Accéder au contenu principal
Agrivoltaïsme

Des panneaux au-dessus des cultures : quels bénéfices pour l’agriculteur ?


TNC le 08/05/2023 à 06:01
fiches_photovoltaic-g6e8c314bb_1920

Après le vote de la loi sur l’accélération des énergies renouvelables, en début d’année, l’agrivoltaïsme est doté d’un nouveau cadre qui devrait permettre aux projets de se développer sur les exploitations. Est-ce pour autant bénéfique aux agriculteurs ?

Concilier production agricole et production d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques placés dans les champs, c’est désormais possible, avec la loi d’accélération du déploiement des énergies renouvelables. Cette dernière définit et encadre mieux l’agrivoltaïsme et ses installations qui doivent utiliser l’énergie radiative du soleil, via « des modules situés sur une parcelle agricole où ils contribuent durablement à l’installation, au maintien ou au développement d’une production agricole ».

En l’attente de la parution des décrets, les projets restent encore aujourd’hui à l’état de pilote, comme chez Sylvain Raison, agriculteur en Haute-Saône, où sa ferme abrite le premier site de production d’électricité suspendu au-dessus d’un champ. Depuis un an, trois hectares de son exploitation sont recouverts de panneaux photovoltaïques mobiles qui s’orientent automatiquement en fonction du soleil et des intempéries, pour préserver au mieux les productions situées en dessous, qu’il s’agisse de l’herbe destinée au pâturage des vaches, ou des grandes cultures.

Des résultats positifs pour les cultures

L’année dernière, c’est la production de soja qui a été testée sous les installations. Le suivi du projet, mis en place par l’entreprise TSE, doit durer neuf ans et permettre de comparer le comportement, la levée, la croissance végétative, les stades de floraison et maturité, etc. à ceux des cultures témoin implantées sur une parcelle juste à côté des parcelles sous ombrières. « Tout le cycle de culture du soja a été mené, sans aucun souci. D’un point de vue qualitatif, on peut dire que les grains sont un peu plus gros et la teneur en protéines plus élevée que sur la partie témoin », explique l’ingénieur agronome de TSE, chargé du suivi de ce projet.

Pour Sylvain Raison, la moisson s’est également déroulée « sans encombre », et les parcelles ont globalement moins souffert de la sécheresse et des températures élevées de l’été dernier. Cependant, « il y a quelques contraintes à travailler entre les poteaux », donc il n’a pas forcément la volonté « de continuer dans le céréalier », a expliqué le polyculteur-éleveur lors d’une table-ronde organisée le 12 avril par AgrIdées.

Retour de valeur et acceptabilité sociétale

Chez Sylvain Raison, l’entreprise TSE a pris en charge l’intégralité de l’installation et de la centrale agrivoltaïque, pour un montant total de 8 millions d’euros, un investissement appelé à diminuer dans les prochaines années pour des projets similaires, mais qui resteront financièrement élevés. En échange, TSE commercialise l’intégralité de la production d’électricité, et l’agriculteur perçoit un loyer qui est fonction de la puissance générée.  

« L’idée de partage de la valeur est fondamental. Ces parcelles doivent rester agricoles, mais elles doivent également produire beaucoup d’énergie dans un contexte de forte inflation des prix, donc le partage de la valeur doit se faire logiquement sur le partage du chiffre d’affaires », explique Mathieu Debonnet, président fondateur de TSE. Une répartition qui convient en tout cas à Sylvain Raison.

Au-delà de la valeur économique, la question de la valeur ajoutée au territoire se pose également pour faire accepter ces projets qui transforment visuellement les paysages. Concernant le projet pilote de la Haute-Saône, « on n’est pas mal tombé, dans la crise énergétique », explique Sylvain Raison. La capacité de production du site, qui correspond à la consommation de 1 300 personnes, a également posé positivement dans la balance, au cœur d’un village qui compte moitié moins d’habitants, indique-t-il.

Pour autant, l’idée que les paysages et cadre de vie les plus impactés sont en milieu rural, alors que ceux qui en profitent sont les urbains, reste ancrée au sein de la population, explique Philippe Vervier, fondateur d’Acceptables Avenirs, une agence spécialisée en acceptabilité sociétale. Si les énergies renouvelables seront nécessairement amenées à prendre de l’ampleur à l’avenir, « il reste un vrai accompagnement à faire, entre l’ingénierie et les dimensions humaines », indique-t-il.