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Ensilage VS enrubannage

Pour la luzerne, quel mode de récolte humide choisir ?


TNC le 13/07/2020 à 06:03
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Enrubannage ou ensilage, lequel de ces modes de conservation humide choisir pour la luzerne ? Et comment réussir son chantier de récolte ? Taux de matière sèche, stade de récolte, matériel, et conservation : Anthony Uijttewaal d'Arvalis-Institut du végétal fait le point sur les facteurs clés de réussite pour l'ensilage et l'enrubannage de luzerne.

Résistance à la sécheresse, fourrage riche en MAT, bon précédent cultural : la luzerne a de multiples atouts. En foin, enrubannée ou ensilée, les trois modes de récolte sont possibles.

Dans le cadre du projet 4AgeProd, Anthony Uijttewaal (ingénieur Arvalis) compare les deux modes de conservation sous forme humide.

Le Stade de récolte : le critère qualité de l’ensilage de luzerne

En partenariat avec la FR Cuma de l’Ouest, Arvalis-Institut du végétal a suivi 62 chantiers d’ensilage de luzerne dans les Pays de la Loire et la Bretagne. « Les mesures nous ont montré que le fourrage vert était globalement de bonne qualité à l’entrée des silos (en moyenne : 19,4 % MAT et 0,8 UFL). Les variations sont surtout liées au stade de récolte car plus on avance dans le temps, plus la valeur alimentaire diminue », explique Anthony Uijttewaal.

Pour lui, l’objectif à avoir en tête est de récolter au stade début bourgeonnement. « Il n’y a pas d’effet notable de la période de fauche (matin, midi, après-midi ou soir) ni de la durée de préfanage au champ sur la composition chimique du fourrage. C’est surtout le stade qui a un impact : il y aura plus de sucres avec une coupe précoce », insiste-t-il.

Quant au risque butyrique, le fanage et l’andainage apparaissent comme des pratiques à risque. « Le fait d’andainer augmente les risques de contamination, surtout avec un andaineur à soleil. Cependant, les risques liés au fanage et à l’andainage chutent dès qu’on dépasse les 30 % de MS. »

Le regroupement d’andains permet néanmoins d’augmenter le débit de chantier de 57 à 75 %, faisant ainsi chuter le coût de la récolte à l’ensileuse entre 8 et 16 €/t MS. « On est en moyenne à 45 €/t MS sans regroupement contre 37 €/t MS avec regroupement d’andain. De plus, cette méthode ne pénalise pas la qualité du fourrage, elle peut même l’améliorer (séchage à plat puis regroupement). »

De 26,8 à 144 €/t MS de coût de récolte à l’ensileuse (moyenne établie à 60,4 €/t MS) et de 17 à 70 €/t MS à l’autochargeuse (moyenne à 42,3 €/t MS).

Autre question qui se pose : faut-il récolter à l’ensileuse ou à l’autochargeuse ? Là aussi, l’expert détient les chiffres : « Le coût est moins élevé à l’autochargeuse : 42,3 €/t MS en moyenne contre 60,4 €/t MS à l’ensileuse mais le coût peut fortement varier à l’autochargeuse, tout dépend de l’exploitation (parcelles groupées et proches de la ferme, matériel de fauche, etc.). »

Au silo, l’ingénieur constate : « Le taux de matière sèche a des effets majeurs sur la préservation de la protéine (protéolyse) mais attention : à un % de MS élevé, le fourrage sera plus sensible à l’échauffement et il faudra ajuster l’avancement au front d’attaque du silo. »

Un effet majeur de La teneur en matière sèche sur la qualité de l’enrubannage de luzerne

Si l’ensilage est plutôt destiné aux grandes surfaces, l’enrubannage est bien adapté aux petites surfaces et pour gérer la luzerne en tant que fourrage d’appoint. Sur la station expérimentale de La Jaillière (44), Arvalis a mené deux essais sur les pertes au champ.

Là aussi, comme pour l’ensilage, la teneur en matière sèche joue un rôle important : « Si nous n’avons pas constaté d’effet sur les pertes quantitatives au champ ou sur la composition chimique du fourrage, c’est au niveau de la conservation qu’elle a un impact. En effet, l’augmentation du taux de matière sèche inhibe en partie les réactions bio-chimiques comme la respiration ou la fermentation. Par rapport à un ensilage à 35 % MS, il faut plutôt viser 55 à 60 % MS. » Attention en revanche, au delà de 65-70 % MS, le risque de moisissures superficielles est accru.

Le type de presse et l’utilisation ou non d’un rotocut n’ont pas d’effet sur les pertes mécaniques ni sur les pertes en conservation.

Quant au pressage, les résultats montrent que le rotocut engendre un peu plus de pertes, bien qu’elles restent limitées. Même chose : les presses à chambre fixe occasionnent aussi un peu plus de pertes que celles à chambres variables. Dans tous les cas, le préfanage permet d’augmenter la densité des balles et ainsi réduire le coût du chantier. L’andainage doit par contre se faire sur un fourrage encore humide ou réhumidifié pour minimiser les pertes.

Attention aux perforations du film plastique ! Les balles sont à manipuler avec précaution.

Anthony Uijttewaal précise également : « En enrubannage, il faut prendre des précautions dans la manipulation des balles. Contrairement à ce qu’on peut croire, le risque de perforation du film plastique vient avant tout des chaumes rigides dans le champs lors de la dépose de la balle, et non pas du fourrage enrubanné. » Mieux vaut donc préférer un enrubannage sur le site de stockage que dans le champ.

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