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Bovin viande

Le croisement Angus : pour qui ? pourquoi ? comment ?


TNC le 07/05/2020 à 06:03
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Dans le Maine-et-Loire, la ferme expérimentale de Thorigné d'Anjou teste actuellement le croisement Angus sur ses Limousines. Son objectif : diminuer les durées et coûts de finition pour améliorer l'efficacité économique de l'élevage et répondre un peu plus aux attentes sociétales. Premiers éléments de réponse par Julien Fortin et Bertrand Daveau.

La ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (49) teste actuellement le croisement Angus sur son troupeau de Limousines. « On ne s’est pas engagé dans ce projet pour l’effet de mode qui entoure la race Angus mais plutôt pour ses avantages techniques », expliquent Julien Fortin et Bertrand Daveau, tous deux de l’exploitation.

La ferme de Thorigné d’Anjou en quelques chiffres :
145 ha de SAU (84 % de SFP)
70 VA limousines et la suite (120 UGB)
1,1 UGB/ha de SFP
Système naisseur engraisseur autonome

Ils ont alors expliqué pourquoi et comment mettre en place ce type de croisement dans un live publié sur Facebook. Retrouvez le replay ci-dessous :

Lire aussi : Optimiser le pâturage pour économiser un maximum de concentrés

Pour une finition moins longue et plus économe

Sur la ferme, les nombreuses données collectées ont amené les techniciens à repenser leur système :

Le coût de la finition et l’efficience économique : Comme l’expliquent Bertrand et Julien, sur les vaches, les 30 derniers jours d’engraissement rapportent très peu -voire font carrément perdre de l’argent (surtout pour des vaches de plus de 6 ans dont les GMQ sont très faibles dans le dernier mois)-. Si en 15 ans, le poids carcasse des vaches a augmenté, le coût alimentaire pour y parvenir aussi et la marge sur finition, elle, ne ne s’est pas beaucoup améliorée.

Les attentes sociétales : Si pour les bœufs en revanche, l’efficacité technico-économique est bien là grâce aux GMQ dépassant les 1 200 g/j, qu’en est-il de l’adéquation avec la demande des consommateurs ? En effet, les pénalités sur les prix de la viande apparaissent pour les animaux les plus lourds et la demande actuelle tend plutôt vers des carcasses plus légères. Autre aspect : les attentes environnementales avec une demande croissante d’animaux à l’herbe.

Dans ce contexte, la Angus leur semble intéressante et pourrait permettre t’atteindre ces objectifs de diminution des durées de finition, d’économie, et d’attentes sociétales.

Du Croisement réversible avec un taureau Angus

« La race parfaite n’existe pas, confient les deux ingénieurs. Nous avons sur l’exploitation des Limousines plutôt typées mixtes mais ça reste difficile de répondre à tous les objectifs. Sans remettre en cause le travail génétique de la race ni bouleverser celui de la ferme, l’introduction de l’Angus vise d’abord à ramener de la précocité en gras. »

Lire aussi : Le croisement Salers x Angus pour produire une viande finie en toute autonomie

Pour ce faire, ils ont introduit un taureau issu d’un rameau écossais (qui sélectionne plutôt sur cette précocité en gras contrairement aux américains) pour réaliser du croisement terminal. « On l’utilise sur les génisses pour du vêlage à 2 ans afin de produire des bœufs et génisses croisées qui seront finis à 24 ou 27 mois selon la période de naissance. L’objectif : sortir des animaux à 350-400 kg de carcasse, ce qui correspond à la demande de la filière. »

Ainsi, les animaux croisés ne sont pas remis à la reproduction, le renouvellement se fait avec les filles des multipares. « Forcément, le taux de renouvellement diminue un peu (30 % contre 35 % avant) car ça nous laisse un peu moins de choix, mais sur l’exploitation, la sélection ne se fait qu’après le premier vêlage donc ça ne pèse pas sur les réformes. »

Le taureau angus n’est utilisé que sur les génisses limousines pour du croisement terminal. Tous les produits croisés sont destinés à la viande et ne sont pas remis à la reproduction. Ainsi, le troupeau de souche Limousine est préservé. (©Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou)

L’expérimentation n’en est qu’à ses débuts, les premiers vrais résultats sur animaux croisés n’arriveront qu’en 2022 lorsque les dépôts de gras auront pu être mesurés mais Bertrand et Julien citent quelques premiers constats : « Nous avons commencé par deux IA Angus sur des génisses en vêlages d’automne avant même d’introduire le taureau. Et les deux veaux actuellement au pâturage avec leurs mères présentent de bonnes performances avec des GMQ de 1 150 et 1 250 g/j. Pour les veaux nés au printemps et issus du taureau, le poids moyen est de 37 kg, ce qui prouve que le taureau angus est compatible avec un objectif de premier vêlage à 2 ans. Les naissances se sont bien passées et les veaux se portent aussi bien que les Limousins. »

Rendez-vous en 2022 pour les résultats !