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Gouvernance des coopératives agricoles

Coop de France lance un « guide » pour aider les coops à affronter l’avenir


TNC le 19/02/2019 à 19:32
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Coop de France a présenté mardi 19 février 2019 son « guide de gouvernance » des coopératives agricoles, « fruit du grand débat coopératif » initié il y a un an. Ce guide « des bonnes pratiques » contenant plusieurs recommandations, notamment en matière « d’animation démocratique », doit aider les coopératives à affronter la « grande transition » en cours dans l’agriculture, et mieux répondre aux attentes des adhérents, dont « 32 % estiment que leur voix n’est pas assez entendue ».

À l’issue d’un « grand débat coopératif » lancé à l’été 2018, Coop de France a présenté, mardi 19 février 2019, un « guide de gouvernance » à destination des coopératives agricoles, pour les aider « dans leur démarche d’amélioration continue dans leur gouvernance ».

« Nous n’avons pas attendu le grand débat national pour faire le nôtre », a expliqué Dominique Chargé, président de Coop de France depuis le 20 décembre dernier. Car outre les attentes sociétales croissantes sur les produits – issus de coopératives ou non – les coopératives agricoles doivent faire face à des attentes fortes de la part de leurs adhérents. Selon Coop de France, le « grand débat coopératif » a révélé un grand attachement des élus, agriculteurs coopérateurs et salariés à leur structure. Mais les attentes des coopérateurs sont de deux ordres : « plus de 7 adhérents sur 10 déclarent qu’ils n’assureront pas leurs productions selon les mêmes méthodes dans cinq ans » et, surtout, « 32 % des répondants affirment que leur voix n’est pas assez entendue ».

De l’animation démocratique à la représentation des femmes : un guide en neuf thèmes

Le guide comporte neuf grands thèmes : l’animation démocratique des assemblées générales ordinaires annuelles des coopératives, l’animation territoriale des coopératives, la charte de gouvernance comme « outil d’amélioration », le fonctionnement du conseil d’administration, la formation des administrateurs, le renouvellement des générations, la représentation des femmes et la place des salariés administrateurs dans les organes de gestion, ou la création de comités d’audit et de rémunération.

Pour chacun de ces thèmes, le guide propose deux à quatre recommandations. Ces dernières seront non contraignantes, mais Coop de France envisage « un point tous les ans avec le Haut Conseil à la coopération agricole, avec des indicateurs de progrès pour mesurer l’amélioration ».

Ce « guide » s’inspire notamment des travaux des universitaires Xavier Hollandts et Bertrand Valiorgue. Ces derniers, spécialistes des modèles de gouvernance en général et du fonctionnement des coopératives en particulier, avaient proposé en 2016 un « référentiel de bonnes pratiques de gouvernance à destination des coopératives agricoles ».

En proposant ce « guide de gouvernance », Coop de France veut aussi défendre le modèle coopératif à l’heure où le Gouvernement prévoit une ordonnance pour revoir le fonctionnement des coopératives. Ces dernières seront aussi bousculées dans leur fonctionnement par la séparation de la vente et du conseil en matière de produits phytosanitaires. « Nous n’échapperons pas à la volonté du Gouvernement d’une séparation capitalistique », a regretté Dominique Chargé.

Passer de flux poussés vers des flux tirés

Sur le plan économique, les coopératives doivent aussi faire face à une « instabilité forte » et une « compétitivité » mise à mal. « En Europe, qui constitue 63 % de nos débouchés à l’export, on perd des parts de marché. En 15 ans, les parts de marchés des entreprises agricoles et agroalimentaires sont passées de 12 % à 8 %. »

« Nous sommes à un moment de grande transition dans les métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire (…) dans un contexte d’instabilité très marqué », a continué l’éleveur qui était auparavant président de la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) et qui a succédé à Michel Prugue.

Dominique Chargé a expliqué l’apparente injonction paradoxale à laquelle sont soumises les coopératives, engagées dans la compétition mondiale des prix des produits agricoles. Selon lui, elles doivent à la fois retrouver de la compétitivité économique, notamment à l’exportation, tout en répondant aux attentes sociétales d’une montée en gamme environnementale des produits alimentaires, et en respectant le principe démocratique de leur organisation autour du sacro-saint « un homme, une voix ».

Pour y parvenir, elles vont devoir « renverser » leur modèle pour produire en fonction de la demande du marché et non produire en attendant que les ventes se fassent. Selon le leader de Coop de France, de nombreuses coopératives ont déjà commencé ce changement d’approche. « Il faut passer d’une logique de flux poussés vers une logique de flux tirés », a-t-il poursuivi. « Mais il faut aussi que les agriculteurs puissent continuer d’être les maîtres de leurs décisions ». « Nous devons travailler à la fois la compétitivité et la proximité », a résumé Arnaud Degoulet, président de Coop de France Agroalimentaire et président de la coopérative Agrial.