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Union française des semenciers

Des inquiétudes sur la disponibilité en semences à partir de 2024


TNC le 09/11/2022 à 17:30
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Rachel Blumel, directrice de l'UFS, et Claude Tabel, président de l'UFS, ont dressé un bilan de l'année 2022 le 9 novembre. (©TNC)

Si, malgré les différentes crises, la disponibilité des semences sera assurée aux agriculteurs pour la campagne 2023, l’Union française des semenciers s’inquiète du manque d’attractivité pour la production de semences et redoute une nouvelle baisse des surfaces.

Les différentes crises de l’année n’ont pas été fatales au secteur des semences, mais elles risquent de créer des tensions sur les disponibilités à partir de 2024, estime l’Union française des semenciers (UFS). Si la guerre en Ukraine et la baisse de production dans le pays se fera probablement sentir sur les prochaines campagnes, elle entraine aussi une hausse du prix des commodités qui rend la production de semences moins attractive.

« On constate une baisse des surfaces de 2 %, les agriculteurs ont fait des arbitrages, un certain nombre ont préféré entrer dans ces cultures plutôt que dans les plans de production de semences » ces derniers restant plus rémunérateurs mais également beaucoup plus contraignants, a détaillé Rachel Blumel, directrice de l’UFS, le 9 novembre.

En parallèle, l’UFS s’inquiète également de l’impact de la crise énergétique, qui découle du conflit. Si les entreprises semencières ne sont pas considérées comme très consommatrices de gaz, certaines activités nécessitent beaucoup d’énergie, notamment le séchage des semences, à l’automne. La question ne s’est pas posée cette année, mais la crise s’annonçant comme durable, « il faudra être attentifs l’année prochaine » en ce qui concerne les projets de délestages, indique Rachel Blumel. D’autant qu’en parallèle, les aides sont, à ce stade, peu accessibles aux entreprises de la filière, alors qu’une partie d’entre elles, obligées de renégocier leurs contrats d’énergie, se voient confrontées à des hausses de tarifs d’au moins quatre à six fois plus importantes. « Sans aide, la seule solution sera de répercuter les hausses sur le coût des semences », alerte Claude Tabel, président de l’UFS.

Une baisse de production liée à la sécheresse

La sécheresse a également eu des conséquences sur la production, d’autant plus que le secteur n’est souvent pas exempté de restriction à l’irrigation, explique l’UFS, qui travaille à faire reconnaitre l’importance stratégique des semences aux décideurs politiques des territoires, responsables de la gestion de l’eau.

Le manque d’eau a principalement impacté les semences de maïs, la moyenne de production atteignant seulement 65 à 70 % de ce qui était prévu. Et les premières tendances montrent une désaffection des producteurs, avec des engagements en baisse de 8 %. En fourragères et gazons, les surfaces ont diminué de 10 %, concurrencées par les grandes cultures, note Claude Tabel. L’année a en revanche été plutôt correcte pour les céréales à paille et les oléagineux, le colza, et la betterave, même si pour cette dernière production, les niveaux restent globalement inférieurs aux niveaux historiques. « On sent une tension car l’augmentation des coûts de production pèse », précise le président de l’UFS.

L’urgence de redonner de l’intérêt à la production de semences

Ainsi, l’année 2023 pourra être assurée, notamment grâce aux stocks qui représentent entre 30 % et 100 % de la production d’une année, en fonction des espèces, mais « si on a une nouvelle année difficile sur certaines espèces, on pourrait être en tension très forte sur les semis 2024 », prévient Claude Tabel. Après une baisse de 2 % des surfaces cette année, le président de l’UFS redoute une baisse encore plus importante l’année prochaine, et alerte sur l’importance de redonner de l’attractivité à cette production, alors que les besoins sont en augmentation sur certaines productions, comme le tournesol.

Dans le contexte actuel, l’UFS propose que les distances d’isolement des parcelles de production soient réduites de manière temporaire, et réfléchit également à des décalages de semis pour éviter la fécondation croisée et remplacer l’isolement physique par un isolement dans le temps. En parallèle, « on a besoin de sécurisation », rappelle Claude Tabel, que ce soit sur l’accès à l’eau, sur les solutions de protection, mais également sur l’accès à l’énergie.