Accéder au contenu principal
Chez P. Levavasseur, éleveur (76)

Une stratégie volume qui fonctionne à l’optimum


TNC le 29/04/2022 à 06:02
fiches_philippe-levavasseur-1

Installé depuis 15 ans sur la ferme familiale, Philippe Levavasseur élève une centaine de vaches laitières en Seine-Maritime. (©TNC)

À l'EARL des Fresnes (76), Philippe Levavasseur élève une centaine de vaches laitières et toute leur suite pour le renouvellement et le produit viande. Un atelier saturé bien ancré dans son système.

« On est sur un système intensif. Le volume n’est pas une fin en soi, mais c’est une stratégie qui fonctionne à l’optimum dans mon système. » Philippe Levavasseur ne rougit pas de parler d’intensif quand la tendance est plutôt à « l’extensification » des élevages. Il trait une centaine de vaches laitières pour une référence d’un million de litres, et exploite 200 ha de SAU.

Un atelier lait saturé

« Le bâtiment est plein, la salle de traite aussi. On pourrait imaginer un système moins saturé, mais pour produire le même volume il faudrait plus d’animaux, plus de places, et changer le système fourrager. Aujourd’hui, on a un bon couplage entre l’élevage et les cultures. »

Les vaches laitières sont en logettes paillées sur le site principal de la ferme, tandis que les élèves et la viande sont sur un second site. (©TNC)

60 % du chiffre d’affaires de l’exploitation est fait sur l’atelier lait. « Ici, la Prim’holstein s’exprime pleinement, affirme l’éleveur. C’est un système simple mais productif. La ration (complète) s’adapte au stade de lactation. » Car en effet, les vêlages sont groupés du 15 mai au 15 décembre. L’objectif, c’est que toutes les taries soient conduites au pâturage avec des vêlages en pâture. L’éleveur a même aménagé un paddock de vêlage.

Ration oct-déc. Ration fév-mars (stade de lactation plus avancé)
4,5 kg tourteau de colza

1,5 kg tourteau tanné

800 g farine de maïs

8-9 kg ensilage d’herbe et luzerne

3 kg enrubannage luzerne

5 kg pommes de terre

8 kg betteraves fourragères

24 à 29 kg de maïs
(pour atteindre 55-60 kg brut de ration)

3,5 kg tourteau de colza

1,2 kg tourteau tanné

Arrêt de la farine de maïs

10 kg ensilage d’herbe et luzerne

4,5 kg enrubannage luzerne

3 kg pommes de terre

4 kg betteraves fourragères

Le reste en maïs
(idem : 55-60 kg brut de ration total)

Après (avril-mai-juin) : même ration que février-mars avec un nombre de parts qui diminue au profit du pâturage (et arrêt de la betterave en mai).
L’éleveur distribue une ration complète via la mélangeuse partagée avec des voisins (avec qui il commande notamment de l’aliment de façon groupée). (©TNC)

Des vêlages du 15 mai au 15 décembre

Au printemps donc, le troupeau est divisé en deux lots :

– Les VL à moins de 100 j de lactation : elles ont accès aux 18 ha de prairies accolés au bâtiment afin de continuer à leur distribuer une ration maïs à l’auge.

– Les VL à plus de 100 j de lactation : conduites en 100 % pâturage tournant sur un bloc d’une dizaine d’hectares un peu plus éloigné.

« À la traite, on passe les débuts de lactation en premier puis on les sort pour passer le deuxième lot. Quand tout le monde a vêlé, on rassemble les vaches pour ne faire plus qu’un seul et même lot. »

Les veaux sont mis en cases individuelles trois semaines, puis en collectif. « L’objectif c’est que tous les veaux sachent boire à Noël. » Ils partent à deux mois sur le second site de l’exploitation, à 9 km du corps de ferme principal, et les génisses reviennent ensuite prêtes à vêler.

Avec des vêlages en 100 % pâture, l’éleveur a installé une maternité extérieure. (©TNC)

Objectif : 80 €/1 000 l de produit viande

À l’EARL des Fresnes, quasiment tous les animaux sont élevés, mâles et femelles. « J’insémine en semences sexées pour le renouvellement et en croisement pour valoriser le produit viande au maximum », explique Philippe qui élève donc :

– 40 génisses de renouvellement (via l’IA sexée sur les primipares et multipares à + de 140 ISU – les quelques mâles étant vendus à 15 jours),

– 12 mâles Prim’holsteins qui seront vendus en taureau pour la génétique, ou en taurillons à 15 mois (forfait 200 € + 2 €/jour de vie),

– Le reste (mâles castrés et femelles) en croisés, principalement en Blanc Bleu et plus récemment en croisement Angus ou Hereford pour la filière Herbopack de Charal.

Cette dernière catégorie est conduite de façon extensive (0 concentré) dans l’objectif de valoriser l’herbe des prairies éloignées et/ou en pente. « Les croisés Angus ou Hereford partent en contrat à 1 500 €, et je valorise le reste des croisés à 1 700 € de moyenne. C’est une stratégie qui demande un suivi régulier mais qui génère un produit viande intéressant. On n’a pas encore atteint les 80 €/1 000 l, mais c’est l’objectif ! »