Accéder au contenu principal
Crise du sucre

Cristal Union annonce une perte de 99 millions d’euros


AFP le 06/06/2019 à 13:55

Le deuxième producteur français de sucre, Cristal Union, touché comme tous ses concurrents par la crise historique du secteur, a annoncé jeudi une perte nette de 99 millions d'euros, la première de son histoire, et confirmé sa volonté de restructurer son outil industriel.

Cette perte est la conséquence, notamment, de l’effondrement des cours du sucre, en Europe et dans le monde, en raison de l’explosion de la production dans des pays comme l’Inde et la Thaïlande, conjuguée à la fin des quotas de sucre européens.

Cette perte « montre que la coopérative a absorbé la majeure partie de la baisse des marchés et ne l’a pas répercutée sur ses adhérents, elle a joué le rôle d’amortisseur », a assuré Jean-Michel Sougnez, directeur financier du groupe, lors d’une présentation des résultats à la presse. « On a protégé du mieux possible nos coopérateurs », a assuré le directeur général du groupe, Alain Commissaire : « Le marché a rémunéré 17 (euros par tonne de betterave), on a payé 23 », a-t-il indiqué. « Cristal Union doit retrouver demain le chemin d’une performance économique à long terme et c’est l’enjeu des études qui sont en cours », a déclaré Jean-Michel Sougnez.

Cristal Union (Daddy), a en effet annoncé à la mi-avril étudier la fermeture de deux sites, celui de Bourdon (Puy-de-Dôme) et de Toury (Eure-et-Loir), ainsi que l’arrêt partiel de l’activité de conditionnement à Erstein (Bas-Rhin).

Sceptique quant à un relèvement rapide et significatif des cours du sucre, Xavier Astolfi, directeur général adjoint, a également évoqué les « distorsions de concurrence internes » à l’Union européenne, les betteraviers de pays comme la Pologne, la République tchèque, la Grèce, l’Italie, ou l’Espagne bénéficiant d’aides que n’ont pas les planteurs français.

« Décrochage »

Surtout, il a pointé un « décrochage » de son groupe en termes de taille d’usines : « On amortit nos frais fixes avec des unité moyennes de 250 000 tonnes, là où le gros des producteurs européens sont entre 300 000 et 400 000 tonnes de sucre » produites chaque année par unité de production.

« Si on veut rester compétitifs dans l’Union européenne, il faut améliorer cette situation, pas par un abandon de production, mais par une concentration de la production sur des outils de production performants », a-t-il ajouté. Une raison de plus pour proposer à l’ensemble des planteurs qui approvisionnaient l’usine de Toury, de fournir les autres usines du groupe à Corbeilles et Pithiviers, dans le Loiret.

Pour optimiser davantage l’exploitation de ses sites de production, le groupe a confirmé sa volonté de reprendre une partie des betteraviers de Saint-Louis sucre, filiale française de Südzucker dont certaines sucreries vont fermer. « Nous avons la capacité de récupérer un tiers, peut-être 50 % des planteurs d’Eppeville (Somme) sur Sainte-Emilie » (Somme), a déclaré M. Commissaire.

En revanche, les velléités d’acquisitions ou de rapprochements évoquées l’an dernier sont actuellement au point mort, selon lui : « Nous avons eu un certain nombre d’initiatives, certains bloquées par la direction générale de la concurrence, à Bruxelles », a déclaré M. Commissaire. Il a également évoqué des « travaux menés avec American Sugar, mais l’évolution du Brexit a fait qu’il était quasi-impossible de se projeter », s’agissant de ce groupe principalement installé sur le marché anglais.

Lire aussi : Après une crise historique, le secteur espère voir le bout du tunnel