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Reproduction

Six conseils pour choisir son taureau de monte naturelle


TNC le 30/05/2023 à 05:02
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En plus d'apprécier la conformation de l'animal, il est indispensable de se renseigner sur les index relatifs aux qualités maternelles. (© TNC)

Si quelques bons taureaux peuvent améliorer drastiquement la génétique d'un troupeau, un mauvais choix suffit pour la détériorer. Et les conséquences économiques peuvent être lourdes. Pour les éviter, Christophe Dagouneau, conseiller bovin allaitant, nous livre ses astuces.

« Choisir un reproducteur, c’est la base de l’élevage », introduit Christophe Dagouneau conseiller spécialisé en bovin allaitant à la chambre d’agriculture de la Nièvre. « Un taureau à lui seul peut faire monter le niveau génétique de tout un troupeau ». Mais encore faut-il savoir quelles orientations donner à son cheptel.

1. Identifier ses besoins

En règle générale, les aspirations des éleveurs sont assez semblables : « dans le bassin charolais, les attentes tournent autour de la facilité de naissance ». En bref, la mode est aux petits veaux, qui plus tard donneront des vaches qui vêlent facilement. Mais la tendance s’oriente aussi vers des vaches un peu moins lourdes. « Les Charolaises de 800 kg ont moins la côte que par le passé. On est plus sur des modèles de 720 kg », poursuit le conseiller. La succession d’années sèches ne pousse pas les éleveurs dans une course au poids, même si certains restent passionnés par le développement musculaire ou squelettique.

Car la sélection est affaire de compromis. Développement musculaire et qualités maternelles sont souvent assez antagonistes. « Quand on met trop de viande, on perd en qualité maternelle », explique le conseiller, qui préfère la mixité. L’essentiel est donc de se positionner.

2. Consulter les index

Une fois les caractères d’intérêt identifiés, reste à évaluer les prétendants. Pour bien les choisir, il faut de l’information, et si possible certifiée. « Mieux vaut rechercher des animaux issus de la base de sélection », estime Christophe Dagouneau. « Cela permet d’avoir des bovins dont la généalogie a été validée à l’état civil ». En effet, le certificat de parenté des bovins permet d’attester de l’ascendance de l’animal pour évaluer leur potentiel de reproducteur, ainsi que celui des parents.

Choisir des éleveurs adhérant au contrôle de performances est un plus. « Le poids de naissance, les poids à âge type ainsi que les conditions de vêlage sont autant d’éléments qui permettent l’indexation des animaux. » Enfin, pour les férus de génétique, l’achat d’animaux certifiés représente une sécurité supplémentaire (conformité à la race).

Il suffit d’un taureau pour altérer une génétique

« Je vois beaucoup d’éleveurs aller chercher le meilleur broutard chez le voisin… Mais un beau broutard n’est pas forcément un bon géniteur », avertit le conseiller. S’il est possible d’apprécier le développement musculaire d’un veau mâle, quid de ses qualités maternelles ? « Et il suffit d’un mauvais choix pour faire décliner un troupeau », rappelle le conseiller.

3. S’essayer à la génomique ?

Sans être un pro de la génétique, l’analyse du génome permet d’identifier des gênes d’intérêt, comme le gène culard. « C’est intéressant chez des éleveurs qui recherchent de la facilité de naissance. En éliminant les taureaux porteurs du gène, on diminue le risque de césariennes. » Dans le même registre, les homozygotes sans corne sont également très recherchés.

Identifier les gènes d’intérêt est également une manière de se prémunir des anomalies génétiques propres à chaque race. Le « Blind » (qui provoque la cécité des bovins), et l’Ataxie (qui entraîne une paralysie progressive de l’animal), sont deux gènes récessifs, qu’il est possible d’éviter via l’utilisation de taureaux homozygotes non porteurs. 

4. Intégrer l’aspect sanitaire

Acheter un reproducteur, c’est introduire un nouvel animal sur l’exploitation. Mieux vaut donc songer à tester l’animal à l’entrée, et ne pas se limiter aux maladies obligatoires. Le dépistage BVD est donc un plus. « C’est même le minimum », estime Christophe Dagouneau. Les tests pour la paratuberculose, néosporose, fièvre Q ainsi que besnoitiose peuvent aussi être conseillés. Et à l’arrivée de l’animal, la quarantaine s’impose : « vous avez beau avoir un super taureau, s’il vous ramène une maladie il ne va pas vous faire gagner grand-chose ! », tranche le conseiller.

5. Evaluer la docilité

Avec des troupeaux de plus en plus importants, les éleveurs se doivent d’avoir des animaux dociles. « Il y a des index pour cela », rappelle Christophe Dagouneau. COMPsev et RAECsev donnent une indication sur le comportement des animaux. Mais le conseiller l’admet : « c’est toujours difficile d’évaluer la docilité d’un taureau, il peut devenir méchant d’une année à l’autre ».

« En race limousine, le comportement est le premier critère observé à l’arrivée des animaux en station. Ils les mettent dans une case, et si l’animal s’agite ou souffle, il est recalé ».

Quoi qu’il en soit, autant privilégier des animaux avec lesquels le premier contact se passe bien. « A la première rencontre, on doit se rendre compte du caractère sauvage de l’animal. Si lorsqu’on l’approche, il va au fond du pré, c’est mauvais signe ! »

6. Ne pas oublier les fondamentaux

Peu importe le potentiel génétique de l’animal, ce dernier doit être en état de remplir ses fonctions de reproducteur. L’appareil génital doit être en bon état de marche, et la semence de qualité. Comme garantie, certains vendeurs proposent des tests de qualité de la semence : une manière de s’assurer de la fertilité de l’animal.

Les aplombs comptent également parmi les éléments essentiels, notamment les pattes arrière. Ce sont elles qui permettent à l’animal de se dresser durant la saillie. Pour les vérifier, mieux vaut observer l’animal sur une surface plane afin de pouvoir en apprécier sa posture.

Difficile d’avoir des garanties sur l’animal à moins de 2 000 €

Mais tout cela a un prix. « Aujourd’hui, les taureaux sans cornes vêlage facile sont très recherchés. Si on veut ce type d’animal, le prix peut monter jusqu’à 4 000 € ». Un budget certes, mais qui s’explique par les frais de l’éleveur qui effectue le contrôle de performances. Quoi qu’il en soit « en dessous de 2 000 à 2 500 €, difficile d’espérer ce genre de garanties »