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Reportage chez Marie Bils, éleveuse (76)

En race pure ou croisé, l’Angus a trouvé sa place auprès des Limousines


TNC le 03/09/2021 à 06:02
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À Rebets, en Seine Maritime, Marie Bils a fait le choix d'introduire de l'Angus sur son exploitation en Limousines. Croisements, vente directe, croissance rapide et valorisation de l'herbe... L'intégration d'une nouvelle race ouvre beaucoup de possibilité sur l'exploitation.

En plus de ses 140 mères Limousines, Marie Bils a fait le choix d’introduire l’Angus sur son troupeau. 5 génisses pleines Red Angus (marron pour ne pas trop jurer avec les Limousines) sont arrivées d’Allemagne en 2014. Le troupeau s’est encore agrandi en 2018, toujours avec de l’Angus, mais du Black cette fois. L’exploitation compte aujourd’hui 40 Angus. « Mon frère, grand amateur de viande me tannait pour avoir de l’Angus sur la ferme alors je me suis dit, quitte à en faire venir d’Allemagne, autant en prendre plusieurs, surtout que j’avais de la demande en vente directe pour ce type de produit ».

Marie Bils a acheté deux taureaux Angus : un Black, Perroquet, et un Red venu d’Irlande. « J’ai essayé l’IA sur les Red, mais il y avait très peu de choix de doses, et sur cinq vaches inséminées, seule une a pris donc j’ai acheté un taureau pour ne pas perdre de temps. J’ai fait de même en 2018 lorsque les Blacks sont arrivés. » Aujourd’hui, l’éleveuse est obligée de croiser les Black et les Red pour éviter la consanguinité, mais c’est à contre cœur. Les taureaux Red Angus sont difficiles à trouver, et l’allèle Black est dominant. « J’aimerais garder la couleur, d’autant plus que je trouve les Red plus mixtes viandes. Les Blacks sont plus grandes au garrot mais je trouve qu’elles portent moins de viande ».

Moins de viande mais plus de goût

Pour l’éleveuse, l’Angus est robuste et valorise très bien l’herbe. Si toutes les Limousines sont rentrées l’hiver, les Angus sont parfois au pâturage avec un abri et du fourrage : leur état ne se dégrade pas pour autant. « Avec l’Angus, je gagne une bonne vingtaine de jours de finition. Si je compte 100 jours en Limousine, deux mois et demi suffisent en Angus. Après, on n’obtient pas les mêmes bêtes qu’en Limousines. Il ne faut pas demander à une Angus de faire de la viande. Souvent les carcasses ressortent en O+ voire R- mais pas mieux. Il faut faire attention, ce sont des bêtes qui prennent vite en graisse, on obtient souvent une note d’état corporel de 3, voire 4. C’est aussi ce qui fait le persillé ».

Je croise les génisses Limousines avec des taureaux Angus

La jeune éleveuse croise ses génisses Limousines avec des taureaux Angus. « Cela permet d’avoir des vêlages faciles. La Limousine a déjà une bonne facilité de vêlage, alors en croisant avec les Angus, j’obtiens des veaux d’une trentaine de kilos. J’abîme moins mes génisses et elles reprennent plus vite ».

Elle n’a pas de difficulté à écouler sa production. Les femelles croisées partent pour la vente directe, et les mâles partent chez un engraisseur. Pour ce qui est du pur Angus, les mâles trouvent preneurs pour la reproduction. « Je n’ai pas de mal à les vendre. On voit de plus en plus de laitiers faire des vêlages avec des Angus, en Jersiaise par exemple pour ne pas trop abîmer les vaches ». L’éleveuse, passionnée de génétique attend avec impatience le développement du Herd Book Angus en France. Si tous les animaux sont inscrits au Herd Book de leur pays, les Herd Book français se développent petit à petit : « nous allons maintenant pouvoir envoyer des pesées » explique Marie Bils. 

Un atout pour la vente directe

En effet, si la Limousine dispose de bonnes qualité bouchères, le croisement Angus permet d’apporter du persillé à la viande. « Je passe environ une Angus pure par trimestre au magasin, et certains clients viennent pour l’Angus. La race est de plus en plus connue, j’avais peur qu’en voyant les Black Angus en pâture, certains croient que je me lance dans des croisements Holstein ! Mais les gens commencent à connaître ». En 2020, 38 vaches de 8 ans ont été écoulées en vente directe toutes races confondues, et 29 veaux de 8 mois.

L’éleveuse dispose maintenant d’un point de vente sur l’exploitation où elle effectue des ventes les mercredis et samedis des semaines paires. Elle fournit également une épicerie sur Paris ainsi qu’un traiteur de l’Essonne via Chronofresh. Depuis un mois, un distributeur sur la commune lui permet d’écouler les invendus.