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Déficit fourrager

Il est encore possible de semer et produire des fourrages pour l’automne


TNC le 31/08/2020 à 11:50
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Depuis mi-août, des températures plus clémentes et des pluies éparses ont permis aux prairies de redémarrer. Toutefois les plantes ont besoin de se reconstituer et supporteront mal un surpâturage. En ce début septembre, quelles sont les solutions possibles pour combler, au moins en partie, le déficit fourrager ? Le Gnis fait le point quant aux pistes envisageables.

Les cultures dérobées fourragères sont une des solutions pour reconstituer des fourrages. Une trentaine d’espèces, théoriquement, sont utilisables, mais en ce début septembre, certaines ne sont plus à préconiser car exigeantes en chaleur. C’est le cas des sorghos, du moha, du millet. D’autres sont aussi à éviter car elles ne passeront pas l’hiver et si on veut en tirer parti au maximum, il faut les semer plus tôt. C’est le cas du trèfle d’Alexandrie, des pois de printemps et des vesces de printemps.

À lire sur le même sujet : Après un été bien sec, que peut-on espérer de la pousse d’herbe à l’automne ?

Se poser les bonnes questions pour semer les bonnes espèces

Il reste encore des solutions : les ray-grass d’Italie, les brassicacées (colza fourrager, chou, radis fourrager, navet fourrager, la navette fourragère), les céréales, les pois et vesces d’hiver, le trèfle incarnat.

Pour choisir les espèces à utiliser, il y a quelques questions clés à se poser : pour quel usage et où se situe la parcelle ? Est-il envisageable de faire pâturer ? À quelle période : dès l’automne, en hiver (ovins), tôt au printemps ? Si le pâturage n’est pas envisageable, comment récolter, de quel matériel dispose-t-on ? Est-ce une récolte quotidienne (affourragement en vert) ou pour stockage (ensilage ou enrubannage) ?

On peut aussi envisager de semer plusieurs de ces espèces qui se trouveront alors complémentaires en cas de contraste climatique ou si elles poussent à des périodes différentes.

Il convient également de penser que certaines plantes sont détruites par l’exploitation (les brassicacées), alors que d’autres repoussent (céréales si l’épi n’a pas décollé, ray-grass d’Italie).

Attention, si l’on souhaite semer un mélange d’espèces pour qu’elles produisent en décalé, il faut additionner les doses de semis. Par contre, lorsque le choix se porte sur une production simultanée, le semis doit être au prorata de chacune des espèces.

Les plantes fourragères à semer en septembre en dérobées

On peut donc envisager les scénarios suivants :

– pour faire pâturer avant l’hiver : les ray-grass d’Italie, l’avoine rude ;

– pour faire pâturer tard à l’automne et en hiver : chou, colza, navet, navette, seigle, les ray-grass d’Italie, l’avoine rude ;

– pour faire pâturer tôt au printemps : les ray-grass d’Italie, le trèfle incarnat, les seigles, les pois et vesces d’hiver, les choux ;

– pour faucher avant l’hiver : les ray-grass d’Italie exclusivement alternatifs et de courte durée, l’avoine rude ;

– en affourragement en vert avant l’hiver : les ray-grass d’Italie de préférence alternatifs, l’avoine rude, les colzas fourragers, les choux ;

– pour faucher au printemps : les seigles, triticales, ray-grass d’Italie, pois et vesces d’hiver, trèfles incarnats.

Les cas de figure sont nombreux, de même que les espèces. C’est pourquoi le Gnis met à la disposition de tous une réglette disponible sur simple demande.

Un beau résultat de production de chou après quelques semaines de développement. (©Gnis)

Autre témoignage récent (article du 21/08/20) : V. Delargillière (60) : « Avec la sécheresse, je revois mes choix techniques »

Prévoir aussi du sursemis de prairie

À cette date, il est encore envisageable de réaliser des sursemis d’espèces rapides d’implantation : ray-grass anglais, mais aussi ray-grass d’Italie ou hybride. Même si ces deux espèces sont peu pérennes, elles peuvent convenir pour une situation d’urgence.

Il existe aussi quelques références de sursemis de colza fourrager, navette et navet en prairie, mais cela sous-entend la destruction de la prairie initiale par étouffement et la nécessité de ressemis de la prairie au printemps, ce qui représente une opportunité de choisir une flore mieux adaptée à ses besoins et contraintes.

Cet éleveur témoigne de ses pratiques :
Gaec Roux (44) : « On choisit le semis à la volée pour une meilleure implantation des prairies »

Quelques points clés pour réussir le sursemis : intervenir sur une végétation rase, ouvrir le sol avec un outil à disques ou à dents, loger la graine à 1 cm dans la terre franche (et pas dans la matière organique que l’on trouve en surface), rouler avec de préférence un rouleau cranté et surveiller la levée.

Que l’on soit en cultures dérobées ou en sursemis, deux points sont essentiels : la qualité de la semence et la qualité de l’implantation. Ces techniques dépendent de la disponibilité du matériel sur l’exploitation ou localement, ce qui permettra également de limiter les coûts.

RGI alternatif ou non alternatif : que choisir ?
Un ray-grass d’Italie alternatif monte en épis dès l’année du semis. Pour cette année, même en pâturage d’automne, un peu d’épis est souhaitable pour une meilleure tenue du fourrage. Selon la disponibilité commerciale, ce type variétal pourra être utilisé cette année avec des semis de septembre pour du pâturage, le mieux étant de l’associer avec du non alternatif.
Un ray-grass d’Italie non alternatif restera quant à lui en feuilles toute l’année du semis. Il est souvent plus pérenne et s’il est gardé pour le printemps prochain, il montera à épis.

N.B. : D’après un communiqué de presse du Gnis du 27/08/20.