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Engrais azotés

La crainte d’une coupure de gaz russe tend le marché des engrais en Europe


TNC le 20/07/2022 à 05:00
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Si les gazoducs de Nord Stream 1 ne sont pas remis en fonctionnement le 21 juillet, une partie de l'Europe de l'ouest ne sera plus approvisionnée en gaz russe. (©AdobeStock)

L’urée et l’ammonitrate sont orientés à la hausse sur le territoire européen, notamment pour des raisons géopolitiques qui provoquent une flambée du gaz naturel. Et vu les prix des céréales et oléagineux, les agriculteurs redoutent l’effet ciseaux.

Après dix jours de travaux de maintenance, c’est à cette date que le géant russe Gazprom est censé redémarrer les gazoducs Nord Stream 1, qui relient la Russie à l’Allemagne via la Mer baltique et permet d’approvisionner une partie de l’Europe de l’ouest.

Mais en plein bras-de-fer avec la Russie, les dirigeants de l’UE s’inquiètent des intentions du groupe. Il avait, avant les travaux, déjà fortement limité ses livraisons à plusieurs pays européens.

Ces craintes ont fait repartir à la hausse les prix du gaz européen. Alors qu’ils tournaient autour de 135 €/MWh sur le TTF (la place de marché du gaz naturel des Pays-bas) fin juin, ils ont dépassé les 182 €/MWh le 13 juillet. Après une baisse sur quelques jours, ils étaient à nouveau orientés à la hausse le 19 juillet à la mi-journée, avoisinant les 162 €/MWh.

« Hausse rapide » des prix des engrais azotés

Cette flambée a provoqué un bond des prix de l’ammoniac, et donc des coûts de production des engrais azotés en Europe, où des fermetures de lignes de production ont été rapportées.

« Le marché des engrais a confirmé son risque haussier ces derniers jours sur le marché français avec une hausse rapide et notable du prix de l’urée et de l’ammonitrate », résume Marius Garrigue sur Terre-net, le 19 juillet.

L’ammonitrate 27 % départ usine coûtait 685 €/t le 15 juillet, contre 287,5 €/t un an plus tôt (©TNC)

En plus des prix du gaz, l’expert explique aussi le rebond des engrais par le « rapide regain » de la demande en Europe, par la raréfaction des offres du Maghreb pour des livraisons en septembre, et par un euro faible venu « remonter mécaniquement l’ensemble des coûts d’import ».

Les prix hauts des engrais azotés inquiètent dans la plaine. Certains agriculteurs craignent l’effet ciseaux : des intrants en hausse continue tandis que les prix des cultures s’éloignent des sommets atteints entre début mars et fin mai.

Des cours mondiaux plutôt en baisse

Au niveau mondial, les cours mondiaux sont plutôt sous pression. Ils sont depuis deux mois en net repli « par rapport aux sommets pluriannuels observés plus tôt dans l’année », relevait le 13 juillet Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer, à l’occasion d’un point presse. En parallèle, « les stocks d’engrais ont progressé en juin à cause des prix dissuasifs qui ont retardé les achats ».

Les observateurs des marchés attendaient depuis plusieurs semaines un appel d’offres indien, censé faire grimper les prix mondiaux de l’urée. Il est tombé il y a quelques jours et n’a pas eu l’effet escompté : l’Inde chercherait finalement à ne sécuriser que 500 000 tonnes, beaucoup moins qu’attendu.