Accéder au contenu principal
Effluents d’élevage

La « micro-métha », la méthanisation pour tous en 15 minutes par jour


TNC le 20/06/2024 à 05:00
Biolectric4

Virginie et Ludovic sont à la tête du Gaec Delcroix-Duflos. (© TNC)

Le Gaec Delcroix-Duflos, dans le Pas-de-Calais, a installé il y a deux ans une unité de micro-méthanisation avec la société Biolectric. Temps de travail, autoconsommation, revenus supplémentaires, environnement préservé… Le premier bilan est positif.

C’est un système bien rodé et autonome, qui œuvre dans un petit rayon de 50 mètres, entre l’étable, le méthaniseur et la fosse à lisier. « Il y a des jours, je ne contrôle même pas », raconte Ludovic Delcroix, qui exploite, aux côtés de sa femme Virginie, le Gaec Delcroix-Duflos à Beussent, dans le Pas-de-Calais. Il y a deux ans, le couple a installé une unité de micro-méthanisation alimentée par le lisier de la ferme, en partenariat avec la société belge Biolectric, le leader en France de ce secteur. Une journée portes ouvertes, organisée sur l’exploitation mi-juin, est l’occasion d’un premier bilan.

« Nous avons eu le permis rapidement, j’en étais même étonné », se souvient Ludovic. « Le trajet administratif prend un an en moyenne. Ce sont des petites structures. C’est plus souple », souligne Alexandre Bodson, représentant Biolectric pour les Hauts-de-France. L’entreprise prend en charge les démarches, notamment le contrat de revente sur 20 ans, tarif minimum garanti soumis à l’inflation, avec EDF. Le prix actuel est de 20 centimes le kW. « Il est élevé car, contrairement au solaire, nous produisons autant à midi qu’à minuit, et EDF valorise cela », poursuit le représentant.

Deux racleurs, un robot et un à corde, alimentent la pré-fosse en lisier. (© Terre-Net Média)

Ludovic et Virginie ont opté pour une unité de 33 kW. La philosophie de Biolectric, « c’est d’aller à la ferme, de regarder le lisier disponible et de s’adapter ». Au Gaec Delcroix-Duflos, le cheptel s’élève à 130 laitières, un troupeau mixte Holstein et Montbéliarde. Biolectric écoule principalement trois modèles : 22 kW (120 vaches, 10 m3 de lisier par jour, 176 000 kW par an), 33 kW (150 vaches, 15 m3, 265 000 kW) et 44 kW (jusqu’à 200 vaches, 340 000 kW). « Si l’on prévoit d’étendre son cheptel, il faut se laisser de la marge. Nous ne pouvons pas agrandir les unités une fois installées », précise Alexandre Bodson.

La 22 kW coûte 200 000 € (amortie entre 7 et 9 ans), la 33 kW 240 000 € (entre 6 et 8 ans) et la 44 kW 280 000 € (entre 5 et 7 ans). « La production en série permet de diminuer les tarifs », avance Biolectric. Le contrat du Gaec avec EDF est flexible, autoconsommation et revente. « Nous consommons juste entre 7 et 8 % de la production pour faire tourner le méthaniseur », détaillent Ludovic et Virginie. Avec cette abondance d’énergie, ils comptent investir dans trois robots de traite d’occasion, qui consomment plus que des neufs. « On peut se le permettre », sourient-ils.

La taille de la structure reste raisonnable sur l’exploitation. (© Terre-Net Média)

Le montage de la « micro-métha » ne prend « qu’un ou deux jours ». Deux racleurs, un robot et un à corde, alimentent en lisier la pré-fosse plusieurs fois par jour. La matière, fraîche, conserve ainsi tout son pouvoir méthanogène. Il est possible d’ajouter jusqu’à 10 % d’éléments solides, du maïs pourri, des pulpes inutilisées… « Cette matière non digérée apporte un coup de fouet au mélange. L’idée, c’est de faire avec ce que l’on a sous la main, pas de produire spécialement. Le lactosérum est, par exemple, bienvenu », explique Alexandre Bodson.

La matière est ensuite pompée via un tuyau souterrain jusqu’au digesteur (maintenu à 40°) où elle fait son œuvre, avant d’être évacuée sous forme de digestat vers la fosse de l’exploitation. L’entretien est minimal. Une vidange du moteur, un Kubota 4 cylindres, qui entraîne la génératrice est requise toutes les 800 heures. Le méthaniseur est en inox, avec 8 cm d’isolation. « Cela permet d’intervenir plus facilement qu’avec du béton », assure Alexandre Bodson.

Un moteur alimente la génératrice qui produit électricité et chaleur. (© Terre-Net Média)

L’installation est fournie obligatoirement avec un contrat de maintenance, qui garantit notamment un fonctionnement de 8 000 heures par an. « Toutes les micro-métha en ont un. De toute façon, nous n’assurons plus sans, tranche Camille Lecerf, représentante de Groupama. Nous intervenons aussi pour conseiller lors de l’implantation, pour limiter les risques. Un exploitant voulait absolument coller son méthaniseur à côté d’un bâtiment avec 800 000 € de lin dedans. Nous ne l’avons pas suivi… »

Ludovic et Virginie se félicitent aujourd’hui de leur investissement. « Le lisier qui allait de l’étable à la fosse fait maintenant une étape par le méthaniseur, tout simplement. Cela procure de l’énergie, c’est un revenu, c’est bon pour l’environnement… Et tout cela sans beaucoup de travail supplémentaire », concluent-ils.