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Négociations commerciales

Guerre des prix entre industriels et distributeurs, le retour ?


AFP le 09/10/2020 à 10:12

D'un côté, des consommateurs d'autant plus attentifs aux prix que le contexte économique est incertain. De l'autre, des surcoûts liés à l'épidémie de coronavirus et des marges qui se réduisent. Les négociations commerciales 2021 s'annoncent tendues d'ici au 1er mars, sous l'œil attentif des pouvoirs publics.

Pourquoi la crainte d’une guerre des prix ?

Plus d’un tiers des Français ont déclaré avoir perdu des revenus en raison de la crise sanitaire, selon l’Observatoire société et consommation (ObSoCo). Et « la grande distribution a bien intégré cette problématique », estime la directrice de l’Observatoire, Véronique Varlin. Les enseignes se posent plus sensiblement depuis la crise en défenseurs du pouvoir d’achat. Objectif : convaincre les consommateurs qu’ils trouveront les meilleurs prix chez telle ou telle enseigne… qui prendra ainsi des parts de marchés à la concurrence.

 D’autres dynamiques sont à l’œuvre, explique le patron de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel. D’abord, « la marge de la distribution s’est réduite de manière très importante depuis plusieurs années alors qu’il y a dans le même temps la nécessité de continuer à investir face à la concurrence des acteurs transnationaux ». Ensuite, il y a les surcoûts causés par l’épidémie de coronavirus. Marges rognées, coûts croissants, concurrence sur l’offre de prix bas : tous les ingrédients semblent réunis pour un retour de la trop fameuse guerre des prix.

Quelles en seraient les conséquences ?

Désignant à l’origine la concurrence entre les distributeurs, l’expression s’est étendue à l’ensemble des parties prenantes des négociations commerciales : en offrant des prix bas à leurs clients, les acteurs de la distribution rognent leur marge et sont donc tentés de négocier à la baisse ce que leur fournissent les industriels de l’agroalimentaire. Lesquels, à leur tour, vont acheter à la baisse auprès des producteurs, laitiers par exemple. Au point que le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), Richard Girardot, craint un retour « aux vieux démons ».

« Si on est reparti dans une spirale de prix bas », explique-t-il, les entreprises « n’auront pas les moyens d’investir et tous les efforts faits par le gouvernement en termes de relance ne serviront à rien », avertit-il. De la part d’un secteur très pourvoyeur d’emplois en France, l’argument porte.

À lire aussi : Industries alimentaires – Pour l’Ania, pas de relance sans loyauté dans les relations commerciales

Quelle réponse des autorités ?

Le gouvernement se veut vigilant pour éviter toute « spirale déflationniste ». Mais aussi pour préserver l’esprit de la loi Alimentation promulguée en 2018 et censée protéger les revenus des producteurs en visant une meilleure répartition de la valeur entre les maillons de la chaîne alimentaire. La loi n’a « pas encore atteint » ses objectifs, avait reconnu le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie début septembre. Mercredi, il a mandaté l’ancien patron de Système U, Serge Papin, pour travailler sur « la répartition de la valeur ».

Les pouvoirs publics ont déjà montré les muscles : fin août, la centrale d’achats belge codétenue par E.Leclerc, Eurelec, a été mise à l’amende à hauteur de 6,34 millions d’euros par la Répression des fraudes (DGCCRF) pour pratiques commerciales illicites. Michel-Edouard Leclerc y a vu « une claque avant négociations ». En février dernier, Carrefour, Système U et Intermarché avaient également été sanctionnés.

Qui est responsable de la situation ?

« Il est essentiel de continuer à travailler sur la valorisation des produits, pour faire en sorte qu’il y ait une création de valeur permettant un juste retour des choses du côté des agriculteurs ou des PME », reconnaît Jacques Creyssel, de la FCD. Mais avec de l’autre côté la demande de prix bas, « il faudra qu’on arrive à résoudre cette équation difficile ».

Comment ?

La FCD demande « le renversement du système de négociations », qui doivent avoir lieu « d’abord entre l’agriculteur et l’industriel, ensuite entre l’industriel et le distributeur. Cela ne se fait pas suffisamment aujourd’hui et cela ne permet pas suffisamment de transparence », estime-t-il, pointant un « trou noir », notamment, sur « les marges des industriels ». « Les industriels ont perdu l’équivalent de 7 milliards d’euros en sept ans », rétorque Richard Girardot. Il demande en retour des comptes à la distribution après le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), imposant qu’un produit alimentaire soit revendu en grandes surfaces au moins 10% plus cher que le prix auquel il a été acheté, afin de faire ruisseler l’argent gagné en plus jusqu’aux producteurs. « Où est-ce que cet argent est passé? »

Pourquoi la crainte d’une guerre des prix ?

