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Croisement Salers x Angus

Engraisser des animaux jeunes avec des fourrages herbagers


TNC le 30/03/2022 à 09:52
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En jouant sur la génétique et en optimisant la valeur alimentaire des fourrages, un engraissement avec des fourrages herbagers et une faible proportion de concentrés est possible. (©TNC)

L'Angus est connu pour sa précocité de dépose et sa bonne valorisation des fourrages herbagers. Les Salers sont appréciées pour leurs aptitudes maternelles. Certes, le croisement Salers x Angus dénote par rapport à ce que l'on a l'habitude de rencontrer dans les bassins rustiques, mais il permet d'engraisser des animaux jeunes avec des fourrages herbagers. Le croisement permet également d'obtenir des carcasses légères avec un bon état d'engraissement ce qui répond aux attentes du marché, tout en réduisant les charges liées à l'engraissement.

Trois types génétiques ont été utilisés sur l’essai, des mâles Angus x Salers, des Charolais x Salers et des Salers. « Il nous semblait pertinent de comparer le croisement Angus avec le croisement Charolais, car il est assez développé dans le Massif-Central. Le Charolais vient apporter de la conformation à la Salers. Actuellement, 80 % des animaux croisés Charolais sont vendus broutards pour être engraissés en Italie. Apporter la précocité avec de l’Angus peut être un moyen de les engraisser dans nos régions et de valoriser des fourrages grossiers », explique Bernard Sepchat dans le cadre d’un webinaire de présentation du projet Effiviande. 

Une ration d’engraissement herbe et co-produits qui ne concurrence pas l’alimentation humaine

Les trois lots d’animaux ont bénéficié d’une ration d’engraissement composée à 51 % d’enrubannage, 14 % d’ensilage d’herbe et de 30 % de sous-produits de l’industrie alimentaire (pulpe de betterave déshydratée et de drêche de blé).

« L’objectif était de proposer des rations efficientes qui répondent aux attentes sociétales en prenant en compte la compétition feed-food. Grâce à l’utilisation de co-produits, la ration contient uniquement des protéines non consommables par l’homme issues de l’agriculture française. À titre de comparaison, pour une ration maïs ensilage on estime entre 20 et 40 % la part de protéines consommables par l’homme » complète Philippe Dimon.

Des vaches plus légères mais mieux finies

Les animaux Charolais croisés Salers sont plus lourds à la naissance et au sevrage que les Angus croisés Salers et ont un GMQ naissance – sevrage supérieur. C’est à l’engraissement que l’Angus montre son intérêt. En début d’engraissement, on constatait un delta de poids de 70 kg en défaveur du croisement Angus par rapport aux croisés Charolais. Cet écart s’est réduit à 40 kg en fin d’engraissement, ce qui témoigne de la meilleure valorisation des fourrages grossiers par les Angus. Les croisés Angus ont également un GMQ supérieur de 180 g/jour par rapport aux Salers, et 142 g/jour par rapport aux Salers x Charolais.

L’âge d’abattage est significativement différent entre les trois lots. Les Angus x Salers ont été abattus 44 jours avant les Charolais x Salers et 65 jours avant les Salers. (© Effiviande)

Pour mettre en évidence la précocité de l’Angus, il a été choisi d’abattre les animaux selon leur note d’état corporel. La NEC 3,5 a été choisie. Les Angus x Salers ont atteint ce stade à 477 jours, soit une durée d’engraissement de 222 jours. Les Charolais x Salers ont été abattus à 263 jours, et 280 jours pour les Salers, avec une NEC respective de 3,2 et 3,1. « Nous avons choisi de ne pas poursuivre plus longtemps l’essai car l’herbe commençait à se faire rare et il aurait fallu encore une trentaine de jours pour leur permettre d’atteindre une note d’état de 3,5. Cela illustre bien la difficulté à finir ces animaux. Les croisés Charolais ont été notés U-, contre R+ pour les croisés Angus : le croisement n’a rien apporté en termes de classement de carcasse. Bien entendu, le poids de carcasse est moins important avec les croisés Angus, avec 360 kg de carcasse alors que le croisement Charolais apporte plus de viande, avec 436 kg de carcasse »

Un coût de revient au kilo moins élevé avec le croisement Angus

Sur le plan économique, c’est le croisement Angus qui présente le coût de revient le plus bas, à 3,18 € le kg en incluant la main d’œuvre. Vient ensuite le croisement Charolais x Salers avec un coût de revient à 3,34 € le kg, puis les Salers à 3,60 € le kg. 

Le croisement Angus donne des animaux moins lourds que le croisement Charolais, mais la rapidité d’engraissement compense la diminution du poids carcasse. (© Effiviande)

Le croisement Angus permet également de gagner en surface fourragère. L’engraissement demande en moyenne 5,3 ares de moins par JB par rapport aux autres génétiques. « A l’échelle d’un système, l’utilisation du croisement avec des rations herbagères permet une production plus efficiente avec des rotations plus rapides et une moindre utilisation de surfaces. Cela peut aider à avoir plus de vêlages, où à sécuriser un système fourrager pour être plus résistant à la sécheresse par exemple, ou à implanter d’autres cultures. C’est aussi un moyen de répondre aux questions sociétales qui tournent autour de l’élevage. En réduisant la durée de l’engraissement, on limite l’empreinte carbone de la viande, et chercher à engraisser sur place des animaux permet aussi de s’affranchir de tout ce qui tourne autour du transport », conclut Philippe Dimon.