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Autoconsommation

Valoriser l’énergie solaire pour produire son eau chaude


TNC le 30/09/2019 à 06:04
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Pour laver les installations de traite, pour préparer la buvée des veaux, l’élevage est un gros consommateur d’eau chaude sanitaire. Miser sur le solaire thermique permet d’alléger sa facture tout en respectant l’environnement.

En élevage laitier, la production d’eau chaude pour les lavages est le 2e poste de consommation électrique, après le fonctionnement du tank. « Pour un élevage de 150 vaches, il faut, en moyenne, 730 litres d’eau chaude par jour, cela coûte 1 800 à 2 200 euros par an », chiffre Joanna Herreira, animatrice du programme « éco énergie lait » au GIE Élevages de Bretagne. Les élevages les plus consommateurs en eau chaude sont ceux des veaux de boucherie où l’eau chaude sert à reconstituer la buvée des animaux. « Un atelier de 400 places consommera jusqu’à 4 000 litres par jour. Chauffer l’eau est son premier poste de charges », précise Joanna Herreira.

Pour chauffer cette eau, l’énergie solaire n’attend qu’à être valorisée. « C’est une énergie gratuite avec un potentiel important et connu, souligne Moran Guillermic, d’Atlansun, le chargé de développement du solaire thermique en Bretagne et Pays de la Loire. La chaleur issue du rayonnement lumineux est récupérée par un fluide caloporteur, qui circule dans des panneaux solaires ». Cette transformation thermique est deux fois plus efficace que la production électrique par des panneaux photovoltaïques. Sur un mètre carré, un capteur solaire thermique produira l’équivalent de 350 à 600 kWh/an, contre 120 à 220 pour un capteur photovoltaïque. Ainsi, une installation solaire peut assurer de 40 à 70 % des besoins énergétiques nécessaires à la production d’eau chaude sanitaire. Le solaire thermique permet de préchauffer, voire de chauffer de l’eau, en diminuant ses besoins en énergies fossiles. Cette autoconsommation permet de s’exonérer des variations des coûts de l’électricité.

Autre avantage, le solaire thermique, contrairement à la production d’électricité, permet de décaler le moment de production de celui de la consommation. « L’eau chaude est stockée dans un ballon. Elle est ainsi disponible le matin avant le soleil », souligne Moran Guillermic.

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Un réel intérêt économique

Pour calculer l’intérêt financier et le dimensionnement de son projet, la première étape est de bien évaluer ses besoins en eau chaude. « L’étude de pré-faisabilité évalue ses besoins, met en face l’installation solaire nécessaire et chiffre le projet, explique Claire Barrais, de l’Ademe. Si le projet est surdimensionné, il ne permettra pas de rentabilité économique ». Au-delà du seul coût, un bon dimensionnement améliore la durée de vie en limitant les surchauffes en été et le gel en hiver, et prévient les risques bactériologiques et chimiques causés par une stagnation d’eau chaude. Autre préalable à l’installation, il est recommandé de vérifier le bon fonctionnement global de ses installations. Faire la chasse aux fuites est la première piste pour faire des économies sur sa production d’eau chaude !

Sébastien Sachet, éleveur de veaux de boucherie à Essé (35), a installé 92 m2 de panneaux solaires thermiques qui couvrent, en moyenne sur l’année, 50 à 60 % de ses besoins en eau chaude. Il complète cette production par une chaudière à bois. « Grâce aux panneaux solaires, ce sont 3 à 4 tonnes d’équivalent pétrole qui ne sont pas consommées », apprécie l’éleveur. Son installation lui a coûté 75 000 €. Somme à laquelle il faut déduire 44 000 € de subventions. « Je pense arriver à un retour sur investissement en sept ans », chiffre Sébastien Sachet.

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Les régions proposent des plans d’accompagnement tant technique que financier. Par exemple, en Bretagne, le fonds chaleur alimente un dispositif d’aide à l’investissement qui subventionne jusqu’à 65 % du coût total et à hauteur de 1,10 €/kWh solaire.

Les travaux devront être réalisés par des installateurs agréés et avec du matériel aux normes européennes pour s’assurer de la qualité et de la productivité de l’installation. « Comme pour une chaudière, il faut penser à une vérification annuelle », complète Moran Guillermic. De même, un entretien régulier est nécessaire pour que les panneaux restent propres et donc au maximum de leur capacité de production. « Entretien et vérification annuelle sont des gages de performances et de durabilité », conclut le spécialiste.

En installant 1 m2 de capteur solaire, c’est de 150 à 300 kg de gaz à effet de serre qui ne seront pas rejetés. Le solaire thermique, en limitant le recours aux énergies fossiles, contribue à la fois à l’image d’une agriculture à énergie positive tout en allégeant les factures.