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Viande bovine

Les Chinois conquis, malgré les hauts niveaux de prix et la faible disponibilité


TNC le 15/06/2022 à 08:10
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La Chine consomme 10,2 millions de téc par an, soit environ 7,3 kg éc par habitant, là où un Américain en consomme 38,2 kg par an. (©Pixabay)

Séduits par les pièces d'aloyau, les consommateurs chinois sont de plus en plus friands de viande bovine. Pour faire face à la demande, la Chine n'a d'autre recours que l'importation alors que le développement des activités d'élevage pose de plus en plus de questions dans l'empire du Milieu. Entre gestion des effluents et achats de matières premières, les contraintes environnementales finissent pas peser sur le géant chinois.

Entre 2018 et 2020, la Chine a perdu l’équivalent du tiers de sa production porcine en raison de la peste porcine africaine. La baisse de l’offre en porc a profité à la viande bovine, qui est en phase de devenir un standard de consommation. « Traditionnellement, le marché chinois est un marché de viande à bouillir, mais dans les villes les plus riches, les consommateurs commencent à apprécier les pièces d’aloyau », note Boris Duflot, directeur du pôle économie de l’Ifip à l’occasion des Marchés mondiaux de la viande, organisés par l’Idele. « Et si les confinements ont affecté la consommation des grandes métropoles chinoises, ils ont également permis aux Chinois d’épargner, ils ont donc du pouvoir d’achat pour ce type de produits. » La pandémie de covid-19 a également contribué à la consommation de viande bovine à domicile, alors que cette viande était auparavant davantage réservée à la restauration. Toujours plébiscitée malgré la baisse des prix du porc, la viande bovine a vu son cours poursuivre sa hausse pour se situer autour de 4,70 € le kg vif en moyenne sur 2021 dans l’empire du Milieu.

Production et consommation toujours en progression

Ces niveaux de prix incitent à la production alors que 30 % de la demande chinoise est assouvie par de la viande bovine d’importation. Le cheptel chinois a ainsi progressé de 4 % par rapport à 2020, et les abattages de 3,7 % pour atteindre le niveau de production record de 7 millions de tonnes équivalent carcasse.

Jusqu’où iront les hausses de production ? Difficile de répondre de manière objective, mais la contrainte environnementale pèse de plus en plus sur le système de production chinois. Avant que la peste porcine africaine ne sévisse en Chine, un plan de limitation de la production courait sur l’empire du Milieu. « La question de l’adéquation entre surface disponible et élevage se pose. Dans son plan quinquennal, le parti envisage plutôt une stabilisation de la production car la pollution commence à peser sur le quotidien de Chinois », insiste Boris Duflot. La surface disponible est une limite claire au développement de l’élevage en Chine.

Les perspectives d’évolution de la production de viande bovine en Chine ne sont pas considérables

Pour Philippe Chotteau « les perspectives d’évolution de la production de viande bovine en Chine ne sont pas considérables. Peut-être chercheront-ils à développer des feed-lots, mais se pose ensuite la question de l’épandage des effluents, et surtout de la disponibilité en animaux maigres. » Si l’ouest du pays semble avoir du potentiel pour l’élevage bovin, la filière demande encore à gagner en structure pour amener le produit fini dans les grandes métropoles. Tout dépendra des arbitrages effectués par le parti : est-ce que la Chine a plutôt intérêt à importer des grains très chers, ou à importer de la viande ? 

Les importations permettent essentiellement de répondre à l’explosion de la demande chinoise. Si la production locale a progressé durant les 5 dernières années, les volumes supplémentaires apparaissent dérisoires face à l’engouement que suscite la viande bovine (©Idele)

Les conditions sanitaires influent également dans les échanges internationaux. Le Brésil reste le premier fournisseur de la Chine, mais marque un léger retrait suite à la mise en place d’un embargo pour une durée de deux mois après la découverte de cas d’ESB atypiques. L’Irlande, premier fournisseur européen de la Chine, a connu le même sort.