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Exportations de céréales ukrainiennes

La Russie veut renouveler l’accord céréalier pour 60 jours seulement


AFP le 13/03/2023 à 18:28
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Les Accords de la mer Noire ont déjà permis d'exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens. (©Adobe Stock)

La Russie s'est dite lundi favorable au renouvellement de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars, pour 60 jours, et non 120 comme cela a été le cas jusqu'à présent.

« L’accord sur « l’Initiative céréalière de la mer Noire » implique au moins 120 jours de prolongation, la position de la Russie de le prolonger de seulement 60 jours contredit donc le document signé par la Turquie et l’ONU », a tweeté le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov, précisant que l’Ukraine attendait « la position officielle » des Nations unies et d’Ankara, en tant que « garants de l’initiative ».

À New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, a assuré que « les Nations unies restaient complètement impliquées dans cet accord et pour s’efforcer de faciliter les exportations d’engrais et d’alimentation russes ». Peu après, l’ONU a indiqué dans un communiqué daté de Genève (Suisse) qu’elle « prend note » de la proposition russe et souligné que le chef de l’ONU « a confirmé que les Nations unies feraient tout leur possible pour préserver l’intégrité de l’Initiative céréalière (…) et assurer sa continuité ».

Plus tôt, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine avait déclaré, à l’issue de pourparlers à Genève (Suisse) avec le chargé des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, et la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan, que Moscou « ne s’opposait pas à une nouvelle prolongation de l' »Initiative de la mer Noire » après l’expiration de son deuxième mandat le 18 mars, mais seulement pour 60 jours ».

« Notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles, mais en actes. Cela comprend les paiements bancaires, la logistique du transport, l’assurance, le « dégel » des activités financières et l’approvisionnement en ammoniac via l’oléoduc « Togliatti-Odessa » », a-t-il indiqué.

Le vice-ministre russe des affaires étrangères a souligné que la discussion « franche et approfondie » avec les hauts représentants des Nations unies avaient « confirmé une fois de plus que si les exportations commerciales de produits ukrainiens se font à un rythme soutenu et rapportent des bénéfices considérables à Kiev, les restrictions imposées aux exportateurs agricoles russes sont toujours en place ».

La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait qualifié de « compliquées » les négociations visant à prolonger cet accord, qui a permis la reprise des exportations de céréales ukrainiennes malgré l’invasion du pays.

Exemptions « inactives »

Cet accord dit de la mer Noire, signé en juillet 2022 pour 120 jours entre l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie a permis de limiter la grave crise alimentaire mondiale provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Il avait été renouvelé en novembre pour 120 jours et a jusqu’à présent permis d’exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens, selon l’ONU.

La Chine est le premier destinataire des exportations réalisées dans le cadre de l’accord, l’Espagne le deuxième et la Turquie le troisième.

L’Ukraine a réclamé la semaine dernière des efforts internationaux pour maintenir ouvertes les voies maritimes en mer Noire utilisées pour le transport de ses céréales, et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait demandé lors du G20 début mars que la Russie renouvelle l’accord.

Mais la Russie, de son côté, n’est pas satisfaite d’un autre accord bilatéral signé avec l’ONU sur les exportations d’engrais russes, signé également en juillet 2022 mais qui court pour trois ans.

Moscou se plaint que ses exportations d’engrais, un produit de première nécessité pour l’agriculture mondiale, sont de facto bloquées bien qu’elles ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées par les pays occidentaux depuis le début de la guerre.

« Les exemptions de sanctions pour les denrées alimentaires et les engrais annoncées par Washington, Bruxelles et Londres sont pour l’essentiel inactives », a encore affirmé lundi M. Verchinine.