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Congrès de la FNSEA

À Dunkerque, la FNSEA attend encore du concret pour les agriculteurs


AFP le 27/03/2024 à 09:05

La FNSEA, qui ouvre mercredi la séquence publique de son 78e congrès à Dunkerque (Nord), appelle le gouvernement à agir encore plus vite et plus concrètement dans les fermes pour sortir la profession d'une crise hors norme.

L’exécutif a déjà fait beaucoup de concessions après les actions virulentes menées par des agriculteurs à partir de mi-janvier, avec la suspension du plan visant à réduire les pesticides, les des aides d’urgence à l’élevage et à l’agriculture bio en passant par la limitation des recours contre les « bassines ». 

Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, qui doit s’exprimer jeudi au congrès, s’attend à un accueil « tonique » mais espère pouvoir « répondre à la crise et à la colère » exprimée par la profession agricole depuis plusieurs mois en détaillant un calendrier du gouvernement sur les mesures âprement négociées.

Un projet de loi d’orientation agricole, en préparation depuis plus d’un an, sera finalement présenté en Conseil des ministres le 3 avril. À la demande expresse de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, ce texte reconnaît notamment l’agriculture « comme un intérêt général majeur de la nation française ».

« On ne désarme pas »

« Ça avance », a reconnu Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, sur RTL mardi. Mais depuis la levée des barrages des agriculteurs le 31 janvier, « il a fallu presque deux mois pour qu’on bouge sur différentes propositions », a-t-il déploré. Le décalage entre les annonces et leur traduction sur le terrain suscite chez les agriculteurs de la frustration, et une défiance à l’égard de la parole politique.

Le 19 mars, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait présenté au Premier ministre Gabriel Attal« cinq blocs » sur lesquels le gouvernement n’était pas « au bon rythme » : le plan de soutien à l’élevage, la question de l’eau et des pesticides, la compétitivité via des mesures fiscales notamment, la trésorerie et les retraites.

« On ne désarme pas tant qu’on ne constate pas concrètement que les choses se mettent en place dans les exploitations », a répété Arnaud Rousseau dans un entretien à La Voix du Nord publié mardi.

« Des concessions ont été obtenues »

Il faut « un peu de bon sens » pour « ramener (la) confiance dans les fermes », a abondé Luc Smessaert. « Arrêter de tailler la haie le 15 mars, ce n’est pas possible quand on n’a pas pu le faire cet hiver, normer le tas de fumier à 2,50 m, c’est juste une aberration. » Le ministère de l’agriculture a bien décidé d’autoriser, à titre exceptionnel, la taille des haies jusqu’au 15 avril dans les zones touchées par les intempéries. Encore insuffisant visiblement pour des agriculteurs, qui réclament des mesures de simplification plus pérennes.

Des concessions ont aussi été obtenues au niveau européen. Les Vingt-Sept ont ainsi approuvé mardi une révision de la Politique agricole commune proposée par la Commission, détricotant les règles environnementales sur les jachères obligatoires, les haies ou les contrôles sur les exploitations.

Accusée de « complaisance »

Les associations de protection de la nature sont consternées. « Ces renoncements sont non seulement sidérants et gravissimes sur le fond, mais ils sont également brutaux et inédits sur la forme : pour la première fois, l’UE décide arbitrairement d’abandonner brusquement des dispositifs qui avaient pourtant fait l’objet de trois ans de négociation fine et complexe », a ainsi déploré Agir pour l’environnement dans un communiqué mardi.

« La France achète sa paix agricole en sacrifiant l’environnement », estime l’organisation qui voit dans le « télescopage » de la décision des États membres et le congrès de la FNSEA « un aveu de complaisance envers l’aile la plus cynique et affairiste de la profession agricole ».

Marc Fesneau saura-t-il convaincre les agriculteurs de ne pas ressortir les tracteurs ? La FNSEA, accompagné des Jeunes agriculteurs, a en tout cas multiplié les échanges avec l’exécutif, laissant souvent à l’écart les autres syndicats agricoles, prompts à accuser l’organisation de « cogestion » avec l’exécutif. Des critiques qui peuvent faire mouche à l’approche des prochaines élections professionnelles, début 2025. La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, s’est montrée particulièrement combative lors de la mobilisation des agriculteurs.