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Chez Françoise Faucheux à Campénéac (56)

Herbe bien valorisée, efficacité maximisée


TNC le 10/01/2020 à 06:07
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Simple et efficace, voila ce qui caractérise le système d’exploitation de Françoise Faucheux, productrice de lait bio à Campénéac (56). En valorisant au mieux le pâturage, l’agricultrice arrive à dégager un EBE de 309 €/1 000 litres.

Installée d’abord en Gaec avec son frère et sa belle-sœur, puis seule depuis 2014, Françoise Faucheux produit du lait bio depuis 2001. Progressivement, elle a fait évoluer son organisation pour aboutir à un système cohérent et autonome, adapté pour travailler seule.

Profitant de l’accessibilité de 41 ha, l’éleveuse morbihannaise mise sur le pâturage, avec des vaches qui sont dehors 10 mois sur 12, de fin février à fin décembre. Selon les années, l’alimentation des vaches repose exclusivement sur le pâturage entre 5 à 9 mois par an. Françoise Faucheux ne cultive pas de maïs. Les stocks fourragers sont constitués de foin et d’enrubannage.

L’agricultrice s’est organisée pour se simplifier le travail. Pour faciliter le paillage, les bottes sont entreposées directement entre les rangées de logettes. Quand de l’enrubannage est distribué, il est simplement posé devant les cornadis tous les trois jours et les vaches se gèrent. Le nettoyage du lisier est fait, non pas par raclage, mais par hydrocurage. « Que les vaches soient dehors ou dedans, je n’ai pas besoin de démarrer le tracteur tous les jours », apprécie l’éleveuse.

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Conduite d’élevage Simple mais rigoureuse

Vouloir se simplifier le travail n’exclut pas, au contraire, un suivi pointu et une grande maîtrise technique. Le pâturage est géré de près et chaque année, Françoise Faucheux fait analyser tous les fourrages, pour caler précisément les rations. Le meilleur enrubanné, généralement la première coupe de parcelles avec de la luzerne, est gardé pour l’hiver, pour continuer à faire du lait quand les vaches sont en bâtiment. Les bottes moins riches serviront à compléter le pâturage.

L’investissement, en 2017, dans un Dac, illustre bien cette complémentarité entre simplicité et efficacité. « J’ai fait ce choix pour ne plus avoir à manipuler de seaux. Cet investissement a aussi été très utile pour bien valoriser les concentrés, souligne Françoise Faucheux. Chaque vache reçoit la dose qu’elle valorisera. Tant pis pour les gourmandes mais ça a permis de réduire les besoins en mélange céréalier de 9 à 6 ha. »

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Cette organisation lui permet d’afficher un coût alimentaire de 55 €/1 000 litres, 37 € pour les fourrages, 18 € pour les concentrés. 275 000 litres, avec un TP de 34 et TB de 44, sont livrés chaque année à Agrial. « Grâce aux taux, le prix du lait est à 494 €/1 000 litres. Ce qui a permis, en 2018, un EBE de 309 €/1 000 litres, alors que la moyenne des fermes bio bretonnes est à 270 », chiffre Christèle Burel, de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Penser aussi au temps de travail

Seule sur son exploitation, Françoise Faucheux veille à ses conditions de travail. Depuis longtemps, elle a arrêté de traire le dimanche soir. Depuis deux mois, elle est passée en monotraite. « Au départ, c’était pour soulager mes épaules, explique l’éleveuse. Mais, je me demande si je ne vais pas continuer car ça améliore la qualité de vie. La perte de 25 % de lait est en partie compensée par la hausse des taux, + 2,5 points en TB, + 1,5 point en TP. Les vaches ont moins de besoins alimentaires. C’est à calculer sur la durée, peut-être à caler sur une période de l’année, selon la pousse de l’herbe. Toujours cette approche de simplification et d’efficacité économique !

Suivre ses stocks fourragers pour ne pas se faire avoir

Cette année l’a encore montré, les aléas climatiques peuvent vite mettre à mal son organisation fourragère. « L’enrubanné et le foin sont normalement réservés à la période hivernale, mais quand l’été est sec et que la repousse de l’herbe se fait attendre, il n’y a pas d’autre choix que de taper dans les stocks », reconnait Françoise Faucheux.

Pour ne pas se retrouver dépourvu, il faut suivre régulièrement ses stocks fourragers. « Plus les leviers pour trouver d’autres ressources alimentaires sont actionnés tôt, plus ils seront efficaces et à un coût maîtrisé », explique Stéphane Boulent, conseiller lait bio à la chambre d’agriculture de Bretagne. C’est au moins deux fois par an qu’il faut prendre le temps de recenser stocks et besoins. « En octobre, quand tous les stocks sont faits, pour voir si on a ce qu’il faut jusqu’à la reprise du pâturage et en mars, pour savoir si on a une marge de sécurité, en cas de manque d’herbe. » Pour y pallier, les stocks de sécurité doivent représenter au minimum 15 % des besoins annuels du troupeau. Plus le système est basé sur du pâturage, donc avec un côté plus aléatoire dans le rendement et la période de pousse, plus le stock de sécurité devra être important. Le foin est une bonne forme de stock de sécurité car sa qualité est plus stable que celle d’un enrubannage.

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