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Vœux 2019 de la FNPL

« Faire appliquer les mesures de la loi Alimentation» aux coopératives laitières


TNC le 24/01/2019 à 05:56
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Dans un contexte national toujours aussi tendu et un marché laitier européen menacé par les conséquences du Brexit, la FNPL s’est donnée comme priorité de défendre une application des mesures de la loi Alimentation « pour l’ensemble des producteurs laitiers », qu’ils fournissent un collecteur privé ou qu’ils soient coopérateurs. L’ordonnance attendue sur les coopératives agricoles et leur gouvernance semble, aux yeux du syndicat, aller dans le bon sens.

Lors de la présentation de ses vœux à la presse, la FNPL a longuement insisté sur la pleine application de la loi issue des États généraux de l’alimentation pour que ses effets bénéficient à « tous les producteurs ». Autrement dit, l’association spécialisée de la FNSEA pour la production laitière entend surveiller de près, en ce début d’année 2019, le texte de l’ordonnance concernant les coopératives agricoles et leur gouvernance, actuellement en cours de rédaction avant d’être soumise à l’aval du Conseil d’Etat dans les tous prochains jours.

« Pendant toute la durée des États généraux de l’alimentation, les représentants des coopératives ont toujours brandi l’exception coopérative pour que les coopératives ne soient pas concernées par les mesures de la loi Alimentation », a expliqué André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. « Il n’y a pas de raison que les coops échappent à ces mesures. »

Le projet d’ordonnance sur les coopératives agricoles actuellement sur la table semble convenir à la FNPL. Pour les dispositions de la loi visant à inverser la construction du prix et ainsi tenir compte des coûts de production des éleveurs, le projet d’ordonnance prévoit un « effet similaire ».

Selon l’ordonnance, la rémunération de l’apport du coopérateur devra non plus être fixée par le conseil d’administration, mais explicitée dans le règlement intérieur de la coopérative.  « Avec cet effet similaire », le règlement intérieur devra dire noir sur blanc comment se calcule la rémunération des apports, confirment les leaders de la FNPL. L’assemblée générale de la coop devra ensuite justifier un éventuel écart négatif entre la rémunération réelle des coopérateurs et la rémunération calculée sur la base des indicateurs. Selon la FNPL, cette nouvelle règle « mettra au clair la performance des coopératives ».

Le syndicat a aussi « envoyé une lettre à toutes des coopératives françaises en décembre dernier afin d’engager un échange sur ce qui va concrètement changer à la suite des États généraux de l’alimentation ».

La FNPL contre les « associations de malfaiteurs »

Outre la sortie imminente de l’ordonnance et du « travail à faire avec les coopératives », la FNPL compte surveiller de près les traditionnelles négociations commerciales entre distributeurs et industriels. « Le prix du lait, au dernier trimestre 2018, était d’environ 330 €/1 000 l. Les annonces pour le premier semestre sont du même niveau, y compris de la part des groupes expliquant que les négociations commerciales se sont bien passées », a expliqué Thierry Roquefeuil. De quoi énerver le syndicat. Rappelons que l’interprofession a calculé un prix de revient moyen du lait à 396 €/1 000 l.

Par ailleurs, les accords bipartites négociés entre certains industriels et distributeurs pour une meilleure valorisation du lait – Intermarché avec Bel et Savencia, Leclerc avec Danone – n’y feront rien : « ces contrats représentent seulement 2 % de la collecte de lait en France ! » « Les éleveurs veulent du concret. Il faudra être combatif car les choses ne vont pas se faire toutes seules », regrettent les représentants syndicaux.

D’ailleurs, selon eux, « les négociations pour les produits MDD n’ont pas changé : les distributeurs ont demandé d’emblée des baisses de tarifs ». Pas question, pour la FNPL, de « rester dans ce schéma d’association de malfaiteurs ! »

Un Brexit menaçant pour le marché laitier européen

Et il n’y a pas que le marché intérieur français qui inquiète les éleveurs. La perspective d’un « no deal » dans le cadre du Brexit, fait craindre un déséquilibre sur le marché européen du lait.

Selon le think tank Farm Europe, l’Irlande mais aussi la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont de sérieux intérêts sur le marché britannique laitier. En valeur, l’Irlande a exporté 718 M€ de produits laitiers en 2017, la France 546 M€ et l’Allemagne 345 M€.

« Un accord de libre-échange du Royaume-Uni avec la Nouvelle-Zélande et avec les États-Unis entraînerait inévitablement une concurrence accrue sur le marché britannique pour les exportateurs des pays de l’UE, ce qui pourrait faire face à une érosion de leur part de marché. » En clair, s’il devient plus difficile d’expédier des produits laitiers outre-Manche, il faudra compenser cette baisse des échanges par de nouveaux débouchés.

« Le Royaume-Uni importe 3 % de la collecte française. Une remise en cause de l’ensemble des importations britanniques de lait ou produits laitiers des pays de l’Union européenne pourrait déstabiliser le marché européen », explique Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL. « Et il ne faudrait pas que le Royaume-Uni devienne la plaque tournante des échanges entre l’UE et le reste du monde.