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Foin

Ne laissez pas les valeurs alimentaires partir en fumée


TNC le 12/06/2018 à 06:00
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Avec les orages qui ont traversé nos régions, l’herbe coupée a eu beaucoup de mal à sécher. Si certains l’ont enrubanné par sécurité, ceux qui l’ont récolté en foin doivent faire attention à l’échauffement de leur récolte. Les valeurs alimentaires du fourrage peuvent vite chuter mais la récolte peut aussi bien partir en fumée dans le pire des scénarios.

Alors que les premières coupes de la saison se terminent dans quelques régions, il n’est pas question de relâcher la pression pour autant. Avec des conditions climatiques telles qu’on les a connues (orages, vent, pluies et même grêle par endroit), certaines récoltes ont été réalisées dans l’humidité et les risques d’échauffement sont bien présents.

Arvalis- Institut du végétal rappelle qu’il faut viser une teneur en matière sèche du foin d’au moins 84 % au pressage pour écarter tout risque d’échauffement. Quelques critères permettent de reconnaitre un fourrage sec : les feuilles sont cassantes et les tiges sont sèches, l’andain ne doit laisser aucune sensation d’humidité au toucher (même la partie en contact avec le sol) et les nœuds sur les tiges ne doivent plus comporter de zones de couleur « vert chlorophylle » qui indique la présence résiduelle d’eau.

L’échauffement du foin est aggravé dans les balles de grande dimension ou à forte densité car la circulation de l’air n’est pas suffisante pour évacuer l’eau résiduelle et la chaleur produite. Le type de fourrage a aussi son impact : un fourrage jeune et riche sera plus sensible qu’un fourrage fauché tardivement (stade floraison ou plus tard). En cas de doute concernant la teneur en matière sèche du fourrage, il sera pertinent d’utiliser des capteurs pour mesurer la température du fourrage et vous alerter en cas de situation à risque.

Deux phénomènes induisent une montée en température du fourrage : les cellules de la plante et les microorganismes. Les cellules encore vivantes peuvent faire chauffer le fourrage très rapidement après le pressage. Néanmoins, celles-ci ne sont plus actives en quelques jours seulement après la récolte. Ce sont alors les micro-organismes (levures et moisissures) qui se multiplient et provoquent un nouvel échauffement.

L’institut rappelle que la chaleur traduit une perte d’énergie et cette énergie correspond à de la valeur alimentaire. De plus, passé 40°C, les protéines deviennent de moins en moins digestibles. Quelques données permettent d’évaluer les pertes :

– analyses de fourrages ne refléteront pas forcément les pertes de digestibilité car les protéines seront encore présentes, c’est leur digestibilité qui aura fortement baissé. Un risque sanitaire peut également planer à cause des agents toxiques sécrétés par les micro-organismes mais les effets sont actuellement peu connus. 

En cas de suspicion d’échauffement ou de situation à risque (foin humide, balles denses), Arvalis préconise de laisser les balles concernées à l’extérieur sous une surface abritée mais ventilée. Si la température dépasse 60°C, il faudra alors aérer le tas par le sommet ou déplacer les balles à l’extérieur si elles sont stockées en bâtiment. À 80°C, l’incendie est quasi inévitable selon les experts qui préconisent d’avertir les pompiers, sortir le matériel, fermer les portes et ouvertures et de ne surtout pas déplacer le fourrage car l’appel d’air pourrait provoquer la combustion.