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Prospective

Les conséquences agronomiques du réchauffement climatique


TNC le 11/03/2020 à 16:28
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Pour le blé tendre, les scientifiques s'attendent à une baisse des rendements de l'ordre de - 2 %. (©Pixabay)

Le dérèglement climatique n’est plus une gageure, c’est une réalité, qui touche de plein fouet l’agriculture. Plusieurs conséquences agronomiques sont anticipées par les chercheurs notamment un développement de la rouille jaune, une baisse de la photosynthèse ou encore une modification de la durée du cycle de vie de la plante.

Lors du colloque de l’innovation céréalière, « Phloème » qui s’est déroulé les 29 et 30 janvier derniers, plusieurs effets marquants du réchauffement climatique dans les années à venir ont été mis en avant. Il faut donc s’attendre à une recrudescence d’événements extrêmes qui toucheront toute la France : tornades, sécheresses, fortes pluies, tempêtes, inondations. Les vagues de chaleur seront plus longues en durée et en intensité, tout comme les vagues de froid. Les pluies exceptionnelles d’hiver ne seront plus limitées aux Pyrénées et au Sud-Est. Leur fréquence et leur durée seront augmentées. Par ailleurs, la sécheresse gagnera du terrain : la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie seront particulièrement touchées. La sécheresse d’automne sera plus importante sur la région nord, la printanière et l’estivale s’étendront à toute la France. Enfin, les risques d’incendie vont croître de 40 % au sud et frapperont des zones jusqu’à maintenant non concernées telles que la Sologne et les Landes.

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Aussi certaines conséquences agronomiques de ce réchauffement climatique apparaissent comme inévitables :

  • Avec la sécheresse qui va s’étendre, cela provoquera une rouille jaune quasi généralisée.
  • Le stress hydrique conduira à des pertes de rendement. La demande en eau sera en augmentation et mettra en concurrence, l’agriculture, le tourisme, l’industrie et les ménages.
  • La photosynthèse liée à la production de CO2, gaz à effet de serre, sera impactée. Les plantes absorbent 30 % des émissions de CO2, mais les scientifiques pensent qu’il va y avoir un point de rupture, car l’assimilation du CO2 est corrélée au cycle de l’eau. Lors d’un stress hydrique, les plantes ne peuvent plus absorber autant de CO2. De fait, une augmentation de la température aura des répercussions sur la photosynthèse des plantes de type C3 comme le blé, l’orge, la betterave, la pomme de terre, le tabac et les arbres fruitiers. Toutefois les plantes de type C4 telles que le maïs, la canne à sucre, le sorgho, le mil présenteront un rendement photosynthétique supérieur aux plantes C3. Finalement, tous les rendements seront fortement impactés. L’Ile de France devrait être particulièrement touchée avec des rendements inférieurs de 10 %. Mais, les adaptations des variétés et les modifications des dates de semis devraient limiter cette baisse. Pour le blé tendre, les scientifiques pensent contenir cette diminution à – 2 %.
  • La durée du cycle de la plante se modifiera. Étant donné l’importance du maïs et du blé, le cycle de ces cultures sont particulièrement étudiés. Les cultures d’été verront leur cycle végétatif se raccourcir. Les semis de colza seront décalés et demanderont l’application de nouvelles techniques comme l’irrigation en départ de culture. 
  • De nouveaux insectes herbivores feront leur apparition. Venus de pays lointains, ils proliféreront aisément car dans ces nouveaux territoires qu’ils coloniseront, il n’y aura pas encore de prédateurs.

Les scientifiques cherchent à établir plusieurs stratégies pour limiter l’impact de ces dérèglements climatiques sur l’agriculture. L’une des pistes privilégiées est le développement de cultures plus résilientes, afin de contenir la baisse de revenu des agriculteurs.