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Suicide des agriculteurs

Les principales recommandations du député Olivier Damaisin


AFP le 01/12/2020 à 11:04
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Le député (LREM) du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, recommande de mieux coordonner localement l'accompagnement des agriculteurs en souffrance et de former davantage de citoyens « sentinelles » pour les orienter précocement vers des dispositifs de soutien, dans un rapport sur la prévention des suicides dans le monde agricole remis mardi au gouvernement.

En 2015, la MSA a dénombré 372 suicides d’exploitants agricoles, soit plus d’un par jour. (©TNC)

Si le phénomène a longtemps été globalement « mis sous cloche », a estimé l’élu auprès de l’AFP, nombre d’initiatives existent. Le problème, « c’est la coordination entre tout ça ». Voici ses principales recommandations.

Lire aussi : Mal-être des agriculteurs − Un député remet mardi un rapport sur la prévention des suicides d’agriculteurs

Communiquer à destination des personnes en souffrance

Olivier Damaisin suggère de diffuser plus largement « une information générale et non stigmatisante sur le mal-être des agriculteurs pour qu’il ne soit pas un sujet tabou » et de mieux faire connaître les plateformes d’écoute, comme Agri’écoute, financée par la sécurité sociale agricole (MSA) et accessible 24h/24 au 09.69.39.29.19.

Il plaide aussi pour une publication annuelle du taux de mortalité  des agriculteurs par suicide et d’une « analyse fine de la typologie des agriculteurs concernés et des causes ». Il n’est « pas normal », a-t-il déclaré à l’AFP, que les chiffres les plus récents datent de 2015. La MSA a dénombré cette année-là 372 suicides d’exploitants agricoles, soit plus d’un par jour.

Mobiliser et former des « sentinelles »

Sur le même sujet : Difficultés des agriculteurs − Quand l’omerta et le déni cachent certaines possibilités de redressement

Pour repérer les agriculteurs fragilisés et les orienter vers les dispositifs d’accompagnement, le député Olivier Damaisin suggère de recruter et former de nouvelles « sentinelles » parmi les personnes qui gravitent autour des agriculteurs, comme les salariés de coopératives, conseillers de chambre d’agriculture, techniciens de contrôle laitier, vétérinaires, mais aussi facteurs, élus locaux, médecins et pharmaciens.

Coordonner les actions

Olivier Damaisin propose la création d’un observatoire national des exploitations en difficulté, sous l’égide du ministère de l’Agriculture. Selon lui, les cellules d’accompagnement des agriculteurs mises en place par l’État dans la plupart des départements pourraient contribuer « à la nécessaire coordination des acteurs de la prévention ».

Le député souhaite « améliorer » leur fonctionnement et réviser leur composition afin que ces cellules – qui réunissent des acteurs institutionnels – incluent par exemple des vétérinaires libéraux, « qui sont parmi les acteurs les mieux placés pour observer l’état des troupeaux sur les exploitations, indicateur d’un possible mal-être des éleveurs ». Il estime qu’il conviendrait par ailleurs de mieux encadrer « à quel moment et selon quelles règles » les banques « peuvent intervenir ».

Accompagner les agriculteurs en difficulté

M. Damaisin conseille notamment de développer des dispositifs de mentorat entre un agriculteur et un entrepreneur dont les activités sont étrangères à l’agriculture, à l’image de ce qui est développé par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.

La question du devenir des terres agricoles étant très sensible, il plaide pour « renforcer et vulgariser » des dispositifs de portage foncier permettant par exemple à un agriculteur de continuer à travailler les terres qu’il a dû se résoudre à vendre, voire de les racheter plus tard.

Accompagner les nouveaux agriculteurs

« La prévention du mal-être des agriculteurs doit commencer très tôt avec une sensibilisation dès la formation initiale », souligne le député, qui juge aussi « utile de développer un dispositif de tutorat par un agriculteur expérimenté, volontaire et sans intérêt personnel ».

Communiquer positivement sur l’agriculture

« La revalorisation de l’agriculture et de son rôle social sont nécessaires », relève le député. Reprenant à son compte le terme d’« agribashing », popularisé par le premier syndicat de la profession FNSEA, il estime que la contestation visant les pesticides ou les systèmes d’élevage intensifs renvoie aux agriculteurs « une image dévalorisante de leur métier » qui peut se cumuler avec le reste de leurs difficultés.

Financer toutes ces opérations

Olivier Damaisin plaide notamment pour continuer à donner à la MSA les moyens de son « aide au répit », qui finance le remplacement jusqu’à 10 jours des adhérents en situation d’épuisement professionnel, leur permettant de se reposer.