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Alimentation des vaches laitières

Prêts pour la mise en place du cahier des charges non OGM ?


TNC le 14/03/2019 à 15:53
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Afin de répondre aux exigences des consommateurs, l’interprofession laitière s’est penchée sur la création d’un cahier des charges non OGM qui devrait sortir en avril prochain. Celui-ci vise à harmoniser la démarche entre les différents acteurs de la filière. « Le non OGM se développe fortement chez nos voisins allemands qui ont déjà leur propre cahier des charges. En revanche, le notre présentera quelques divergences concernant par exemple la durée de conversion ou le cumul d’ateliers sur une même ferme. », confie Héloïse Sellier du Cniel.

Héloïse Sellier est en charge des nouvelles segmentations (non OGM et pâturage) au sein du Cniel. Elle travaille depuis quelques temps à la création d’un cahier des charges non OGM standard pour toute la filière laitière. Celui-ci devrait voir le jour en avril 2019, afin d’harmoniser la démarche à l’ensemble des acteurs de la filière. Interrogée au salon de l’agriculture, l’experte tient à rappeler : « L’introduction d’OGM dans l’alimentation des vaches laitières est liée aux importations de tourteaux de soja (et dans une moindre mesure les tourteaux de colza). En revanche, cela ne représente qu’une infime part de la ration (2 % contre 90 % de fourrages produits sur l’exploitation, selon la moyenne nationale). »

Un cahier des charges commun pour clarifier la filière non OGM

Les attentes des consommateurs évoluent et tendent vers de nouvelles filières comme le non OGM. « L’un des objectifs du plan de filière finalisé en décembre 2017 est de proposer des produits laitiers diversifiés et conformes aux attentes des consommateurs, d’où les différentes segmentations », explique Héloïse Sellier.

« En Allemagne, la filière non OGM se développe fortement et la demande est toujours en croissance. Il existe là-bas une démarche reconnue (le Vlog) mais les exigences réglementaires ne sont pas les mêmes entre les deux pays. La France se doit donc d’avoir son propre cahier des charges. À titre d’exemple, la durée de conversion est de six mois en France contre trois en Allemagne. Un élevage qui a plusieurs ateliers comme des vaches laitières et des taurillons devra passer tout le monde en non OGM alors que ça n’est pas une obligation chez nos voisins allemands. »

Le non OGM : opportunité ou menace ?

À l’heure actuelle, le cahier des charges est encore en cours d’élaboration. Il devrait voir le jour d’ici la fin du mois d’avril. Des tests terrains seront mis en place pour vérifier sa faisabilité et enfin le valider définitivement. Du côté du prix du lait, Héloïse ne peut répondre : « Le montant de la revalorisation du prix du lait sera négocié en dehors du cadre interprofessionnel. » En revanche, on sait déjà que des indicateurs de valorisation seront créés. Est-ce que le non OGM deviendra une obligation par la suite ? Le Cniel rappelle qu’il s’agit d’une segmentation, pas d’un nouveau standard.

La démarche concerne autant l’amont que l’aval. Ainsi les éleveurs mais aussi les entreprises de transformation devront être certifiés et seront contrôlés. Les échantillons testés ne devront pas contenir plus de 0,9 % d’OGM. Et pour les laiteries qui ont déjà une filière non OGM, la spécialiste nous rassure : « elles appliqueront le cahier des charges de l’interprofession. Il est important d’avoir une seule et unique démarche pour être crédible aux yeux des consommateurs. »

Alternatives au tourteau de soja : à chacun sa stratégie

Il existe plusieurs alternatives au tourteau de soja et tout dépend des possibilités de chaque élevage. Héloïse explique : « Ça passe par l’amélioration de l’autonomie protéique des exploitations (surfaces en herbe, légumineuses…) et/ou par l’achat de matières premières non OGM riches en protéines (colza, tournesol), mais cela nécessite de trouver des débouchés pour les huiles. »

Là encore, le passage en filière non OGM devra être réfléchi par l’éleveur : il faudra bien étudier la question, vérifier que le système soit compatible et que la démarche sera rentable. Pour cela, on peut s’appuyer sur les simulations non OGM déjà réalisées par l’équipe Inosys réseaux d’élevage.