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Prévention du suicide en agriculture

Agri-sentinelles, le réseau pour faire des techniciens des « lanceurs d’alerte»


TNC le 04/11/2019 à 11:06
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Initié il y a environ un an, le réseau Agri-sentinelles se dote d’un site web dédié, pour recenser les formations et les outils existants pour repérer et accompagner les agriculteurs en situation de détresse psychologique. Pour Delphine Neumeister, co-animatrice du réseau, environ 10 000 techniciens travaillant auprès des agriculteurs pourraient devenir de véritables « lanceurs d’alerte » pour sortir ceux en situation de mal-être de l’isolement et les aider à s’en sortir.

Parce que, selon les dernières estimations de la MSA, un agriculteur se suicide chaque jour en France, Allice, l’union des entreprises d’insémination artificielle a initié, il y a un an, la création d’un réseau baptisé Agri-sentinelles. « Un jour, l’un des agents d’Allice a appris le suicide d’un éleveur chez qui il était intervenu la veille. De cette situation difficile à vivre a découlé le souhait de lutter collectivement contre le fléau du suicide et d’aider les personnes qui interviennent en élevage.

Un an plus tard, le réseau Agri-sentinelles fédère près d’une trentaine d’organisations partenaires, dont l’Institut de l’élevage, Coop de France, le ministère de l’agriculture, des syndicats et des interprofessions. Et se dote d’un site internet dédié : www.réseau-agri-sentinelles.fr. « Le site fait notamment l’inventaire des formations existantes au repérage des situations de détresse psychologique, mais aussi des dispositifs existants dans chaque département ».

Vous connaissez un agriculteur en situation de détresse psychologique ? Retrouvez les structures départementales à alerter sur le réseau Agri-sentinelles

L’objectif du site et « de mieux faire connaître les organisations et les dispositifs qui prennent en charge les agriculteurs en difficulté », à commencer par les DDT, les MSA et chambres d’agriculture de chaque département, ou encore le réseau Solidarités paysans.

« Ces outils fonctionnent mais ne sont pas toujours connus des agriculteurs », regrette Delphine Neumeister. Ni même des conseillers et techniciens qui interviennent auprès de ces derniers. « Nous souhaitons sensibiliser les personnes travaillant avec les agriculteurs à ces outils existants et permettre aux techniciens d’être mieux formés au repérage d’un risque suicidaire. Il y a un certain nombre de signes qui peuvent être détecter, encore faut-il être formé pour en prendre conscience, voir ces signaux et alerter les bons interlocuteurs. »

Autrement dit, le réseau Agri-sentinelles souhaite faire des techniciens des « lanceurs d’alerte ». « De nombreuses personnes peuvent être témoins de situations psychosociales qui se dégradent dans une exploitation. »

Delphine Neumeister estime à 10 000 le nombre de personnes potentielles qui pourraient devenir des « agri-sentinelles ». « Si nous arrivions à convaincre ne serait-ce que 10 % d’entre eux, ce serait déjà bien. »

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