Plus d’un tiers des Français ont déclaré avoir perdu des revenus en raison de la crise sanitaire, selon l’Observatoire société et consommation (ObSoCo). Et « la grande distribution a bien intégré cette problématique », estime la directrice de l’Observatoire, Véronique Varlin. Les enseignes se posent plus sensiblement depuis la crise en défenseurs du pouvoir d’achat. Objectif : convaincre les consommateurs qu’ils trouveront les meilleurs prix chez telle ou telle enseigne… qui prendra ainsi des parts de marchés à la concurrence.

 D’autres dynamiques sont à l’œuvre, explique le patron de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel. D’abord, « la marge de la distribution s’est réduite de manière très importante depuis plusieurs années alors qu’il y a dans le même temps la nécessité de continuer à investir face à la concurrence des acteurs transnationaux ». Ensuite, il y a les surcoûts causés par l’épidémie de coronavirus. Marges rognées, coûts croissants, concurrence sur l’offre de prix bas : tous les ingrédients semblent réunis pour un retour de la trop fameuse guerre des prix.

Quelles en seraient les conséquences ?

Désignant à l’origine la concurrence entre les distributeurs, l’expression s’est étendue à l’ensemble des parties prenantes des négociations commerciales : en offrant des prix bas à leurs clients, les acteurs de la distribution rognent leur marge et sont donc tentés de négocier à la baisse ce que leur fournissent les industriels de l’agroalimentaire. Lesquels, à leur tour, vont acheter à la baisse auprès des producteurs, laitiers par exemple. Au point que le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), Richard Girardot, craint un retour « aux vieux démons ».

« Si on est reparti dans une spirale de prix bas », explique-t-il, les entreprises « n’auront pas les moyens d’investir et tous les efforts faits par le gouvernement en termes de relance ne serviront à rien », avertit-il. De la part d’un secteur très pourvoyeur d’emplois en France, l’argument porte.

Quelle réponse des autorités ?

Le gouvernement se veut vigilant pour éviter toute « spirale déflationniste ». Mais aussi pour préserver l’esprit de la loi Alimentation promulguée en 2018 et censée protéger les revenus des producteurs en visant une meilleure répartition de la valeur entre les maillons de la chaîne alimentaire. La loi n’a « pas encore atteint » ses objectifs, avait reconnu le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie début septembre. Mercredi, il a mandaté l’ancien patron de Système U, Serge Papin, pour travailler sur « la répartition de la valeur ».

Les pouvoirs publics ont déjà montré les muscles : fin août, la centrale d’achats belge codétenue par E.Leclerc, Eurelec, a été mise à l’amende à hauteur de 6,34 millions d’euros par la Répression des fraudes (DGCCRF) pour pratiques commerciales illicites. Michel-Edouard Leclerc y a vu « une claque avant négociations ». En février dernier, Carrefour, Système U et Intermarché avaient également été sanctionnés.

Qui est responsable de la situation ?

« Il est essentiel de continuer à travailler sur la valorisation des produits, pour faire en sorte qu’il y ait une création de valeur permettant un juste retour des choses du côté des agriculteurs ou des PME », reconnaît Jacques Creyssel, de la FCD. Mais avec de l’autre côté la demande de prix bas, « il faudra qu’on arrive à résoudre cette équation difficile ».

Comment ?

La FCD demande « le renversement du système de négociations », qui doivent avoir lieu « d’abord entre l’agriculteur et l’industriel, ensuite entre l’industriel et le distributeur. Cela ne se fait pas suffisamment aujourd’hui et cela ne permet pas suffisamment de transparence », estime-t-il, pointant un « trou noir », notamment, sur « les marges des industriels ». « Les industriels ont perdu l’équivalent de 7 milliards d’euros en sept ans », rétorque Richard Girardot. Il demande en retour des comptes à la distribution après le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), imposant qu’un produit alimentaire soit revendu en grandes surfaces au moins 10% plus cher que le prix auquel il a été acheté, afin de faire ruisseler l’argent gagné en plus jusqu’aux producteurs. « Où est-ce que cet argent est passé? »