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Face aux aléas climatiques

Fertilisation, assolement, troupeau… les adaptations de Benoît Rozière (12)


TNC le 04/01/2022 à 06:14

Benoît Rozière, éleveur dans l’Aveyron, pratique le pâturage tournant dynamique avec son troupeau de 48 vaches Simmental. Son objectif est de maximiser le pâturage et d'avoir une très bonne qualité de foin. Pour s’adapter aux aléas du climat, il a dû modifier ses pratiques.

Installé dans le nord du département de l’Aveyron, Benoît Roziere pratique le pâturage tournant dynamique depuis quelques années avec son troupeau de 48 vaches Simmental.

Quelques chiffres sur le Gaec de la Borie Alte :
– 75 ha de SAU : 53 ha de prairies temporaires ; 15 ha de prairies permanentes et 7 ha de céréales (blé, orge triticale).
– 48 vaches Simmental et 2 Aubracs.
– 270 000 l produits : la moitié transformée à la ferme en Laguiole fermier et l’autre moitié livrée à la coop Jeune montagne.
– 5 500 l/VL/an.
– 800 kg de concentrés/VL/an.
– 50 % herbe pâturée dans la ration en moyenne.
– Rendement prairies temporaires fauche et pâture : entre 6 et 7 t/MS/an.

« Nous avons 50 hectares de prairies accessibles facilement, ce qui nous permet d’avoir une forte part d’herbe. Nos sols sont portants, nos animaux peuvent donc sortir facilement mais ils sont aussi superficiels et assez séchants l’été. » L’exploitation étant située à 800 m d’altitude, le troupeau reste en intérieur 4 à 5 mois en étant nourri uniquement au foin.

« Avant, on faisait du pâturage au fil mais les animaux pouvaient revenir sur ce qu’ils avaient pâturé les jours précédents. Les repousses étaient donc consommées au bout de 3 à 4 jours ». C’est alors que lui est venue l’idée de passer au pâturage tournant. Benoît explique : « La première année, on est partis sur un paddock par jour avec beaucoup de clôtures mais c’était difficile à gérer car l’herbe n’était pas consommée en totalité. On a ensuite fait des paddocks pour deux jours : la première journée, on donne la moitié du paddock et ensuite, on enlève le fil pour la deuxième journée. »

Productivité par vache selon les mois, et corrigée de l’effet stade de lactation, chez Benoît Rozière. (©Webinaire de Solagro)

Et les résultats techniques sont plutôt intéressants : « On arrive à avoir une bonne productivité par vache à l’herbe. Sans concentrés et avec uniquement de l’herbe pâturée, les vaches sont facilement au printemps à plus de 20 litres, alors que ce sont des Simmental, elles n’ont donc pas le plus fort potentiel laitier. »

Des prairies qui repartent mieux après une sécheresse

Pour Benoît Rozière, le pâturage tournant permet de mieux passer les périodes de sécheresse car même si les prairies ne produisent pas, elles repartent ensuite plus facilement à l’automne et au printemps suivant, sans perdre en qualité.

Lors du webinaire de Solagro consacré au pâturage tournant dynamique du 18 novembre dernier, il a aussi donné quelques conseils à ceux qui voudraient se lancer dans cette pratique :

– « être flexible : c’est la météo et la pousse de l’herbe qui pilotent l’entrée et la sortie des vaches des paddocks et la durée des tours de pâturage ;

– anticiper pour ne pas être pris au dépourvu en cas de sécheresse ;

– faire attention de bien entrer sur les paddocks quand l’herbe est au stade 3 feuilles ;

– faire attention au surpâturage : bien attendre avant de revenir sur les paddocks : il ne faut pas que l’herbe soit re-paturée 2 ou 3 jours après le passage des vaches, c’est pour ça que je pense qu’il ne faut pas dépasser les paddocks de 3 jours. »

S’adapter au climat

Face aux évolutions du climat, il a déjà effectué quelques adaptations dans ses pratiques. La première a été d’augmenter sa surface en prairies de 3 ha et de diminuer d’autant celle en céréales afin de gagner 20 t de fourrage. Ensuite, il a optimisé la fertilisation (lisier et fumier) : « on le fait en fin d’hiver-début de printemps et assez tôt en automne, afin que la végétation puisse utiliser facilement l’azote disponible. Avant, on avait un compost assez mûr, maintenant on épand plus tôt pour essayer de garder le maximum d’azote utilisable par les plantes », explique l’éleveur. Autre changement : diminuer le nombre d’animaux improductifs. « On a travaillé sur la longévité des vaches afin d’avoir des lots de génisses plus petits (13 à 15 génisses par classe d’âge et par an auparavant contre 10 à 11 désormais). Cela permet de gagner une vingtaine de tonnes de fourrage. On a aussi diminué le nombre de vaches sur la ferme (4 en moins). »

Benoît a aussi d’autres pistes en tête comme d’implanter des variétés plus résistantes à la sécheresse. « Pour les couverts d’intercultures, on était sur des couverts ray-grass, avoine et trèfle et maintenant, on va tenter de passer sur du sorgho ». « Cette année, on a également essayé de sursemer des grosses graines : avoine, pois, vesce pour augmenter la production en première coupe et pour régénérer les prairies ». Enfin, il a replanté des haies pour assurer de l’ombre au troupeau mais aussi pour protéger ses prairies des coups de chaud.

Enfin, à plus long terme, il envisage de diversifier ses productions. « On a implanté des prés-vergers. Ils sont complémentaires de la production d’herbe et pas en concurrence. Ils résistent mieux à la sécheresse notamment. Et pourquoi pas se lancer bientôt dans la méthanisation… »