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Lait et produits laitiers

Une hausse du prix de 5 à 7 % sera nécessaire, pour la Coopération laitière


TNC le 07/09/2021 à 16:00
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Si les coopératives laitières poursuivent leur engagement en matière de transition écologique, de réponse aux attentes sociétales et de dynamique des territoires, la valorisation produit n’est pas au rendez-vous des efforts fournis, alerte la Coopération laitière. La loi Egalim a permis leur augmentation, mais cette tendance doit se poursuivre, notamment dans un contexte de hausse exponentielle des prix des matières premières.

Dans une dynamique de restructuration depuis une dizaine d’années, les coopératives laitières françaises travaillent à rester compétitives, tout en répondant aux nombreux défis actuels. Représentant 55 % de la collecte laitière nationale (13,4 milliards de litres), et 45 % de la transformation, elles réalisent 23 % de leur chiffre d’affaires à l’export. Contrairement aux autres pays européens, le choix a été fait, en France, d’orienter davantage la production vers la valorisation et de contractualiser à la fin des quotas laitiers. « Sur la période récente, le revenu des éleveurs s’est plutôt stabilisé en France là où il a augmenté en Europe du Nord », a expliqué Benoît Rouyer, économiste au Cniel, lors de la conférence de presse de rentrée de la Coopération laitière, le 7 septembre.

Cependant, ces résultats, qui ne prennent pas en compte les premiers effets de la loi Egalim, ni de la segmentation, seront « à jauger sur une plus grande période », estime Damien Lacombe, président de la Coopération laitière. Par ailleurs, si les parts de marchés sont difficiles à prendre et à conserver au niveau européen, les exportations se développent sur les pays tiers.   

Des efforts insuffisamment valorisés

En réponse à une demande forte de transparence de la part des associés coopérateurs, notamment sur la question du prix du lait, la Coopération laitière a engagé de son côté une démarche pour encourager les coopératives à évoquer un prix d’objectif de l’année. « Ce sont 60 % de la collecte coopérative pour lesquels les assemblées générales avaient apporté une vision de ce prix d’objectif », explique Damien Lacombe. 

Parallèlement, la filière et les éleveurs sont engagés dans des pratiques et des démarches pour répondre à des objectifs environnementaux exigeants, et aux demandes sociétales, que ce soit en matière de segmentation (lait sans OGM, bio…) ou à travers le plan de filière France Terre de Lait. L’interprofession s’est en effet donné pour objectif de réduire de 17 % l’empreinte carbone du lait en sortie d’usine, une gageure sachant que 85 % de l’empreinte carbone du lait se trouve sur l’exploitation. « Les coopératives sont impliquées sur ce dossier, à travers le financement des diagnostics, la formation de techniciens, la communication auprès des éleveurs… mais au bout, il y a forcément le sujet de la rémunération », souligne Damien Lacombe.

13 à 15 € de plus aux 1000 l, mais qui ne suffisent pas

« Si on n’est pas capable de reconquérir un peu de valeur ajoutée sur nos produits, on aura beaucoup de mal à faire face à ce qui s’impose à nous en matière d’environnement, de réglementation européenne et française », explique Damien Lacombe, citant par exemple la diminution du plastique qui va poser problème dans certaines filières comme le lait de consommation et les yaourts. La hausse des prix des matières premières, depuis le début de l’année, contribue également à l’explosion des charges.

« Quand on est une coopérative, tout cela nous impacte et impacte le revenu des producteurs à l’arrivée », souligne le président de la Coopération laitière. « Il faudrait une progression de 5 à 7 % (sur les produits vendus par les industriels à la distribution) pour combler la hausse des matières premières sur toute la chaine de valeur », ajoute-t-il. Cette année, l’augmentation du prix du lait devrait au final approcher les 13-15 €/1 000 litres, pour ce qui est du lait payé par les coopératives, mais « cela compense à peine la hausse des coûts de l’alimentation dans les exploitations », précise Damien Lacombe.

S’il compte sur l’adoption de la loi Egalim 2, le président de la Coopération agricole estime aussi que les distributeurs doivent changer d’état d’esprit. « Ce n’est pas le rôle de la grande distribution d’offrir des produits permettant aux plus démunis de vivre normalement, c’est un sujet à traiter de manière différente, notamment en poussant le sujet de l’aide alimentaire beaucoup plus loin. Sinon on ne pourra jamais déconnecter celui de l’inflation des négociations commerciales actuelles », insiste-t-il. Ni attirer des jeunes dans ces métiers du lait, alors que d’ici 10 ans, la moitié des éleveurs laitiers auront pris leur retraite…