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Tereos

Les 1ers biocarburants restent indispensables pour décarboner les transports


TNC le 25/10/2021 à 15:00
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Philippe Guenal, directeur du site de Tereos a Origny Sainte-Benoite, et Valerie Corre, directrice Affaires europeennes Alcool-Ethanol du groupe. (©TNC)

Avec le Pacte Vert, la Commission européenne fixe à l’Europe des objectifs environnementaux ambitieux, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une trajectoire qui nécessite d’accélérer la décarbonation des transports. Or, cette capacité est limitée par le plafond imposé aux biocarburants de première génération, explique le groupe Tereos, leader de la production d’éthanol en France.

Pour atteindre – 55 % d’émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, objectif du Pacte Vert européen, le secteur des transports, qui représente 21 % des émissions de GES de l’UE (et 31 % en France) devra fournir un effort important. Alors que les émissions issues des transports continuent de croitre, la Commission européenne souhaite les réduire de -13 %.

Pour autant, les propositions pour y parvenir sont « incohérentes », a regretté Valérie Corre, directrice Affaires Publiques Alcool & Ethanol du groupe Tereos, lors d’une visite du site d’Origny-Sainte-Benoite, le 21 octobre. Car parallèlement à cet objectif, la Commission envisage également la fin des véhicules thermiques d’ici 2035, tout en maintenant la méthodologie d’évaluation des émissions des véhicules au pot d’échappement, et surtout en conservant le plafond de biocarburants de première génération à 7 % d’incorporation. « En 2040, 80 % du parc existant sera encore constitué de véhicules thermiques », or le bioéthanol est aujourd’hui la seule alternative pour décarboner l’essence, explique Valérie Corre. Du puits à la roue, les biocarburants de 1ère génération permettent de réduire de 75,5 % les émissions de GES par rapport aux carburants fossiles.

Pas de changement d’affectation des sols en Europe

Si le plafond d’incorporation des biocarburants de première génération (c’est-à-dire produits à partir de cultures destinées à l’alimentation) reste limité à 7 %, c’est pour limiter les risques de changement d’affectation des sols. Or, ce n’est pas le cas des matières premières utilisées en France pour produire de l’éthanol : d’après la Commission européenne, l’indice d’expansion de la culture sur des terres présentant un important stock de carbone est de 2 % pour le maïs, 1 % pour le blé, et nul pour la betterave sucrière, alors qu’il atteint 42 % pour le palmier à huile et 8 % pour le soja.

Les cultures pour bioéthanol représentaient, en 2018, 2,2 % des terres arables utilisées, voire seulement 1,2 % si l’on prend en compte les coproduits.

Mutualiser le plafond de 7 % entre tous les pays européens

Si la Commission européenne souhaite incorporer davantage de biocarburants avancés, aujourd’hui ces derniers ne représentent que 7,8 % des biocarburants utilisés. « Cela défie l’entendement de penser que l’on peut tout remplacer par de l’électrique, alors que le bioéthanol reste le moins cher à la tonne de carbone évitée : comment faire pour que le consommateur aux moyens limités puisse participer à la décarbonation ? », déplore Valérie Corre. Dans beaucoup de pays (mais pas en France), si l’on tient compte de la production d’électricité et des batteries, un véhicule électrique émet davantage de GES qu’un véhicule essence dans beaucoup de pays, ce dont la méthodologie de calcul des émissions au pot d’échappement ne rend pas compte, ajoute-t-elle.

Pour maximiser l’utilisation des biocarburants de première génération dans la décarbonation des transports, Tereos souhaite la mutualisation du plafond 7 % à l’échelle européenne. Aujourd’hui, si la France est à 6,8 %, soit très proche du maximum, le taux d’incorporation n’est que de 4 % tous pays européens confondus.

La méthodologie d’évaluation devrait également être revue, pour prendre en compte les émissions sur tout le cycle de vie des véhicules et des carburants, demande Valérie Corre.