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Agriculteurs en colère

À Lille : des inspecteurs à la chasse aux produits « francisés »


AFP le 07/02/2024 à 12:51

Miel, fruits, légumes ou huile d'olive : dans un supermarché lillois, deux inspectrices de la répression des fraudes vérifient l'authenticité de l'origine France des produits, des contrôles que le gouvernement veut accentuer en réponse aux manifestations d'agriculteurs.

Dans un rayon, une courge produite en Normandie, selon son étiquette, arbore un label indiquant qu’il s’agit d’un produit local, issu des Hauts-de-France. « Le professionnel a l’obligation d’indiquer l’origine du pays. Par contre, il n’a aucune obligation concernant des mentions sur l’origine locale mais dès lors qu’il l’indique, (…) celle-ci doit être juste, » explique Carine Rosillette, inspectrice principale à la Répression des fraudes.

Les inspecteurs s’assurent que les consommateurs ne sont pas « trompés » par des produits estampillés français, ou laissant croire qu’ils le sont, alors qu’ils sont produits ailleurs, une pratique qualifiée de « francisation ».

Un enjeu lorsque les agriculteurs français appellent à acheter local face à des importations de produits souvent moins coûteux, mais parfois soumis à des normes sociales on environnementales inférieures. « Quand on voit des tomates d’Espagne à 2,85 euros, acheter des tomates françaises, c’est le double du prix », souligne Jean-Louis Prevost, un client sexagénaire.

Melons, poires et tomates

Les contrôles peuvent intervenir chez le producteur, pour vérifier qu’il n’a pas gonflé artificiellement sa production en revendant sous son étiquette des produits importés, chez les négociants ou dans les points de vente. « Nous vérifions particulièrement les produits à forts volumes ou ceux dont la production française et étrangère se chevauchent », dit Marie Suderie, porte-parole de la Direction générale de la concurrence, la consommation et la répression des fraudes (DGCCRF), citant melon, tomates, poires ou pêches.

En 2023, la répression des fraudes a détecté des anomalies dans 40 % des établissements lors des contrôles sur l’origine des produits. Le miel est également surveillé, avec ponctuellement des analyses pour déterminer si les essences de fleurs présentes correspondent à la flore française, ou encore l’huile d’olive, dont les prix montent dans un contexte de baisse de production en raison de la sécheresse.

En revanche, la DGCCRF indique constater peu de « francisation » sur les produits laitiers, en raison notamment de l’organisation du circuit de distribution. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui veut accroître la pression sur les industriels et les distributeurs de l’agroalimentaire, a annoncé le 1er février « 10 000 contrôles sur l’origine française des produits ». C’est le nombre de contrôles menés sur l’année 2023 en matière d’allégations d’origine, indique la DGCCRF.