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Mission sur le mal-être des agriculteurs

« Mieux comprendre, mieux connaître et mieux prévenir »


TNC le 11/03/2020 à 08:44
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Le ministre de l'agriculture et le député Olivier Damaisin. (©TNC)

Chargé par le Premier ministre d’une mission parlementaire sur le mal-être des agriculteurs, le député Olivier Damaisin a reçu le 10 mars sa lettre de mission des mains du ministre de l’agriculture, qui a rappelé les objectifs de ce travail de six mois : mieux connaître les causes du suicide en agriculture, pour être en capacité d’éviter plus de drames.

Selon les derniers chiffres disponibles (2015), plus de 600 assurés du régime social agricole se suicident chaque année, mais ces « données sont fragiles », a rappelé le ministre de l’agriculture en remettant, le 10 mars, sa lettre de mission au député du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin (LRem). Le besoin de chiffres et d’éléments factuels pour analyser la situation avec davantage d’objectivité est l’une des raisons qui ont poussé le gouvernement à confier au parlementaire une mission interministérielle sur la prévention et l’accompagnement des difficultés rencontrées par les agriculteurs.

Lire :
– Prévention du suicide en agriculture : une mission confiée à un député LREM
– Pascal Cormery : la pression sociétale, grande responsable de la dépression du monde agricole

Car pour Didier Guillaume qui, à l’instar de François Hollande et de la courbe du chômage, estime que son mandat sera réussi s’il parvient à faire inverser l’augmentation du taux de suicide des agriculteurs, « il faut objectiver le débat », « mieux comprendre la multiplicité de causes, mieux connaître, et mieux prévenir ».

Quatre objectifs principaux

La lettre de mission comporte quatre axes de travail, a par ailleurs expliqué le ministre. Le député devra ainsi suivre et comprendre ce qui pousse les agriculteurs à l’acte, arriver à améliorer la sensibilisation et la formation des organismes chargés d’intervenir auprès des agriculteurs, rendre le dispositif d’identification et d’accompagnement plus efficace et plus lisible, mais aussi comprendre les controverses sur l’agriculture et le rôle que peut avoir l’agribashing sur le mal-être des agriculteurs.

Lire : Agribashing : aux racines du monde paysan

« C’est une mission qui était attendue, et qui aurait dû être faite il y a longtemps », affirme Olivier Damaisin, élu rural et connaisseur des questions agricoles : « il y avait une attente, moi qui suis un élu de terrain, j’ai vu des suicides autour de chez moi, c’est une situation qui est difficile », ajoute-t-il. À la faveur du film « Au nom de la terre », la problématique a été mise sur le devant de la scène. «  On connait presque tous cette situation et on n’a pas les solutions, c’est quelque chose qui m’a vraiment surpris », explique Olivier Damaisin. La mission, d’une durée de six mois, devra aboutir à des recommandations pour mieux accompagner et prévenir le suicide des agriculteurs en difficulté. Il s’agit notamment de mieux comprendre les risques psychosociaux et la pression que connaissent les agriculteurs au quotidien.

Des rencontres sur le terrain

Pour cela, le député va multiplier les rencontres sur le terrain, après avoir profité du salon de l’agriculture pour échanger avec les différentes organisations (syndicats, MSA, coopératives…). Olivier Damaisin va donc se rendre dans toutes les régions, à la rencontre des familles touchées par le drame, y compris « avec les députés de l’opposition aussi, car je veux que ce soit le plus transpartisan possible ».

Une rencontre est également prévue le 23 mars avec le Sénat, qui a été à l’origine d’une proposition de loi sur le suicide des agriculteurs, avant de la retirer.

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