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Agriculture biologique

« Le bon moment » pour se lancer en grandes cultures bio


TNC le 21/11/2022 à 10:05
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Avant de s'engager en bio, le principal point d'attention à avoir reste la recherche des débouchés de production. (©TNC)

Si on observe un ralentissement de la demande en produits bio et des conversions, Jean Champion de la chambre d'agriculture de la Drôme souligne une différence des impacts selon les secteurs. La filière grandes cultures n'est, par exemple, pas la plus impactée, ce serait même « le bon moment » pour engager la conversion de son exploitation, selon le conseiller. Il nous explique et rappelle aussi les principaux points d'attentions à avoir en tête avant de se lancer.

On observe depuis quelques mois un ralentissement de la consommation des produits bio en France, qui impacte plus fortement certaines filières que d’autres (lait, œufs).. Celle des céréales n’est pas la plus touchée, note Jean Champion, conseiller spécialisé grandes cultures bio à la chambre d’agriculture de la Drôme lors d’une interview réalisée sur le stand « Osez la bio » au Sima. Les marchés sont plutôt bien en place, et les différents acteurs de la filière jouent le jeu du local et du français… On n’a pas forcément de gros impacts de cette baisse de consommation à ce niveau aujourd’hui. »

« La consommation bio va reprendre » 

Avec une plus forte valorisation des cultures conventionnelles cette année, on observe toutefois un ralentissement des conversions à l’agriculture biologique. Pour Jean Champion, « cela reste assez conjoncturel et lié aux crises internationales importantes. Il ne faut pas se mettre en tête que c’est une situation fixe : la consommation bio va reprendre et donc le développement de l’agriculture bio aussi », estime le conseiller. « Il n’y a pas de raison de se freiner volontairement à convertir son exploitation si on le souhaite. […] Je suis plutôt confiant sur une reprise de la dynamique. »

« Si on regarde au niveau économique et un peu dans l’extrême, il serait même pertinent de se lancer en ce moment en bio, pour profiter des cours conventionnels actuels ». Les cultures étant valorisées en conventionnel lors des deux premières années de conversion. « Dans la logique de se dire que d’ici quelques années, les cultures biologiques seront toujours bien valorisées. La conversion se passera plus facilement et ensuite la dynamique aura repris. »

Que faut-il avoir en tête pour une conversion ? 

Pour les agriculteurs qui réfléchissent à une transition vers l’agriculture biologique, Jean Champion rappelle : « cela reste avant tout une conversion psychologique. Avant de s’engager, l’agriculteur doit bien prendre en compte tous les tenants et les aboutissants du mode de production biologique et ce que cela implique en termes de modification du système de production. »

« Une fois que la décision est prise, il y a aussi le challenge technique, qui est toutefois un peu plus limité qu’auparavant. On a aujourd’hui accès à beaucoup de ressources, de matériels et des réseaux pour un appui technique et économique dans cette phase de conversion ». 

Sur le plan technique, le conseiller met en avant deux points d’attention en particulier : 

  • Le désherbage des cultures : « pour cela, il y a le recours au désherbage mécanique, mais avant tout la modification de la rotation et la diversification des cultures. »
  • La fertilisation : « c’est le « nerf de la guerre » en systèmes bio. Selon les régions, les ressources en matières organiques utilisables en bio ne sont pas forcément très importantes, s’il n’y a pas de zones d’élevage à proximité, et cela peut entraîner des complications… ».

Enfin, « le point principal de la conversion à l’agriculture, qu’il faut anticiper le plus avant de s’engager, selon Jean Champion : c’est la recherche de la valorisation des cultures et des débouchés. Comment vendre ses productions et à qui ? La situation est, là encore, plus ou moins facile selon les régions. On a des secteurs où la bio s’est développée de manière historique, où les filières sont organisées depuis longtemps, exemple dans la région Rhône-Alpes. Mais ce n’est pas partout… Dans certains cas, les agriculteurs doivent encore réaliser ce travail de recherches de débouchés ».