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Entérotoxémie

Un simple déséquilibre intestinal peut provoquer la mort brutale des bovins


Santé animale le 14/02/2018 à 19:09
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L’entérotoxémie est une maladie bactérienne causant la mort subite des bovins. Un simple déséquilibre de la flore intestinale peut engendrer cette pathologie (changement de ration, mise à l’herbe, vermifuge…). Des mesures préventives existent : l’éleveur peut veiller à éviter tout facteur de risque mais il peut également vacciner ses animaux.

L’entérotoxémie est à ce jour la cause majeure de mort subite en élevage bovin. Elle est due à l’action pathogène de certaines bactéries qui prolifèrent dans l’intestin et produisent des toxines. Non contagieuse, cette maladie peut toucher des animaux de tout âge et de toute race même si elle semble affecter davantage les races à viande. Focus sur cette maladie encore mal diagnostiquée :

Les bactéries à l’origine de cette maladie sont également présentes à l’état normal dans l’intestin des animaux. Il s’agit principalement de Clostridium perfringens (et plus rarement de Clostridium sordelli) dont la quantité augmente anormalement. De nombreuses causes peuvent engendrer une modification de la flore intestinale : un changement trop brutal de la ration, un sevrage ou une mise à l’herbe sans transition, un déficit d’abreuvement, un vermifuge, un stress, etc. Ces perturbations vont permettre aux Clostridies de se développer et de dominer les autres bactéries.

Selon une thèse vétérinaire, l’équilibre de la flore se modifie très rapidement : « le nombre de Clostridium perfringens va doubler en théorie toutes les 10 minutes » (Émilie Peyre, 2009). En se développant, les bactéries sécrètent des toxines qui sont absorbées par la muqueuse intestinale créant ainsi des lésions. Ces lésions peuvent causer la mort subite d’un animal qui était pourtant en bon état.

La vétérinaire cite différents signes cliniques : abattement, inconfort abdominal, anorexie, colique, diarrhée, convulsions. Enfin, « dans tous les cas, l’évolution de la maladie dure à peine  plus de quelques heures et le taux de mortalité approche les 100 % chez les animaux atteints ».

Une autopsie ainsi qu’une recherche bactériologique permettent de confirmer le diagnostic émis à partir des signes cliniques observés. L’autopsie permettant d’identifier les lésions sur les organes touchés doit cependant être réalisée le plus tôt possible après la mort de l’animal car l’envahissement de l’organisme par les bactéries est très rapide et le cadavre s’abîme très rapidement.

Au vu de la rapidité de propagation de la maladie, aucun traitement ne s’avère suffisamment efficace à ce jour. Cependant, une bonne prévention permet d’éviter les risques. Cela passe par une surveillance pour éviter les différents facteurs de risque mais une vaccination peut aussi être envisagée.

Le vaccin doit être orienté contre la bonne toxine

Pour rappel, les Clostridies synthétisent des toxines qui détériorent les parois intestinales. La vaccination agit alors en prévention en induisant la production d’anticorps neutralisant ces toxines. Néanmoins, il n’existe pas une seule mais plusieurs toxines différentes. D’après le docteur vétérinaire Émilie Peyre, le type A est le plus rencontré et serait responsable de nombreux cas d’entérotoxémies chez toutes les espèces et dans le monde entier, les types B, C et E sont plus rares et concernent principalement les veaux et le type D est principalement associé à une forme particulière de la maladie rencontrée en Amérique du Sud. Le protocole de vaccination dépend alors de l’animal (adulte ou veau) et du vaccin choisi.

Enfin, que les animaux soient vaccinés ou non, l’éleveur doit éviter les facteurs de risque comme la suralimentation, les changements brutaux de ration et toute cause de stress. Le docteur vétérinaire Christophe Manteca publiait en 2007 dans le bulletin des GTV : « Si  plusieurs  cas  d’entérotoxémie surviennent brutalement, il faut tout d’abord favoriser l’accès à une eau potable et augmenter  la  proportion  de  fibres  dans  la  ration. »