté, prenant en compte de nombreuses recommandations du rapport du député Olivier Damaisin, et de la commission des Affaires économiques du Sénat.

Des comités de pilotage départementaux

Si de nombreuses initiatives existent sur le terrain pour identifier et accompagner les agriculteurs en difficulté, le manque de lien et de coordination entre elles limitent leur efficacité. Le gouvernement prévoit donc la création de comités de pilotages dédiés à cette question dans chaque département d’ici la fin 2022. Ces comités rassembleront un panel d’acteurs (représentants monde agricole, de la santé, institutions financières, coopératives…), élargi à toutes les parties prenantes volontaires, autour d’un référent de l’État qui fera le lien.

Identifier, former et structurer des réseaux de sentinelles

Autre mesure prévue par la feuille de route, la généralisation et le renforcement du système de sentinelles. Les personnes en difficulté ne se manifestant pas toujours d’elles-mêmes, ou pas suffisamment tôt, l’idée est d’identifier dans tous les départements des réseaux de sentinelles, à savoir des personnes qui sont en contact au quotidien avec les agriculteurs, et peuvent alerter sur les difficultés. Le gouvernement souhaite structurer et former des réseaux de sentinelles, notamment à la détection des situations de détresse.

Accompagnement économique, lutte contre l’épuisement

Dans ce plan en trois axes – humaniser, aller vers, prévenir et accompagner – la dernière partie renvoie notamment aux dispositifs d’accompagnement en cas de difficultés économiques, et de lutte contre l’épuisement (aide au répit). Ces deux dispositifs existent déjà mais le gouvernement les renforce, d’une part en augmentant le budget qui leur est consacré (désormais 7 M€ par an pour l’accompagnement en cas de difficultés économiques, 5 M€ par an au lieu de 3,5 M€ pour l’aide au répit), et en élargissant les conditions d’accès jugées trop restrictives. Le crédit d’impôt remplacement, qui fait partie du dispositif de lutte contre l’épuisement, a de plus été prolongé jusqu’en 2024 dans le Projet de loi de finances pour 2022, et renforcé en cas de maladie ou d’accident du travail (le taux passe alors de 50 % à 60 %). Au total, 12 M€ supplémentaires, par an, seront déployés pour lutter contre la détresse dans le monde agricole, sur la période 2021-2025.