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Comprendre les marchés agricoles

C’est quoi au juste les fondamentaux ?


TNC le 17/07/2020 à 06:04
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Outre les niveaux d'offre et de demande, c'est surtout l'équilibre entre les deux qui est scruté par les analystes. (©Pixabay)

« Les fondamentaux sont plutôt haussiers », « les fondamentaux sont lourds », etc. Les fondamentaux, on en parle souvent au sujet des marchés agricoles. Mais savez-vous exactement de quoi il s’agit ?

Le temps où la France était un marché isolé, où les prix des céréales ne dépendaient pas tellement de ce qui se passait dans les autres pays, est révolu. Depuis plusieurs décennies, notamment avec l’essor des marchés à termes, les échanges se sont libéralisés et les marchés agricoles se devenus fortement intégrés au niveau mondial.

Les principaux produits agricoles étant des produits fortement standardisés, leur origine géographique n’est pas le critère essentiel pour les acheteurs (outre les frais logistique qui sont dans certains cas dissuasifs). Que ce soit du blé français, russe ou ukrainien, un minotier marocain sera content de recevoir sa marchandise, pourvu que le prix soit attractif bien évidemment.

Lire aussi : Marché à terme, CBOT, Matif… : de quoi parle-t-on ?

Les cotations dans de grandes bourses, comme le Chicago board of trade (CBOT) ou Euronext, servent désormais de référence pour fixer les prix partout dans le monde et tant que des barrières physiques ou commerciales n’isolent pas un marché du reste du monde (une taxe à l’import par exemple), les prix domestiques continuent de suivre les prix mondiaux. Ce qui se passe au niveau mondial a donc une forte influence sur les prix qui seront payés aux agriculteurs français.

Les fondamentaux, c’est l’offre et la demande

Pour analyser le marché et pouvoir anticiper l’évolution des prix, l’étude des fondamentaux, qui correspondent à l’offre et la demande, est essentielle, mais c’est surtout l’équilibre entre les deux qui est scruté avec attention. Tout déséquilibre fera varier les prix.

En cas de disponibilités supérieures à la demande, les cours auront tendance à s’affaisser pour stimuler la demande. On parlera alors de fondamentaux lourds, le marché sera baissier. À l’inverse, si les disponibilités ne sont pas suffisamment importantes par rapport à le demande, les prix auront tendance à prendre de la hauteur. Le marché sera haussier et on parlera de fondamentaux tendus ou porteurs. Enfin, si l’offre se situe au niveau de la demande, les fondamentaux seront considérés comme équilibrés, et les variations de prix seront plus modérées.

Mais comme évoqué précédemment, les marchés agricoles sont mondialisés : ce n’est pas parce que la production de blé sera catastrophique en France, par exemple, que les prix vont grimper. Si l’offre en blé est abondante au niveau mondial, une envolée des cours est difficilement envisageable.

De multiples composantes pour évaluer l’offre

L’offre correspond à la quantité de marchandise qui est disponible sur un marché. D’autres termes sont parfois employés, ressources, disponibilités. Mais attention : pour évaluer le niveau de l’offre, s’intéresser seulement à la production dans les différents pays ne suffit pas.  L’offre regroupe également les stocks, qui peuvent s’accumuler ou fondre d’une année sur l’autre, mais aussi les importations.

Ce qu’on appelle « offre » est donc la combinaison de plusieurs éléments : stocks de début de campagne, production et importations.

  • Les stocks

Les stocks de fin de campagne, appelés aussi stocks de report, correspondent à ce qu’il reste en fin de campagne. Ce qui n’a pas été écoulé durant la campagne précédente se retrouve donc en quantité disponible sur le marché durant la campagne suivante. Les stocks de fin se transforment en stocks de début. En blé par exemple, FranceAgriMer estime (au 8 juillet) que près de 3 Mt de blé restent en stock à l’issue de la campagne 2019/20. Les 3 Mt de stocks de blé restant en 2019/20 deviennent donc des disponibilités pour la campagne 2020/21.

Un niveau de stock élevé sera naturellement un frein à l’ascension des prix, tandis qu’un stock bas aura un effet positif sur les prix, surtout en cas de déficit entre l’offre et la demande, qui rendra le renouvellement des disponibilités plus long et pourrait créer des tensions sur l’approvisionnement.

  • La production

Les niveaux de production dans les grands pays producteurs constituent une des grandes inconnues avant chaque début de campagne. Les analyste tentent de prévoir au plus juste les quantités qui seront récoltées, en multipliant les surfaces emblavées par le rendement probable.

Lire aussi : La Russie vers une seconde meilleure récolte de son histoire ?

Quelques mois avant les récoltes, le Weather market occupe les acteurs du marché. En fonction des conditions de cultures, les rendements peuvent varier, ce qui augmente ou baisse la production, provoquant une forte volatilité. Mais les analystes ne tombent pas toujours très juste et des surprises arrivent fréquemment.

Si la production est importante, elle réduira le potentiel de hausse des cours.  

  • Les importations

Les importations s’ajoutent à l’offre. Elles varient selon chaque pays et dépendent de la production qui a été réalisées. En France par exemple, les importations de blé sont très faibles, étant donné que suffisamment de blé est produit. Des importations « incompressibles » sont malgré tout réalisées, de type blé tendre bio, blé de force, etc. D’autres pays, comme l’Égypte, l’Algérie ou le Maroc, n’en produisent pas suffisamment et sont des importateurs structurels.

Par exemple, cette année au Maroc, la production de blé a été particulièrement mauvaise. Alors le pays devra importer davantage de blé pour subvenir aux besoins de sa population. Mais au final, comme pour les exports, on regarde surtout le rythme des importations. Pour une même quantité, des exports qui seraient particulièrement concentrés sur une période plus courte que d’habitude pourraient avoir un impact baissier sur le marché par la suite.

Une demande très diversifiée

La demande correspond à la quantité qui sera demandée par les acheteurs. On retrouve la consommation sur la marché intérieur d’une part, et les exportations de l’autre.

  • La consommation

La consommation est analysée à plusieurs niveaux : les utilisations pour l’alimentation humaine et les industries (biocarburant par exemple), mais aussi les utilisations pour la fabrication d’aliments pour animaux, ainsi que la production de semences.

Chaque produits a ses débouchés spécifiques. En blé par exemple, la plus grande partie est utilisée pour la consommation humaine, tandis que le maïs trouve des débouchés importants dans la filière biocarburant. Il ne faut pas perdre de vue le fait que des substitutions existent entre les différentes céréales. Si le prix du blé est trop élevé par exemple, les fabricants d’aliments du bétail n’hésiteront pas à incorporer davantage de maïs dans les rations, et vice versa.

  • Les exports

Comme les imports, les exports dépendent de ce qui sera produit dans les différents pays. Contrairement à la consommation, les exports peuvent varier de façon considérable. On distingue d’une part les exports vers les pays européens et de l’autre, les exports vers les pays tiers, c’est-à-dire en dehors de l’Union européenne.

Pour un pays comme la France, qui exporte près d’une tonne produite sur deux, maintenir un bon niveau d’export est capital. Le blé français se doit de rester compétitif par rapport aux autres origines.

Si les pays ont généralement leurs débouchés traditionnels, de nouvelles opportunités peuvent parfois émerger. C’est le cas notamment lorsque le prix d’une origine est moins élevé que ceux des concurrents. Une bonne dynamique export aura un effet haussier sur les cours.

Pour surveiller les évolutions des cours des matières premières agricoles, connectez-vous sur Les cotations Agri Mutuel.