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En agriculture bio

Les bœufs, une valorisation intéressante des mâles


TNC le 09/11/2021 à 06:01
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Produire du bœuf bio reste tres technique puisque le but est de le finir rapidement a moindre cout. (©TNC) 

Si économiquement, la production de bœufs en bio est intéressante, elle demande une certaine technicité dans la maîtrise de ses charges, pour une filière encore en structuration.

« Il existe peu de valorisation des mâles dans la filière bio à part pour le veau rosé », souligne Pierre Duris, responsable de secteur Unébio, le 22 septembre au salon Tech&Bio. Dans un marché très tourné vers la viande hachée, créer de la segmentation pour valoriser les animaux reste compliqué surtout du fait de l’éternelle question de l’équilibre matière.

Des bœufs entre 28 et 38 mois avec une bonne finition

« Nous avons développé un réseau de boucherie bio pour mieux valoriser les animaux », explique-t-il. Et quand « les bouchers ont gouté au bœuf bio », ils arrêtent de vouloir uniquement des femelles, selon lui. L’âge idéal d’abattage se situe entre 28 et 38 mois, avec une conformation entre R+ et U-. « Entre 400 et 450 kg carcasse, ils se valorisent très bien », complète-t-il. Selon lui, des bœufs bien finis et finis tôt, c’est possible ! Il rappelle que « qui dit bœufs, dit aussi au moins deux hivers en bâtiment » donc la nécessité de diminuer la taille du cheptel. « Il faut essayer ! Il faut en castrer un ou deux mais pas tout un lot pour commencer », lance-t-il, plutôt incitatif.

[Faire du bœuf jeune : stratégie gagnante] Cas concret – résultats économiques et rémunération :

 TémoinBœuf 36 moisBroutardBœuf 30 moisBœuf 26 mois
Ventes bovin viande62 60059 30060 50062 80064 500
Marge bovin viande28 30036 60036 40038 20040 100
Aides totales31 60033 40035 50034 10034 300
EBE26 43028 433 30 08232 12032 825
Smic/UMO1,51,61,691,821,91
Résultat courant19 31721 34222 94824 98325 671

Améliorer la productivité en bio

Philippe Tresch, animateur du réseau Inosys bovin viande de Rhône Alpes et Paca, met lui aussi en avant l’intérêt de valoriser les bœufs bio. Seulement il reconnaît qu’il existe déjà des écarts énormes entre éleveurs en termes de finition des animaux. « Cela signifie aussi qu’il y a du potentiel !  Il est possible de gratter des kilos ! », relève-t-il optimiste.

Christophe Grosbois, chargé de mission à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire a, de son côté, analysé les chiffres des éleveurs allaitants bio du département : certes le marché du bio est en croissance, le cheptel augmente, les prix sont favorables mais le résultat courant dépasse peu le Smic. Dans les faits, l’éleveur bio produit moitié moins de viande par unité de main d’œuvre. La productivité du système est donc très inférieure à celle du conventionnel.

Malgré des prix porteurs en bio, le résultat courant des éleveurs allaitants en Pays-de-la-Loire dépasse à peine le Smic. (©TNC)

Parmi les leviers potentiels pour améliorer le revenu, il cite la maîtrise des charges. Or dans la production de bœufs bio, la période de finition est stratégique et l’aliment bio coûte cher. Pour y pallier, il faudrait produire ses propres céréales par exemple. Christophe Grosbois met aussi en avant la nécessité de bien faire vieillir son matériel pour diminuer ses charges et de faire pâturer le plus possible. « On observe un sur-équipement dans le matériel de fenaison pour gagner deux minutes à l’hectare. Elles sont chères ces minutes ! », tacle-t-il.

Améliorer la maîtrise de ses charges

Christophe Grosbois reste lui aussi convaincu que le bœuf bio de 26 mois est une opportunité, même s’il reste « du travail » pour structurer la filière. « Un système juste naisseur va devoir acquérir de nouvelles compétences », reconnaît-il mais il faut garder en tête « qu’un bœuf en finition, c’est un vêlage en moins et donc un stress de moins ! ».

Un bœuf en finition, c’est un vêlage en moins !

Et comme la question du bœuf bio est bien d’actualité, la Ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou s’est penchée sur le sujet avec des bœufs issus de croisements Limousin et Angus. Julien Fortin, responsable et Bertrand Daveau ingénieur recherche appliquée et diffusion de la Ferme, ont présenté leurs premiers résultats : « Notre objectif à travers ce croisement était de réduire le cycle mise en place du squelette, des muscles et du gras. Nous voulions des bœufs finis entre 24 et 27 mois pour un poids de 350 à 400 kg carcasse, sans modification de notre système. Nous avons baissé notre nombre de vêlages pour conserver une autonomie fourragère. Et globalement, au vu des premiers chiffres, la production de bœuf a bien été un levier pour valoriser les mâles et capter de la valeur. Seulement, nous cherchons maintenant à faire du vêlage à deux ans et là, les petits profils viandes ne sont pas les plus adaptés. Le croisement nous permet de régler un problème mais pas tous ! ». Dans tous les cas, produire du bœuf bio reste très technique puisque le but est de le finir rapidement à moindre coût. A l’éleveur de prendre le risque.