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Sécheresse

Restaurer ses prairies abîmées pour attaquer la nouvelle campagne


TNC le 15/03/2023 à 11:32
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Repères de dégradation d'une prairie. (© chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques et des Landes)

Après une année particulièrement sèche, les prairies souffrent. Les chambres d'agriculture vous aident à diagnostiquer la dégradation de vos prairies pour envisager un sur-semis, voire une réimplantation afin d'aborder plus sereinement la nouvelle campagne.

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Après la sécheresse de l’été 2022, et l’hiver sec de 2023, l’état de certaines prairies peut laisser à désirer. Les chambres d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et des Landes expliquent comment intervenir sur ses prairies dégradées. 

« Une bonne prairie, c’est une prairie qui est suffisamment productive avec de bonnes valeurs » introduit la conseillère. Elle comprend idéalement des graminées en quantité importante (60 à 75 %) pour assurer le volume d’herbe et la lutte contre le salissement. Les légumineuses ne sont pas à négliger (de 30 % à  50 % en été dans les parcelles). Elles sont complémentaires aux graminées et présentent un intérêt protéique. Les diverses restent tolérables, si elles représentent moins de 10 %, d’autant plus qu’elles ne sont pas toutes indésirables.

Après la sécheresse de cet été, l’on retrouve trois cas de figure :

  • La végétation repousse dense, avec les espèces désirées

Si le couvert est dense et composé d’une bonne répartition de graminées et légumineuses, la prairie peut être utilisée normalement. 

La vigilance reste de mise concernant la portance et le surpâturage. « On peut sortir ses animaux en conditions humides tant que les marques sont inférieures à 3-4 cm » alerte la conseillère. Pour la sur-exploitation des parcelles, « éviter les temps de séjour trop longs (plus de 4 jours) ou les délais de retour trop courts qui ne permettent pas à la prairie de se reconstituer » Enfin, si l’herbe ne pousse plus, mieux vaut sortir les animaux du pré pour que le redémarrage soit rapide.

  • Les bonnes espèces sont majoritaires, avec des trous dans le couvert

Lorsque l’on retrouve des trous dans le couvert prairial de la taille d’une assiette de vide par m², le sursemis peut être une option (semis dans un couvert existant sans destruction). 

Cette technique suppose une concurrence entre les espèces implantées et celles déjà présentes. Il faut donc être méticuleux à l’implantation pour bénéficier d’une bonne réussite. Tout d’abord, « choisir des espèces agressives à l’installation (ray-grass ou trèfles, voire chicorée) pour assurer une levée rapide ». Il faut que les espèces introduites s’installent vite pour boucher les trous avant la concurrence. Pour cela, privilégier un sol frais, ressuyé, réchauffé avec des températures douces. « La végétation doit être rase, et offrir la possibilité d’un bon contact sol-graine. Pour assurer la germination, un rappui est nécessaire, par rouleau ou passage des animaux » ajoute la conseillère.

Pour que les plantules puissent pousser avec le moins de concurrence possible, il faudra gérer la végétation en place (pâturage, broyage…) pour préserver l’accès à la lumière des jeunes plantules. Il convient également d’éviter la fertilisation azotée qui favoriserait trop le couvert en place, et ce jusqu’à la première exploitation.

La fin d’été, propose généralement de bonnes conditions, avec une pousse de l’herbe moins importante qu’au printemps, mais il n’est pas trop tard pour agir. Des implantations son aussi possibles en début de printemps, voire après une première fauche précoce.

Dans le cas d’une prairie composée d’agrostis (plus de 30 %), le sursemis n’est pas à privilégier. « La plante émet des substance anti-germinatives qui vont empêcher la levée des espèces implantées ». Il faudra alors modifier ses pratiques de pâturage, ou la réimplanter.

  • Productivité dégradée et installation d’une mozaïque de végétation 

Lorsque le salissement et les trous sont majoritaires, il faut se poser la question de la place de cette prairie dans son système fourrager. « Doit-on la ressemer, ou peut-elle être utilisée par d’autres animaux moins exigeants pour faire émerger une flore un peu plus intéressante au fil du temps ? », interpelle la technicienne de la chambre d’agriculture.

Réimplanter une prairie sans interculture n’est pas l’idéal en termes de salissement. Une alternative peut être de semer une céréales, ou un mélange céréalier. « On est dans un contexte de manque de fourrage, le fait d’implanter cette céréale va permettre de produire vite un fourrage qu’on pourra exploiter pour faire du stock. » Dans ce cas, ne pas hésiter à semer dense (200 kg/ha) et des espèces agressives (seigle, avoine, vesce…).

Plusieurs options sont possibles avant d’en arriver au re-semis. (©chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et des Landes)