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Marchés agricoles

Allier circuits de proximité et exportation


TNC le 18/01/2019 à 11:23
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Filières locales et marchés mondiaux : dans les années à venir, les filières agricoles françaises devront jouer sur ces deux tableaux, qui peuvent paraître antagonistes. La valorisation des différentes productions en dépend.

La valorisation des productions agricoles, un enjeu majeur pour les filières françaises dans les années à venir, s’est retrouvé au centre des débats du dernier colloque de la Fédération du commerce agricole et agroalimentaire (FC2A)(1), fin 2018. Pour y répondre, les produits agricoles français « doivent monter en gamme » ont estimé plusieurs intervenants, notamment le député LREM Jean-Baptiste Moreau ou l’agriculteur Jean-Paul Kihm.

Et cela passe par la diversification des exploitations et le développement des circuits de proximité. Par exemple, des filières comme celle du lin Bleu Blanc Coeur (riche en oméga-3 pour la nutrition animale ou humaine) ou du « blé CRC » (créée en 1990, au départ pour l’alimentation des bébés, cette démarche est devenue une véritable filière en 2000 avec, en 2014, le lancement de la marque « le blé de nos campagnes, 100 % français, 100 % certifié, 100 % responsable ») permettent de s’orienter vers « des marchés plus exigeants ». 

La compétitivité, principale porte d’entrée vers l’export

Si la qualité et les circuits locaux de commercialisation vont dans le sens des attentes sociétales actuelles, ils ne doivent pas occulter l’importance de la performance économique et de la compétitivité des productions agricoles à l’international. En effet, cette dernière est la principale porte d’entrée vers les marchés à l’export. Elle étroitement liée à « l’adéquation entre l’offre et la demande, la logistique et la qualité », a précisé Jean-François Lépy, directeur de Soufflet Négoce. « C’est le socle de l’économie des fermes céréalières françaises. Si nous ne sommes pas compétitifs, ce socle commence à se fissurer » et notre marché national en pâtira.

Ainsi, la qualité des produits est essentielle, à l’exportation comme au niveau local. Quant à la logistique, elle se révèle plus coûteuse que compétitive, en particulier parce que notre pays a commencé à moderniser ses installations portuaires, mais pas suffisamment son réseau de transport fluvial et ferroviaire, a ajouté le directeur du Grand Port maritime de Dunkerque Dominique Lammin.

L’international « n’est pas un débouché mais un vrai marché »

Pour renforcer sa place sur les marchés mondiaux, la France doit également « augmenter le taux de protéines des céréales et diversifier son offre de blés panifiables », selon Yves Le Morvan, responsable filière et produits chez Saf AgriDées. Pour améliorer notre compétitivité, il faut considérer l’export « non comme un débouché mais comme un vrai marché avec des clients et des exigences », a poursuivi Jean-François Lépy. « Il faut produire pour répondre à une demande spécifique », a insisté pour sa part Jean-Paul Kihm, et pas produire et chercher ensuite si l’on pourra vendre à un bon prix. 

Toutefois, cette quête de compétitivité risque d’être remise en question par la loi alimentation qui fait « la part belle à une vision étriquée de l’agriculture », a déploré Frédéric Carré, président de la FC2A, et « alourdit les charges », le tout au détriment des agriculteurs français et au bénéfice des producteurs étrangers, soumis à des règles beaucoup moins strictes.

(1) La Fédération du commerce agricole et agroalimentaire (FC2A) regroupe sept fédérations sectorielles  du  commerce et représente la première mise en marché des productions issues des grandes cultures, des animaux vivants, des fruits et légumes, des pailles et fourrages, des pommes de terre et des légumes secs. Elle intègre aussi l’exportation des grains.