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Développement des protéines végétales

À mi-parcours, des résultats plus qu’encourageants pour Cap Protéines


TNC le 02/03/2022 à 10:43

Mis en place dans le cadre du plan protéines financé par France Relance, le programme Cap Protéines, aujourd’hui à mi-parcours, présente des résultats très encourageants, pour les producteurs d’oléoprotéagineux mieux outillés au niveau de variétés et des itinéraires techniques, tout comme pour les éleveurs qui ont désormais davantage de pistes pour réduire la consommation de tourteau de soja, ont expliqué Terres Inovia et l’Idele, le 1er mars.

Lancé en janvier 2021 dans le cadre de la stratégie nationale, qui ambitionne de doubler la surface agricole française en protéines végétales d’ici 2030 (soit un objectif de 2 millions d’hectares), le programme Cap Protéines finance cinq projets nationaux à hauteur de 20 M€ sur deux ans. « On s’attend, à horizon décembre 2022, à une levée des verrous scientifiques et techniques », a expliqué Rémi Proust, du ministère de l’agriculture, lors de la présentation des premiers résultats du programme le 1er mars, au salon de l’agriculture.

Évaluation de variétés, observatoires, innovations côté oléoprotéagineux

Coordonné par les instituts techniques Terres Inovia et l’institut de l’élevage (Idele), le programme Cap Protéines doit répondre à différents enjeux : massification, diversification d’assolement, solution aux défis climatiques via la réduction d’intrants et des apports azotés par exemple, explique Gilles Robillard, président de Terres Inovia.

Plusieurs résultats ont ainsi été obtenus en un an. L’outil d’aide au choix variétal myVar est maintenant disponible pour trois nouvelles espèces, en plus du colza et du tournesol : lentille, pois chiche et lupin. De plus, 71 % des variétés de lentilles cultivées en France ont été évaluées pour la première fois, tout comme 54 % des variétés de pois chiche. Un observatoire de la qualité des graines de lentille et pois chiche a été créé, et de nombreux observatoires agronomiques sont désormais en place sur le territoire pour acquérir et partager des références. Terres Inovia teste également des itinéraires de rupture sur la culture du colza, avec des semis de variétés de printemps à l’automne, de sorte à lever les verrous aujourd’hui importants sur cette culture.

Du côté du tournesol, alors qu’en Ukraine, gros pays producteur d’huile et de tourteau, la guerre risque de provoquer des ruptures, de très bons résultats ont été obtenus avec la production de tourteau de tournesol à plus de 50 % de protéines sur des tourteaux bien décortiqués et déshuilés, au lieu de 27 % maximum en non décortiqué.  

Enfin, le bio n’est pas oublié, et un ensemble de nouvelles références en tournesol (26 variétés) et en soja (13 variétés) ont été testées et évaluées.

En élevage, réduire les concentrés

Dans le cadre de Cap Protéines, de nombreux essais agronomiques et zootechniques ont été menés, notamment un travail sur les protéines issues du fourrage, explique l’institut de l’élevage. En Normandie, un essai à la ferme expérimentale de la Blanche Maison a confirmé l’intérêt des prairies multi-espèces, riches en luzerne et trèfle, pour l’engraissement des bœufs et des génisses, permettant d’économiser 700 g de concentré azoté par jour.

Une autre expérimentation à Trévarez, en Bretagne, avec des vaches pâturant dans des prairies à 80 % de trèfles a permis d’économiser un kilo de tourteau par jour et par animal comparativement aux vaches laitières restées en bâtiment avec de l’ensilage maïs.

Deux challenges existent, précise l’Idele : réduire la consommation de tourteau de soja en cultivant des légumineuses pures, ou en augmentant la productivité des prairies, ou alors substituer d’autres ressources aux tourteaux de soja. Les leviers techniques sont en train d’être finalisés, salue l’Idele.

Si le programme doit durer deux ans, on sait d’ores et déjà « qu’il y aura un après », souligne Rémi Proust, évoquant le plan d’investissement France 2030 et les stratégies d’accélération, dont un appel à projet « légumineuses » qui ajoutent un financement de 30 M€ dès 2023 notamment pour soutenir l’innovation variétale. La souveraineté protéique est, par ailleurs, l’une des thématiques fortes du PNDAR, le programme national de développement agricole et rural, renouvelé à l’horizon 2027.