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Betteraves sucrières

La CGB demande de « vraies perspectives » pour la campagne 2022/2023


TNC le 01/12/2021 à 15:40
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Pour Franck Sander, president de la CGB, il est indispensable de donner de vraies perspectives aux planteurs pour la prochaine campagne. (©TNC/Pixabay)

Après plusieurs années de prix bas, l’épisode désastreux de la jaunisse, mais aussi le gel cette année, les planteurs de betteraves espèrent bien profiter d’un marché mieux orienté, et de l’application d’Egalim 2 à la filière, pour enfin bénéficier de prix rémunérateurs. Pour la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), il est indispensable de redonner de la visibilité aux betteraviers qui ont perdu de l’argent ces dernières années, si l’on veut préserver les surfaces.

Après la campagne 2020/2021 catastrophique, marquée par la jaunisse de la betterave, 2021/2022 s’annonce meilleure pour les betteraviers français. 403 000 ha de betteraves sont récoltés (contre 423 000 l’an passé), soit 35 millions de tonnes de betteraves, et le rendement est proche de la moyenne quinquennale (87 t/ha). La campagne a néanmoins été marquée par plusieurs difficultés, rappelle Franck Sander, président de la CGB, citant le gel qui a détruit 55 000 ha au printemps, soit 14 % de la surface betteravière, et les 7 000 ha qui ont dû être détruits en août en raison d’un herbicide non conforme.

Des solutions de protection imparfaites

Une nouvelle dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes a été demandée pour 2022, précise le directeur de la CGB, Pierre Rayé, mais cette dérogation accordée pour trois ans n’est « pas parfaite », rappelle Franck Sander. En effet, elle impose un certain nombre de contraintes vis-à-vis de la protection des pollinisateurs, et restreint fortement le choix dans la rotation. L’Anses doit rendre trois avis complémentaires sur ces contraintes d’ici fin décembre, et la CGB espère un allègement. Franck Sander place également beaucoup d’espoirs dans le PNRI, le plan national de recherche et innovation, dédiée à la recherche « de solutions opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière ». Face à la progression, en parallèle, du charançon capable de provoquer des pertes allant jusqu’à 50 %, la CGB en appelle aussi à un plan d’innovation prioritaire pour rechercher des moyens de lutte.

Des prix en hausse de 10 à 20 % pour cette campagne

« Les perspectives de prix sont en amélioration, pourvu que cette tendance dure afin que les sucriers puissent aller chercher ces marchés, notamment pour la future campagne », espère Franck Sander. On parle de 29 euros tonne à 16° pour certains groupes, et la CGB estime l’augmentation entre + 10 et + 20 % par rapport à la campagne 2020/21, où les prix étaient de 25,2 €/T en moyenne. « Pour 2022-23, quelles sont les perspectives ? Les annonces sont urgentes et importantes », rappelle de son côté le directeur de la CGB.

Si les marchés sont porteurs, il faut néanmoins être en capacité d’obtenir les prix : « depuis quatre ans, la filière sucre européenne est importatrice mais malgré tout, les prix n’ont pas réussi à augmenter au-delà du seuil de référence », souligne Pierre Rayé. Pour saisir les opportunités, la filière peut se satisfaire de son inscription dans la loi Egalim 2 (elle n’était pas concernée par Egalim 1), ce qui permettra une contractualisation à partir d’un indicateur de coût de production et donc une meilleure répartition de la valeur, indique-t-il.

« On a besoin de redonner de la visibilité aux betteraviers qui ont perdu de l’argent », ajoute le directeur de la CGB, sans quoi la concurrence d’autres cultures aujourd’hui plus rémunératrices sera forte. « Sur les prix, on avance également sur le dossier de l’ISR (NDLR : instrument de stabilisation des revenus), un outil pour compenser les pertes de l’agriculteur quand il passe sous le coût de production », explique Franck Sander. Les régions Hauts-de-France, Ile-de-France et Grand Est ont notamment accepté de le financer. « Egalim, marchés à terme, ISR performant : on donnera beaucoup plus de lisibilité à nos agriculteurs », insiste le président de la CGB pour qui « la betterave doit être mieux rémunérée que d’autres cultures, car elle est plus technique, plus à risque ». Néanmoins, si l’arrêt des néonicotinoïdes sans solution restera un choc pour la filière, « on peut aussi transformer la problématique des attentes sociétales en un atout », ajoute-t-il, prenant l’exemple du bioéthanol, qui contribue à la décarbonation des transports.