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Réglementation, rémunération…

Il faut conserver l’attrait de la production de pomme de terre, alerte l’UNPT


TNC le 07/01/2022 à 18:17
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Dans le contexte actuel, l'UNPT s'inquiète pour l'attractivité de la culture de pommes de terre. (©Pixabay)

Si les perspectives de marché s’améliorent pour la pomme de terre, après deux campagnes marquées par la crise sanitaire, l’UNPT alerte sur l’importance de retrouver une rentabilité et de conserver l’attractivité de cette culture dans un contexte de hausse des coûts de production et de disparition des solutions de protection.

Après les campagnes 2020 et 2021 marquées par la pandémie, la production de pommes de terre renoue avec des marchés mieux orientés, a indiqué l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), le 7 janvier. La filière avait en effet souffert de l’arrêt de la restauration hors foyer, de difficultés logistiques à l’export et des fortes baisses de transformation dans les périodes de confinement.

Aujourd’hui, la campagne 2021/22 marque une reprise des tendances de la consommation pré-crise. Néanmoins, pour la première fois depuis des années, les surfaces emblavées en 2021 sont en baisse en France (- 3,0 % par rapport à 2020), une tendance qui est identique dans la zone des NEPG (- 4,6 %). Pour autant, les volumes exportés progressent de 2 %, et « deux indicateurs retrouvent du positif », souligne l’UNPT : la consommation des produits transformés, et les volumes transformés dans les usines, qui retrouvent les niveaux d’avant crise.

En fécule, qui a connu plusieurs années compliquées, les surstocks de 2020 ont entrainé une chute des cours, et la production est attendue à 1,1 Mt. Des baisses de surfaces sont attendues en 2022 et 2023, avec des désengagements probables de producteurs.

Globalement, « le virus desserre son emprise au niveau du marché », explique Loïc Le Meur, responsable des Affaires techniques et économiques, à l’UNPT. La campagne en frais se positionne à des niveaux légèrement en dessous des 200 euros, sous l’effet d’une forte demande des pays de l’Est. Du côté de l’industrie, les cotations sont légèrement supérieures à ce que proposent les contrats, ce qui « change la donne par rapport aux deux précédentes campagnes », souligne également l’UNPT. Enfin, les marchés à terme « retrouvent des couleurs ».

Une disparition inquiétante des moyens techniques

Si les perspectives de marchés sont meilleures, elles ne doivent pas éclipser un contexte de coûts de production très élevés, et elles s’appliquent également à d’autres cultures, ce qui va accroitre la concurrence au niveau des assolements. 

Les producteurs pourraient se tourner vers le colza dont les cours s’envolent actuellement, ou vers des productions moins gourmandes en intrants, comme le tournesol, les légumineuses… D’autant plus que la future Pac encourage la diversification des cultures.

Pour l’UNPT, il apparait donc plus que nécessaire de conforter la rentabilité et l’attractivité de la production de pommes de terre. Or, la réglementation aujourd’hui met à mal la production, avec plusieurs problématiques liées aux produits phytosanitaires. Les producteurs ont appris à composer après le retrait du CIPC, mais d’autres substances interdites ou en cours d’interdiction manquent d’alternatives (le mancozèbe, par exemple). L’application des ZNT aux produits CMR 2, recommandée par le Conseil d’État qui a annulé la réglementation ZNT, serait également dramatique pour la production. « Dans les Hauts-de-France, on a mesuré le nombre de repas qui pourraient être amenés à disparaitre avec cette réglementation : ce seraient 300 millions de repas qu’on ne pourra plus fournir, toutes cultures confondues, dans la région », explique l’UNPT.

Même inquiétude concernant le plan pollinisateurs, qui obligerait à n’appliquer que les produits avec la mention Abeille, une dérogation que ne demanderont pas les produits de biocontrôle. « Sur 14 molécules, il nous en restera cinq, avec les risques de phénomènes de résistance, et l’absence d’alternatives », dénonce l’UNPT, alors que les pommes de terre ne sont pas une culture attractive pour les pollinisateurs. L’organisation alerte donc sur cette accumulation de contraintes, qui ne correspond pas avec la volonté affichée par le gouvernement de ne pas interdire sans solution alternative.