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Bien-être animal

Des ONG réclament l’arrêt des exportations de bétail hors UE


AFP le 15/11/2019 à 15:58
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 L'année dernière, les pays tiers du pourtour méditerranéen ont importé 2,8 millions de bovins vivants, soit deux fois plus qu'en 2012 indiquent les ONG. (©TNC)

Des ONG ont dénoncé vendredi l'exportation d'animaux d'élevage français hors d'Europe, vers des pays du Maghreb et du Moyen-Orient où, selon elles, les conditions d'abattage ne sont pas encadrées et où les animaux sont maltraités.

Quelque 80 000 bovins et ovins français sont exportés chaque année hors d’Europe, vers l’Algérie, le Liban, le Maroc, la Tunisie ou Israël, « où l’absence d’infrastructures de lois de protection animale conduit à des scènes d’abattage d’une violence inouïe », estime l’ONG Welfarm. Dans une vidéo jointe au communiqué de l’ONG Animals international, on peut voir des bovins pendus par les pattes ou agrippés par les orbites avant d’être égorgés.

« Nous cautionnons à l’étranger des choses que nous interdisons sur notre propre territoire. C’est une hypocrisie que la France ne peut plus se permettre », estime Adeline Colonat, chargée de la campagne contre l’export d’animaux vivants chez Welfarm, citée dans le communiqué.

Les ONG se réfèrent au code rural, à l’arrêté de 1997 relatif aux conditions de mise à mort des animaux ou à la réglementation européenne en matière d’abattage : « tous les textes en vigueur en France s’opposent à ces pratiques. La France exporte des animaux vers des pays dont la majorité des abattoirs n’ont pas les infrastructures nécessaires pour respecter les normes établies par l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE) », dénoncent ces ONG.

Ce commerce d’animaux d’élevage vivants aurait rapporté, selon elles, quelque 118 millions d’euros à la France en 2018.

Dans une lettre adressée au Premier ministre, les ONG Welfarm, Animals International, L214, CIWF, la Fondation Brigitte Bardot, la Fondation Droit Animal, ainsi qu’Ethique et Sciences et Eurogroup for Animals, demandent en conséquence « de suspendre les exportations d’animaux vivants vers les pays tiers » et de les remplacer par des exportations de carcasses découpées en France.

« L’année dernière, les pays tiers du pourtour méditerranéen ont importé 2,8 millions de bovins vivants, soit deux fois plus qu’en 2012 », affirment les ONG signataires.

Lire aussi : Bétail exporté par mer en pleine canicule : la Roumanie fait fi de l’UE

Ces destinations restent toutefois extrêmement minoritaires, se défend Interbev, l’interprofession des viandes en France : « 94,75 % des envois de bovins vivants se font vers l’UE. Ainsi, les exportations de bovins vivants vers l’Italie et l’Espagne correspondent à plus de 90 % des envois », a indiqué la direction d’Interbev à l’AFP.
La 3e destination, l’Algérie qui représente 3,39 % du marché, « est aussi la 1ère destination parmi les pays tiers », ajoute Interbev. « En ce qui concerne les ovins, il s’agit majoritairement d’exports lorsque la production est forte en France. Sinon la France importe 56 % de l’agneau qu’elle consomme. En 2018, l’Espagne représente 92 % des envois et l’Italie 7 %. »

Valeur ajoutée et emplois en jeu

Toutes destinations confondues (UE comprise), la France est le premier exportateur européen de bétail, souligne Gabriel Paun, responsable Europe d’Animals International, contacté par l’AFP.

L’importation d’animaux vifs par les pays du pourtour méditerranéen s’explique principalement par leur « volonté de vouloir conserver des emplois et de créer de la valeur ajoutée », indique l’interprofession, pour qui « cela permet de maintenir l’activité d’engraisseurs, d’abatteurs mais aussi de valoriser le 5e quartier (cuirs, abats…), ainsi que « de maîtriser le système d’abattage ». « La France s’est impliquée pour qu’un observatoire des normes internationales, y compris sur le bien-être animal, placé au sein de l’OIE, puisse être créé », a indiqué le ministère de l’Agriculture, contacté par l’AFP. Cet observatoire, qui existe depuis 2018, « sera prochainement opérationnel », a précisé le ministère.

« Tout ce qu’on voit dans la vidéo contrevient aux pratiques halal, à la loi française et aux règlements de l’OIE » (Organisation mondiale pour la santé animale), estime M. Paun. « Nous pensons que les paysans français ne savent pas où vont ces animaux, ils veulent juste se débarrasser des animaux dont ils ne peuvent s’occuper », ajoute-t-il. Pour lui, cette situation est avant tout imputable au gouvernement français qui a « échoué à soutenir les agriculteurs et à créer un marché intérieur fort ».